Jour 26 : Déroutant
Je crois que je ne sais plus où je suis.
Ou plutôt… je sais trop bien. Et c’est justement ça, le problème.
Ce matin, j’ai quitté mon appartement pour “prendre l’air”.
Sauf que, trois rues plus loin, je me suis retrouvé… dans ma cuisine.
Même carrelage, même cafetière (toujours fâchée, visiblement), même tasse sale dans l’évier.
La seule différence ? Dehors, derrière la fenêtre, il neigeait. En octobre. Et les flocons avaient
la forme de moustaches minuscules.
J’ai voulu ressortir.
La porte d’entrée donnait maintenant sur le couloir de mon immeuble, mais tordu, étiré, avec
les boîtes aux lettres suspendues au plafond.
Un voisin m’a salué — il avait mon visage, sauf qu’il souriait.
Et, évidemment, il portait une moustache.
Je crois que j’ai ri. Ou pleuré. Je ne sais plus.
À chaque tournant, je revenais toujours à la même pièce : mon salon.
Mais à chaque fois, un détail changeait :
— Une chaise de plus.
— Le carnet posé ailleurs.
— Un tableau au mur, représentant un cerf qui me fixait.
Quand j’ai ouvert le carnet, il affichait une carte.
Une carte dessinée grossièrement… de mon appartement.
Sauf qu’au centre, là où se trouvait normalement le canapé, un mot était inscrit en lettres
capitales :
“SORTIE.”
J’ai regardé autour de moi.
Le canapé était vide.
Mais les coussins s’ouvraient lentement, comme une bouche prête à avaler quelque chose.
J’ai fermé le carnet, doucement.
Et là, le silence.
Un vrai, total.
Comme si tout attendait que je choisisse.

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