Jour 15 : En lambeaux
Cette nuit, j’ai rêvé que je n’étais plus qu’un pantin.
Ma peau se déchirait comme du tissu trop usé, pendait par morceaux, et mes bras se détachaient en lambeaux. Je criais, mais aucun son ne sortait de ma gorge : seulement un souffle râpeux, comme si mes cordes vocales elles aussi s’effilochaient.
Dans le rêve, le carnet était là. Il tournait ses propres pages tout seul, chaque feuille tombant en morceaux comme du vieux papier brûlé. Et à mesure qu’il s’effritait, c’est moi qui me désagrégeais. Il me répétait, sans écrire, juste en murmurant dans ma tête : “Tu n’es rien sans moi. Tu n’es que papier.” Je me suis réveillé en sursaut, trempé de sueur.
Le cœur battant à m’en briser la poitrine. J’ai regardé mes mains pour me rassurer.
Et là… Sous mes yeux, la peau de mes doigts s’écaillait.
De minuscules fragments tombaient sur les draps, comme si j’étais vraiment en train de me désintégrer. Je me suis levé d’un bond, secouant mes mains, paniqué. Les morceaux se détachaient toujours, de plus en plus vite, comme des cendres qu’on disperse au vent. Je hurlais, je voulais fuir, mais mes jambes flanchaient déjà, elles aussi en train de se défaire.
Et puis… silence. Je suis de nouveau dans mon lit. Entier. Tremblant. En sueur. Je regarde mes mains. Elles sont là. Mais au bout de mes doigts… je crois voir encore un peu de poussière, noire, prête à tomber.

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