Chapitre 26- Quiproquo

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Humbeline était très embêtée de ne pas avoir terminé le livre, elle en fut tracassée tout le long de la réunion lorsque Philémon était passé au chose sérieuse :

— Écoutez ma sœur… Je…

Il n’avait pas les mots pour s’exprimer et reprit la discutions, d’un air sérieux.

— Cela fait depuis quelques jours que nous écroulons sous des dettes… Le toit nous a beaucoup coûté et nous sommes encore en hiver… J’ai bien peur qu'à la fois du mois, nous n’aurions plus rien à vendre… Je… je ne vois pas d’autre choix que de disperser mes frères dans d'autre monastères et fermer le notre…

La jeune sœur en fut toute bouleversée et comprit son inquiétude.

— Je suis sûre que le père Théophane vous aidera.

Il avait soupiré en se massant entre les sourcils.

— Cela fait depuis combien de jours que vous n’avez pas vu le père ?

— Sept semaines…

Le prêtre était très inquiet qu’il se soit arrivé quelque chose au père… Malheureusement, ils allaient bientôt entrés au mois de février et les baguettes avaient beaucoup diminué dans la boulangerie…

— Continuions de prier…

— Oui mon père, c’est avec nos prières que Dieu nous entendra… Pourvu qu’il aille bien…

— Je l’espère aussi…

Soudainement, le petit moine était tout rouge, lorsque la lettre de la jeune sœur était tombée au sol. Curieuse, elle l’avait ramassée et avait remarqué qu’il avait lu. Elle rit, très gênée, que ce jeune moine avait lu sa vie privée.

— Oh je vois… Vous avez pas pu vous en empêcher…

— Je m’en excuse profondément ma sœur… Je, j’étais juste curieux de votre rencontre avec le père Théophane… Je, je suis désolé… Je comprendrais parfaitement si vous m’en voulez…

— Non non mon père, ce n’est rien, je, je suis heureuse que quelqu’un ait lu ce que j’ai vécu.

Il avait souri, en restant tout de même embarrassé.

— Je vous soutiens beaucoup, parce que j’ai eu le même problème…

Humbeline fut à son tour, intéressée par son histoire.

— Moi aussi, j’étais amoureux avant de rentrer au monastère, puis-je vous partager quelque chose de personnel ?

Timide, la sœur avait tiré les manches vers elle et avait hoché la tête.

— C’est une grâce que le Seigneur m’a accordé, mais je n’arrive toujours pas à croire ! Je le rends grâce car il m’a enlevé l’amour que j’éprouvais pour Coline.

Stupéfaite, elle fit un petit « oh » de sa bouche et s’était réjouie pour le prêtre.

— J’ai trouvé cela très dur d’aimer, en même temps, une personne, lorsque j’ai cheminé avec le Seigneur… Pas vous ?

Sœur Humbeline avait soupiré et l’avait compati.

— On est deux à se comprendre, c’est le principal, ria nerveusement le prêtre.

Elle avait hoché la tête.

— Je rends grâce au père Théophane de vous avoir rencontré. Vous devez beaucoup comptée pour lui ma sœur.

Gênée d’avoir entendu cela, elle l’avait remercié en disant que lui aussi compté beaucoup pour lui, mais le père Philémon avait éprouvé le contraire.

— Non ma sœur, il a du y avoir quelque chose en vous que le père Théophane a vu. Je suis heureux que ça soit vous qui puisse le voir. Je vous rends aussi grâce d’avoir accepté cette mission. Grâce à vous, nous allons bientôt pouvoir le béatifier, et merci, merci beaucoup pour tout ce que vous faites.

Le père Philémon jouait un peu avec ses émotions pour savoir si elle allait accepter qu’elle était une bonne et merveilleuse personne. Il désirait que cette sœur soit elle-même, et non plus cette jeune femme qui avait été forcée de faire les choses dans son ancienne vie. Il voulait la voir plus épanouit et plus vivifiante avec le Seigneur. Cette fois ci, elle avait cessé de tirer sur ses manches et fut heureuse d’entendre tous ces compliments. Puis, il avait soupiré avant de reprendre la parole :

— J’ai bien peur que d’ici quelques jours, vous allez devoir tous partir… Je songe même à ne plus faire venir de retraitants avant que les choses ne redeviennent normal.

— Vous avez raison mon père, je sais que vous vous sacrifiez pour nous. C’est à notre tour de vous aider en partant d’ici.

Il avait remué la tête de haut en bas pour la remercier du soutien qu’elle lui apportait.

— Et sinon, tout se passe bien avec votre sœur ?

— Oh oui mon père, cela faisait si longtemps que je ne l’avais pas vue, vous n’imaginez pas à quel point cela me fait plaisir que le Seigneur ait changé son âme… Je n’arrive toujours pas à y croire.

— Pardon de rentrer dans votre intimité, mais votre mère ? Est-ce-que… Vous êtes toujours en état de choque ? demanda-t-il en voulant prendre soin d’elle.

— J’ai… j’ai encore une grosse part de culpabilité mon père sans vous mentir… J’ai l’impression que c’est de ma faute si elle a mis fin à ses jours…

— Non ma sœur, c’est ce que Satan vous fait croire. Je pense surtout que votre mère avait une dent contre Dieu. Que Dieu puisse pardonner votre mère et qu’elle ait rejoins le royaume des Cieux.

— Je l’espère aussi mon père, je l’espère… Je rends surtout grâce à mon père parce que c’est lui qui a tenu la famille ces derniers temps… Ma sœur m’a dit qu’il avait encore du mal à s’en remettre, mais qu’il continuait à prendre courage en priant au bon Dieu.

— Votre père a pris la bonne décision.

Humbeline se sentit rassurée d’être comprise. Elle aussi, qui connaissait presque tout sur le père Philémon et qu’elle avait menti en disant qu’elle ne savait pas qu’il était amoureux de Coline, désirait aussi lui poser quelques petites questions.

— Pourquoi n’avoir rien dit à Coline ?

Le prêtre s’était tût pendant un bon moment, jusqu’à ce qu’il s’était retenu de ne pas pleurer.

— Je… Je ne sais pas sans vous mentir… Je n’avais tout bêtement pas les bons mots pour lui dire… J’essayais toujours de trouver le bon moment pour lui dire, mais j’étais comme tétanisé.. Mais tout ça s’est du passé, maintenant je prends la ferme résolution de ne plus offenser Dieu et de lui prouver tout l’amour que j’ai pour lui.

— Mais si vous l’aviez dit plus tôt, est-ce que vous auriez tout de même songer de devenir moine ?

La question avait percuté le jeune moine. Il était vrai que depuis tout petit, lorsqu’il avait rencontré Barthélémy, il avait déjà songé à devenir comme lui. Humbeline avait posé la bonne question, et tous les mots s’étaient mélangés dans sa tête.

— Vous… Vous aviez raison, peut-être que j’aurais été malheureux avec elle… C’est vrai que je ne me suis jamais posé la question…

— Vous voyez, moi je me la suis posée lorsque j’étais avec Raphaël et cela m’a beaucoup aidé pour me faire comprendre que je n’étais pas amoureuse de lui.

— Oui c’est vrai, on n’en sait rien finalement de notre cœur… Il n’y a que Dieu qui le connaît par cœur…

Une nouvelle réponse était parvenue à mettre le jeune moine sur le bon chemin qu’il avait choisi. Il se rendait compte que pour rien au monde, il n’avait pas regretté de ne jamais pu avoir déclaré sa main à Coline et que Joseph était venu au bon moment dans sa vie.

— Soupire, je prie tellement pour que Maïa se convertisse comme votre père.

Philémon en avait rit, jusqu’à ce qu’ils aient entendu une personne grimer les marches.

— Mon père, mon père, vous n’allez pas me croire ! s’exclama Joseph en étant essoufflé.

— Que se passe-t-il ?

Il avait les larmes aux yeux lorsqu’il s’était adressé devant les deux religieux.

— Lorsque Coline s’est recueilli devant la tombe du père Théophane, elle en fut complètement guérie !

Stupéfaits, les deux religieux avaient jubilé de joie en quittant le bureau et demandèrent à tout le monde de se réunir à la messe pour célébrer ce véritable miracle qui avait pu se produire au monastère de Lacroix. Ils en furent tous émus pour Coline, qui ne se plaignit plus de ses maux de tête et ni de gorge. Elle en fut toute époustouflée. Elle pleurait dans les bras de son mari, en racontant qu’elle était vraiment à son dernier soupir, jusqu’à ce que le père Théophane avait caressé son âme pour qu’elle en soit guérie.

* * *

Lorsque était venue la nuit, Coline s’était allongée à côté de son mari en ne croyant toujours pas au miracle qui venait de se produire. Elle en était encore sous le choque et rendit grâce devant la Sainte-Vierge, en remerciant aussi le père Théophane de l’avoir guéri de tout son corps. Joseph, qui en fut comblé, avait éteint la lumière en lui disant qu’ils n’allaient pas tarder à rentrer chez eux pour retrouver leur vie de famille. Ils nageaient tous les deux, comme sur un petit nuage. Coline était enfin heureuse, elle avait retrouvé son mari, suivi de ses enfants et pour terminer le tout, elle fut guérie de sa terrible maladie qu’elle avait engendré depuis de long mois. Elle avait reposé sa main sur sa gorge et fut encore étonnée, de ne plus sentir de petite boule. Elle pouvait tousser normalement et n’était plus prise de migraine. C’était comme si un voile transparent avait disparu dans son corps, et qu’elle avait retrouvé la vie. Elle pouvait de nouveau dormir comme il faut, sans se plaindre d’être fatiguée tout le temps. Elle ne sentit plus ses jambes tirés, contre ses anticorps qui combattaient la vilaine maladie. Rien, elle ne sentit plus rien, ce fut un gros bouleversement. Puis, elle avait entendu son mari ronfler, à côté d’elle. C’est bon, il dormait paisiblement pendant qu’elle, elle songeait en soupirant de soulagement. Soudainement, elle revit Philémon lui envahir ses pensées. Il tendait sa main pour l’inviter à patiner sur la glace. Toute rouge, elle en avait tremblé, jusqu’à ce qu’elle vit son visage illuminer le sien. Elle en avait eu honte, elle le voyait tout le temps dès qu’elle ferma les yeux. Il prenait ses mains et lui disait quelques mots doux en remettant ses longs cheveux derrière son épaule gauche. Elle ne sentit pas bien et décida de quitter son lit pour prendre l’air, mais les images étaient en train de défiler. Elle le revoyait patiner, ou bien de proposer toujours son aide lorsqu’elle était toujours en difficulté. Le pire, c’est qu’elle s’était ressouvenue lorsqu’il avait menti pour la compétition et elle comprit à ce moment là, qu’il l’aimait profondément. Ou bien lorsqu’elle était à l’ombre, il l’avait protégé avec l’aide de sa veste et quand elle ne sentait pas bien, il était toujours là pour la consoler. Elle en fut toute peinée et s’était adossée contre la vitre de sa chambre, en versant des larmes.

Oh Philémon, pourquoi ? Pourquoi joues-tu avec mes sentiments ? Pourquoi ne m’avoir jamais dit que tu m’aimais ? Mais moi, est ce que je l’aime ?

Une grosse bouffée de chaleur était venue sur son visage. Elle essaya au mieux de se rafraîchir, mais elle n’y arrivait pas.

Non, maintenant il est devenu moine et je suis amoureuse de Joseph. Oui, j’aime Joseph, c’est lui que j’aime et personne d’autre.

Tu en es sûre ?

Quand elle avait entendit cette voix, elle retourna la tête vers le lit où son mari dormait. Tremblante de la tête au pied, elle ne vit personne, à part le rideau qui avait bougé à cause de la légère brise qui avait soufflé. Complètement perdue dans ses sentiments, elle regarda la lune en implorant au Seigneur de cesser ses sentiments qui faisaient tempête dans son âme.

Pendant ce temps, aux alentours des quatre heures du matin, Philémon avait un sommeil lourd. Il s’agitait dans son lit, en voyant de nouvelles images attaquaient son âme.

Au début, il en avait peur, car il se trouvait tout seul dans les ténèbres. Il criait pour que quelqu’un vienne à son secours, mais personne ne pouvait l’entendre. Il marchait de droite à gauche pour s’en sortir de là jusqu’à ce qu’il vit des âmes, marchaient à la file indienne. Heureux de revoir son ancien père prieur, il s’était mis à côté de lui pour lui parler.

Oh mon père, quelle joie de vous retrouver ! Je voulais justement vous parler de ce qu’il nous arrivait au monastère… J’ai bien peur malheureusement de fermer la boutique et de faire partir quelques retraitants… Mais j’ai confiance en vous, et je sais que nous allons trouver une autre…

Mais il remarqua que le père Théophane n’écouta pas. Il avait le visage sombre, et avait toujours les miens liés. Il avait passé sa main devant lui, mais il ne réagissait pas. C’était comme si le frère Philémon n’était qu’un spectateur et regardait la scène, avec effrois. Toutes les âmes s’étaient rangées vers la reine des angoisses, qui les attendaient devant son palais et avait sorti un petit rire, sadiquement.

Je vais avoir besoin de vous pour construire un nouveau palais… Qu’est-ce que vous pouvez être naïve ! Sauf, toi, approche.

Elle avait approchait l’âme du père Théophane, qui ne réagissait pas. Elle le regarda de la tête au pied et l’avais mis à part, au coin de la bibliothèque et était repartie pour donner des instructions aux autres âmes. Pendant ce temps, le frère Philémon avait tenté sa chance en voyant le prêtre dans de très mauvais états. Il avait déchiré le bout de son aube pour tamponner sa blessure qu’il avait au coin de la lèvre. Soudainement, le père Théophane l’avait ressenti et s’était tourné faiblement vers Philémon, en souriant maladroitement.

Mon père, je vais vous sortir de là.

Mon fils… Tu, tu ne peux rien faire…

Mais, il y a bien une solution pour vous enlever ces chaînes !

Théophane avait hoché la tête, assit, les chaînes liées à la bibliothèque.

Pardon de t’avoir menti… Mais oui, il y a bien une solution….

Laquelle mon père ? Dites moi, je suis là pour vous aider.

Mais de nouveau, il s’était tût en ne voulant pas révéler sa véritable peur.

Il… Il faut que j’en parle…

Alors mon père ?! Qu’est ce que vous attendez pour nous en parler ? Vous pourrez très bien sortir d’ici !

Ce n’est pas simple Phil quand on a vécu des choses terribles… La peur nous a tellement envahi que les mots restent cloués dans notre âme… Je n’y arriverais pas…

Si mon père, vous pouvez le faire ! On croit en vous !

J’ai bien peur que cela vous affecte… Ainsi qu’au reste de la communauté….

Bon… Je vois… Je… J’essaye simplement de vous sortir de là…

Je le sais mon fils, et tu es bien courageux d’être venu jusqu’à moi… Malheureusement, le seul moyen pour me sortir de là, c’est de continuer de lire les lettres et il serait temps que je vous révéle l’identité de la reine des angoisses…

Philémon était surpris qu’il connaisse cette horrible créature.

Vous ne le répéterez à personne, tant que sœur Humbeline n’aura pas tout lu. Compris ?

Oui mon père, je ne le répéterais à personne. Dites-moi tout, qui est cette terrible sorcière ?

Le père Théophane mit beaucoup de temps, avant de révéler la véritable identité de cette personne à Philémon, qui en fut interdit.

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