Jour 23 : Luciole
Cette nuit, quelque chose a changé dans l’appartement.
Ce n’est pas le froid, ni les fils noirs… c’est la lumière.
Quand j’ai ouvert les yeux, il y avait de petites lumières flottant au-dessus de mon lit. Des points jaunes, ronds, doux — comme des lucioles. Des dizaines d’entre elles dansaient dans l’air, tournoyaient lentement, presque avec grâce.
Pendant quelques secondes, j’ai cru rêver.
C’était… beau.
Beau d’une manière que je n’avais pas ressentie depuis longtemps. Une beauté trompeuse, comme un sourire avant un coup de couteau.
Les lucioles ont commencé à se rassembler en une ligne. Un chemin lumineux traversait le couloir jusqu’au salon. J’ai suivi. Sans réfléchir. Pieds nus sur le parquet glacé.
Au centre de la pièce, sur la table basse, le carnet m’attendait.
Mais ce soir, il était ouvert — et les lucioles entraient une à une dans ses pages. Comme des insectes happés par une bouche invisible.
Sur le papier, chaque luciole s’éteignait dans un petit pouf discret, laissant derrière elle une petite tache d’encre jaune. Ces taches formaient des lignes, des spirales, un dessin qui semblait bouger quand je clignais des yeux.
Puis, une phrase est apparue, tracée par la lumière :
“On t’observe, Enzo.”
Et à la toute dernière luciole, celle qui flottait juste devant mon nez…
elle a clignoté deux fois.
Comme un clin d’œil.
Je me suis réveillé ce matin persuadé d’avoir rêvé.
Sauf qu’en me levant, j’ai marché sur une petite tache collante jaune au pied du canapé.
Et elle brillait encore, faiblement.

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