Ce soir, j’ai pris une décision radicale : me débarrasser du carnet. J’en peux plus. De ses phrases qui apparaissent toutes seules. De son poids qui change. De ses avertissements moqueurs.Alors je l’ai glissé dans un sac plastique, bien fermé, et je suis sorti.
Dans la rue, je me sentais ridicule, mais libre. J’ai marché jusqu’à la benne à ordures derrière l’immeuble, et d’un geste ferme, j’ai balancé le sac. Ça y est, terminé. Plus de carnet.
En rentrant, j’ai ressenti un soulagement immense. Pour la première fois depuis des jours, j’ai cru que tout allait s’arrêter.Mais quand j’ai ouvert la porte de mon appartement… le carnet m’attendait, posé bien au centre de ma table basse.
J’ai reculé, glacé. Mon cœur battait si fort que j’avais mal aux côtes. Et c’est là que je l’ai senti : une brûlure sur ma main droite.En la regardant de plus près, j’ai découvert une petite marque rouge, comme une piqûre. Piqure d’insecte, ou d’aiguille.Juste au creux de ma paume. Exactement là où je tiens mon stylo.
La douleur s’intensifie. Et quand je fixe la marque trop longtemps… j’ai l’impression que quelque chose bouge sous ma peau.