Jour 12 : Déchiré
Cette fois, j’ai voulu l’anéantir.Le carnet.Je me suis dit : s’il peut revenir de la benne, il ne résistera pas à mes mains. Alors j’ai attrapé la couverture et j’ai tiré.
Mais impossible. Le papier se tendait, résistait comme une peau. J’ai forcé encore, et finalement, une page a cédé dans un bruit sec.J’ai cru avoir gagné.Sauf que la douleur est venue aussitôt.
Ma paume — celle avec la marque de piqûre — s’est ouverte, nette, comme si elle avait été déchirée de l’intérieur.Le sang a coulé, goutte à goutte, sur les pages du carnet. Et là, horreur absolue : les mots ont commencé à se former tout seuls avec mon sang.Une phrase, en lettres rouges, bien nettes :“Tout ce que tu déchires en moi, je le déchire en toi.”
J’ai lâché le carnet, tremblant, le souffle court. Mais les lettres continuaient à s’écrire toutes seules, comme si ma main invisible traçait encore.J’ai refermé le carnet d’un geste, et l’ai jeté à l’autre bout de la pièce.
Il est tombé lourdement, couvert de sang… et quand je me suis approché, la page que j’avais déchirée avait disparu. Comme si elle n’avait jamais existé.En revanche, dans ma paume, la plaie est restée béante.

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