Je crois que le carnet a décidé de devenir… bruyant. Très bruyant.

Il était 3 h 12 du matin quand j’ai été tiré du sommeil par un BANG. Puis un CLAC. Puis un BOUM qui a fait trembler ma lampe de chevet.
Mon premier réflexe : hurler intérieurement que mes voisins faisaient encore une soirée.
Sauf que le vacarme venait… de chez moi.

La cuisine résonnait comme une fanfare en grève : tiroirs qui claquent, assiettes qui s’entrechoquent, verres qui tintent comme des grelots hystériques.
Quand j’ai allumé la lumière, la cafetière était en train de danser. Littéralement. Elle sautillait sur le plan de travail au rythme d’une musique que je ne pouvais pas entendre.

Et au milieu de ce cirque, trônait le carnet, ouvert en grand, posé sur la table.
Des mots apparaissaient dessus en lettres capitales, comme un animateur de foire surexcité :

“ENZOOOOO RÉVEILLE-TOI !”
“TU NE M’ÉCOUTES PLUS !”
“C’EST MAAA FÊTE !”

Des petites moustaches dessinées ornaient les bords de la page, comme des cotillons ridicules.
J’ai hurlé “TA GUEULE !” avant de me rendre compte que je parlais à un objet.

Alors, tout s’est arrêté. Un silence brutal, comme si quelqu’un avait coupé le son du monde.
Puis… le livre a émis un “TAP” sec. Un unique bruit, minuscule, mais tellement fort dans ce silence que j’en ai sursauté comme un idiot.

Et juste en dessous de la dernière ligne, une nouvelle phrase s’est tracée lentement :
“Ne me fais pas taire.”

Ce matin, aucun bruit. Tout est à sa place.
Mais toutes les casseroles sont… retournées. Alignées en cercle autour de la table. Comme si elles avaient obéi à un chef d’orchestre invisible.