Chapitre 01 : The last day of Everything

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L'esprit de Miles revint au présent de sa salle de bain.

Il était dans cette zone grise d'une relation qui était morte après de longues années. Il avait choisi de couper les liens de manière permanente, car il ne voyait pas garder un semblant de contact avec Lily. Ces sentiments étaient lointains, un peu comme s'il était dans un brouillard gris épais.

Ce n'était pas douloureux, mais étranger. Un peu comme si la réalité de son esprit était plus rapide que la réalité de ses sentiments. Cela faisait quelques mois depuis la séparation et son déménagement dans ce nouvel appartement.

La mère de Sarah travaillait dans une agence immobilière. Pourtant, le temps qu'il avait passé avec Sarah chez elle l'avait beaucoup aidé. Entre soirée navet et discussion philosophique sur la régression intellectuelle de YouTube et des séries de télévision en général.

Il ne s'était pas rendu compte, mais la compagnie de Sarah a complètement éclipsé la peine qu'il avait ressentie de la trahison de Lily. C'étaient des amies inséparables depuis l'école maternelle, mais Sarah était aussi la sœur qu'il n'avait pas eue. Il était enfant unique comme Sarah, mais ils étaient ensemble, une famille avec des liens très forts. Ils étaient complices, mais aussi plus que ça. Il ne voyait pas sa vie sans la présence de Sarah. Pour eux, leurs futurs enfants seraient aussi de meilleurs amis.

En tout cas, il se sentait à son aise avec Sarah, même s'il cherchait un appartement, il était relativement limité par ses faibles moyens financiers. Mais il y travaillait, il postulait et qui sait peut-être qu'un meilleur travail qui paierait mieux serait à sa portée. Il en parlait souvent.

Avec Sarah, mais qui lui disait qu'il était bien ici et qu'elle ne le laisserait pas seul pour l'instant et que ce n'était pas négociable. Jours après jours, le souvenir de Lily se faisait plus distant. En tout cas, il ne faisait pas d'effort pour la garder à l'esprit.

Un jour, pendant qu'il dînait avec Sarah et sa mère. Celle-ci lui annonçait qu'elle avait trouvé un joli appartement F3 en très bon état, donc le loyer était en dessous du marché. Elle lui avait expliqué qu'elle avait collaboré avec le propriétaire de ce logement qui avait investi dans quelques appartements. Elle avait négocié le loyer à la baisse pour un bail de trois ans.

Sophie, la mère de Sarah, avait commencé à chercher un lieu de vie pour Miles alors que celui-ci ne voulait pas la déranger. C'était vrai qu'elle le connaissait parfaitement et savait qu'il n'aimait pas déranger et demande de l'aide. En plus, Sarah lui avait certainement parlé de Lily, mais Sophie ne l'avait pas mentionnée. Elle décrivait l'appartement et Miles se sentait déjà chez lui.

Sarah était un peu triste, mais elle savait que Miles avait besoin de son espace à lui. Elle était célibataire pour le moment, alors ce n'était pas un problème, mais elle savait aussi que sa relation avec Miles dérangeait, car même leurs amis ne pouvaient réellement comprendre. Ils étaient deux, mais ne formaient qu'une seule entité. C'était leur secret et l'étrangeté des relations humaines. Beaucoup de personnes couraient après quelque chose d'analogue, néanmoins pour Sarah et Miles, c'était une évidence, une bizarrerie du cosmos.

Un peu comme si leurs âmes étaient jumelles, une dans un corps d'homme et l'autre dans un corps de femme. La forme était différente, mais le fond était le même. Ils étaient en harmonie, mais sans qu'il y ait d'amour entre eux autre qu'un fort sentiment fraternel et une appartenance au-delà des gènes et du milieu social.

C'était pour tout cela que Sarah était aussi heureuse pour Miles, car il avait survécu à Lily sans pleurs, sans réactions dramatiques. Elle aurait ramassé Miles à la petite cuillère mille fois et si celle-ci ne suffisait pas, elle prendrait une pelleteuse de dix tonnes. Mais elle ne voulait pas le voir faible, puisqu'elle savait que Miles cachait une force étrange et que quelque chose dormait dans son esprit.

C'était ce qu'elle avait vu le jour de son agression et au contraire de leurs anciens amis. Sarah n'avait pas fui Miles, mais elle avait compris un peu la souffrance et le monstre qui était logé dans son cœur. Elle n'en parlait pas avec lui, car il n'en avait pas fait ouvertement le désir, alors elle attendait qu'il fasse le premier pas. Et s'il ne le faisait pas, ainsi, ça ne serait pas grave puisqu'elle l'épaulerait d'une manière ou d'une autre. C'était aussi pour ça qu'elle détestait Lily, parce qu'elle avait des doutes sur la santé mentale de Miles quand elle avait entendu parler de l'accident.

Sarah avait défendu Miles, car il n'était pas là pour le faire. Elle était soulagée que Miles ne soit plus avec cette garce/pute/poubelle. Il trouverait bien mieux un jour une belle jeune femme qui sera fidèle, sincère et qui aura son aval pour rendre heureux Miles. C'était une évidence pour elle, c'était ce genre de femmes qui lui conviendrait. Sarah savait qu'il pourrait se débrouiller, c'était plus fort qu'elle, comme un instinct mystérieux venu du fond des âges. Elle était là pour lui tout simplement aussi longtemps qu'elle serait en vie. Sans se poser de question sur la légitimité ou non.

Puis les semaines passèrent avec le déménagement. Sarah avait aidé Miles tout le long. Elle était heureuse, mais aussi triste. Les semaines passées avec lui avaient rappelé leur jeunesse ainsi qu'un doux sentiment de nostalgie pesait sur son cœur. Elle avait le sentiment d'avoir un tableau merveilleux devant elle. Ce tableau montrait un paysage du passé en ruine, mais dont le temps qui s'écoulait inlassablement l'avait rendu encore plus beau. On pouvait y voir des touches de couleurs sobres ici et là. On pouvait y ressentir la nostalgie d'une époque révolue.

Dont le souvenir ne mourrait pas avec le passage du temps. C'était une résolution magique que le temps n'effaçait pas. Elle était juste la présente a jamais dans les sombres recoins d'une réalité figée dans un cristal d'ambre. On ne voyait que le reflet, car son essence était inaccessible.

Elle était gardée jalousement au fin fond d'une dimension qui échappait à nos sens et à notre logique. On ne sentait que ce doux écho qui appelait d'anciens souvenirs qui remontaient dans le flot tumultueux de nos vies. Pour certains, c'était un cauchemar sans fin, pour d'autres, une félicité douce et harmonieuse. Pour certains, c'était un purgatoire qui gardait tous.

Un peu comme une promesse qui ne pouvait être brisée. Sarah sentait une douce chaleur pendant ce temps passé avec Miles. Elle se rappelait l'insouciance de leurs enfances. C'était pour ça qu'elle avait perdu. Néanmoins, C'était une nécessité de survie. Sarah le savait, mais elle avait réellement apprécié ces discussions avec Miles en regardant des navets du cinéma.

Sarah savait qu'elle était bête d'être triste, car elle pouvait voir Miles autant qu'elle le voulait et lui aussi irait lui rendre visite autant que possible. Elle ne pouvait pas l'expliquer, mais une ombre noire s'était imposée sur son cœur et elle avait peur. C'était étrange, toutefois elle avait peur de perdre Miles. Un peu comme s'il serait hors de sa portée et qu'il serait englouti par des ténèbres dont on ne pouvait pas revenir. Ce sentiment de perte la rongée de l'intérieur, mais elle savait que c'était idiot et surement dû au déménagement.

Elle détestait cela. Elle voulait garder les personnes les plus chères à son cœur près d'elle. Elle voulait les aider, mais aussi les protéger des autres et d'eux-mêmes aussi. Peu importe sa souffrance, elle voulait tous les protéger pour toujours. C'était un sentiment de l'enfance qu'elle avait gardé précieusement dans son âme d'adulte. C'était son jardin secret que seuls quelques élus connaissaient. Elle savait aussi que c'était pour ça qu'elle appréciait Miles, car une fois, elle lui en avait parlé. Elle l'avait fait parce qu'il avait partagé tant de lui avec elle.

Elle savait qu'il comprendrait, puisqu'il était pareil au fond. Sarah était une protectrice dans l'âme. Elle était comme le guerrier qui protège les autres envers et contre tout. Elle était le rempart qui supportait le vent encore et encore. Elle ne pouvait pas se briser, en tout cas pas avant tout ceux qu'elle devait protéger. C'était la force qu'elle ressentait en elle, sa raison d'être qu'elle avait découverte, pourtant elle avait continué de suivre cette voie. C'était l'essence de Sarah et sa vertu la plus chère à son cœur.

Grâce à cela, elle avait toujours le cap, même si son entourage trouvait cela détestable, car elle donnait l'impression d'être un personnage de fiction au sourire inébranlable. Ce n'était pas vrai, elle souffrait énormément, mais au lieu de s'apitoyer sur son sort ou de pleurer sur l'épaule de quelqu'un, elle souffrait en silence. Elle se disait que d'autres avant elle avaient souffert de la même façon.

D'autres avaient parcouru son chemin avec bravoure.

Tout le monde souffrait, mais c'était notre devoir d'être plus fort que la souffrance. C'était notre héritage et notre fierté envers ceux qui avaient perdu la vie, mais pas leur bravoure. Elle puisait à chaque fois dans cette force que les autres avaient laissée en héritage, alors, elle souriait envers et contre tout.

C'était son credo, ainsi, un jour après sa mort, elle n'aurait pas à avoir honte envers ceux qui l'avaient épaulé durant toute sa vie. C'était le courage de vivre tout simplement. Ce même courage qui était là avant elle et serait là après son passage sur cette terre. Le sentiment de nostalgie était présent les derniers jours du déménagement. Ils étaient accompagnés par la bande de copains et firent un repas ensemble pour fêter le premier jour dans ce nouveau lieu de vie. C'était une bonne soirée, tout le monde était fatigué, mais le moral était au plus haut, entre mauvaise blague, one-man-show improvisée et discussion des derniers films sortie au cinéma, tout le monde rentrait chez lui à part Sarah.

Le sentiment de nostalgie était présent les derniers jours du déménagement. Ils étaient accompagnés par la bande de copains et firent un repas ensemble pour fêter le premier jour dans ce nouveau lieu de vie. C'était une bonne soirée, tout le monde était fatigué, mais le moral était au plus haut, entre mauvaise blague, one-man-show improvisée et discussion des derniers films sortie au cinéma, tout le monde rentrait chez lui à part Sarah. Elle était trop fatiguée pour conduire et, en plus, elle voulait dormir ici. Il avait monté le lit pour elle et elle se contentait du canapé, car son lit était un lit banquette d'une place qu'il avait eue pas cher sur Leboncoin.

En pin massif avec un sommier allemand de qualité en latte de bois souple et réglable. Le tout avec un matelas à mémoire de forme de bonne facture qui était doux et moelleux. Après cela, ils regardèrent un film de science-fiction sur un homme dans l'espace pour un voyage vers un nuage de matière gazeuse qui était apparu mystérieusement quatre ans auparavant.

L'astronaute en question avait des problèmes de couples avec sa femme enceinte, ensuite vers la moitie de son voyage vers ce nuage, il avait la rencontre avec une sorte d'alien à l'apparence d'une araignée géante. Les deux se lièrent d'amitié, car l'humain était seul et triste et l'alien était le dernier survivant de son espèce. Il avait senti la détresse de l'humain et l'avait aidé à comprendre pourquoi sa relation ne fonctionnait plus.

À la fin du film, des larmes silencieuses coulèrent le long des joues de Sarah, alors Miles lui demandait si ça allait à sa manière :

— Ça fait un moment que tu n'as pas pleuré, on dirait.

— Oui, je sais, imbécile, c'est le déménagement et tout le reste. Tu sais que je déteste voir les personnes que j'aime partir.

— Oui, je sais Sarah, la vie est tellement étrange, elle nous ballote à droite et à gauche, d'autre fois, elle nous catapulte sans rien dire contre des roches ou dans le vide. On se blesse, on guérit et on reprend le chemin en sachant qu'on va se blesser un jour. Pourtant, on se relève, car on le doit autant pour soi que pour les autres. C'est la vie humaine comme on la connait ou bien c'est comme si on ne connaissait pas autre chose que ça.

— C'est vrai, on se fait balafrer, on souffre et on recommence comme on a l'espoir que demain sera un jour meilleur ou bien moins mauvais. Certaines personnes ne sont pas assez fortes pour le voyage, alors la route les engloutit.

On ne voit presque rien de leur passage à part le reste de leurs affaires et leurs relations avec les autres ainsi que le souvenir. C'est beau et en même temps triste et terrible en sachant que notre passage sur terre ne tient à quasiment rien. Un écho qui sera le temps où l'on a été présent un jour. Ce même écho s'écoulera au fil du temps pour disparaitre un jour. Un jour, la route sera comme elle l'était toujours. Elle sera vide du passage des autres.

— Pourtant on continue de suivre la route parce qu'on ne voit pas d'autre chemin ? finalement, on est surement une espèce d'idiot qui croit en l'espoir de quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes.

— Oui, on est vraiment une espèce d'imbécile qui se relève encore et contre tout. Je sais que la route est dure, mais elle est belle, car on a tant à voir, tant de paysages à caresser du regard pour peu qu'on la regarde.

— C'est vrai, tellement de personnes passent leurs vies sans complètement voir. C'est un peu comme si on nous montrait le tableau d'un grand maitre et qu'on regardait une affiche d'abris de bus par préférence. Quelle sottise de passer à côté de tant de beauté pour le superficiel. On doit se contenter d'immense richesse bases sur des mensonges et de l'artificiel alors qu'un seul de ces tableaux à la valeur d'un million d'images factices.

On préfère se mentir et suivre des choses auxquelles on ne croit pas, au lieu de se battre pour sa vérité, celle qui brule comme le fait le soleil.

Depuis longtemps et à jamais.

— Tu fais partie d'une espèce d'idiot extraterrestre qui croit en la vérité, celle de l'âme et surtout, tu ne changeras pas d'avis même si ta vie était en jeu ?

— Non. Il vaut mieux mourir avec ceux que l'on croit que périr pour un mensonge. Je sais pourquoi tu pleures, Sarah, alors pleure aussi pour moi, s'il te plaît, car même si les larmes ne viennent pas, je pleure avec toi. Quand tu souffres, je souffre aussi, donc tu sais que tu pourras compter sur moi, un peu comme la lune qui brille dans le ciel depuis l'aube des temps.

— Oui, je sais, Miles, je pleure aussi pour toi et pour ceux qui ne le peuvent pas.

À ces mots, Miles mettait la tête de Sarah sur son épaule, non pas pour la réconforter, car il savait qu'elle avait juste besoin de sa présence et que tout irait bien.

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