Chapitre 1

2 minutes de lecture

Par une étrange coïncidence, le regard d’Iléana fut attiré par un des petits bodies pour bébé qui était suspendu dans la vitrine d’une boutique.

SAMUEL

C’était le prénom gravé en lettres sombres sur le tissu immaculé. Un banal prénom pour n’importe qui, mais pas pour Iléana qui s’était levée la veille avec ce prénom dans la tête et sans qu’elle ne sache pourquoi. Toute la journée, cette pensée lancinante lui avait martelé l’esprit comme le marteau d’un forgeron qui tape sur une enclume.

Samuel… Samuel… mais qui était donc ce Samuel ?

Elle souffla d’exaspération et s’efforça de se convaincre que tout cela était ridicule. Sur le parvis de l’église, quelques pigeons se disputaient un quignon de pain qui finit par dégringoler les marches en pierre.

Et si elle s’était levée la veille avec ce prénom en tête, c’était peut-être tout simplement qu’elle en avait rêvé. Ensuite à la manière d’une mélodie qui vous trotte dans la tête, ce prénom par sa sonorité particulière, s’était obstiné à ne plus vouloir quitter son esprit. Et par le plus grand des hasards, son regard s’était accroché sur quelques lettres qui trônaient dans la vitrine. Comment aurait-elle fait pour ne pas les remarquer puisqu’elle y avait pensé toute la journée…

Voilà, il n’y avait rien d’extraordinaire. Elle était rassérénée.

Enfin, elle voulait s’en convaincre.

Iléana accéléra alors le pas dans la petite ruelle pavée qui débouchait sur la place de la Fontaine Saint-Raumer, là où d’antiques platanes et de jeunes marronniers à l’écorce rosâtre promenaient leur ombre frémissante. Adossée au kiosque à musique, la fontaine qui ressemblait davantage à un bloc schisteux grossièrement arrondi qu’à une construction entretenue, laissait s’écouler un mince filet d’eau fraîche entre certaines de ses pierres disjointes.

On raconte qu’un ermite devenu ensuite moine à l’abbaye de Beauport y avait planté son bâton : le brave homme, accomplissant des miracles, fut canonisé et l’eau de cette fontaine s’avéra guérir toutes sortes de fièvres.

Iléana y fit une halte brusque, se désaltéra et repartit aussi vite, craignant de rater son bus.

Le soir, rentrée chez elle, Iléana se plongea dans un de ses romans préférés, Madame Bovary de Flaubert et elle ne pensa plus à aucun instant à ce Samuel.

Pelotonnée sous sa couette, le livre de poche à la main, ses yeux glissaient le long des phrases avec douceur et elle sombra vite dans le sommeil.

Mais avant qu’elle éteignît sa lampe de chevet et que ses paupières se ferment, elle eut une étrange impression. L’air de sa chambre sous les combles lui parut brusquement s’épaissir comme si la pression de l’air avait subitement changé et une douce chaleur lui effleura le visage.

Surprise, et presque inquiète, elle se redressa dans le lit, ce qui fut inutile, car elle ne s’expliqua pas ce qu’elle avait ressenti.

Vingt-deux heures vingt-deux en chiffres rouges se projettait sur le plafond. Il était tard et elle songea qu’elle avait sans doute rêvé.

Elle se replongea sous la couette et n’y pensa plus. Tout du moins, elle s’y évertua, et très vite, elle s’endormit.

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