Jour 28 — Squelettique
Je ne dors plus. Je ne mange plus.
Je crois même que je ne pèse plus rien.
Ce matin, en passant devant le miroir, j’ai vu… à travers moi.
Pas une métaphore, non : littéralement à travers.
Mon torse devenait translucide, mes doigts maigres laissaient deviner les os dessous.
Je me suis approché, fasciné et terrifié, et c’est là que j’ai compris :
ce n’était pas un miroir.
C’était une radio.
Une radiographie grandeur nature, projetée dans l’air de mon salon.
Et derrière mon squelette, quelque chose bougeait.
Une silhouette.
Mince, nerveuse, avec une moustache beaucoup trop grande pour être humaine.
Elle posait sa main sur mon épaule osseuse, et j’ai senti la caresse glaciale traverser mon propre corps.
Puis, sur le carnet posé à mes pieds, s’est inscrite une phrase :
“Rien ne se perd. Tout se décharne.”
J’ai éclaté de rire.
Un rire creux, sec, presque musical.
Je crois que mes côtes faisaient office de xylophone.
Quand j’ai relevé les yeux, il n’y avait plus personne.
Seulement mes os, soigneusement empilés sur le canapé, formant la silhouette d’un homme… qui me faisait coucou.

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