Jour 9 : Lourd
Je crois que le carnet se venge.
Depuis l’épisode du pigeon, il n’a pas quitté ma table basse. Impossible de le déplacer. Je ne comprends pas… Ce matin, j’ai voulu le ranger dans un tiroir, mais il pesait une tonne. Littéralement.
Je n’exagère pas : quand j’ai essayé de le soulever, mes bras ont tremblé comme si je portais une valise pleine de briques. J’ai dû m’y reprendre à deux fois, et à chaque tentative, le carnet semblait plus… lourd. Comme si plus j’y résistais, plus il s’alourdissait.
J’ai paniqué. J’ai voulu le pousser du pied, mais même ça, rien à faire. Alors j’ai fait la seule chose qui me semblait logique : j’ai écrit dedans.
Une phrase, courte, comme une prière :
“Allège-toi.”
Le carnet a vibré sous ma main. Et d’un coup, il est redevenu normal. Léger.
Mais quand je l’ai ouvert, j’ai trouvé une phrase ajoutée en bas de la page, une phrase qui n’était pas de moi :
“Ton fardeau ne fait que commencer.”
Je n’arrive plus à rire. J’ai l’impression qu’à chaque mot, à chaque page, le carnet me pèse un peu plus sur la poitrine. Comme si c’était moi qu’il voulait alourdir, jusqu’à m’écraser.

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