Le Prédateur

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[Ce texte contient des descriptions explicites de violence, d’intrusion à domicile et d’agression physique pouvant heurter la sensibilité de certains lecteurs. Toutes les scènes décrites sont purement fictives et ne visent en aucun cas à encourager ou banaliser la violence.]



Arrivé devant la maison, Anton sentit sa mâchoire se crisper, comme si tout son corps se mettait au diapason d’une volonté primitive. Une pulsation basse battait dans ses tempes, sourde et insistante, semblable à un écho lointain d’instincts oubliés. Derrière les vitres, la lumière tamisée dessinait une scène presque irréelle. Lucie, cette jeune blonde, recroquevillée sur son canapé, immobile, vulnérable. L’image même de la proie. Son visage, bercé par le sommeil, n’avait aucune idée de ce qui rôdait, là, tout près. Anton huma l’air comme un chien traquant une piste. L’humidité de la terre, la résine des arbres, mais surtout cette fragrance douce, cette trace familière de cette blonde qui semblait l’appeler. Il ferma les yeux un instant et a gorge se serra. Il avait faim. Pas de nourriture mais de contrôle et de terreur. Chaque pas en direction de la maison devenait une ascension vers l’irréversible. Le loquet de la porte arrière céda dans un petit clic sec, comme un complice satisfait de son rôle. L’intérieur l’engloutit d’un coup. Un silence de mort, oppressant, qui se posait sur ses épaules. Le plancher protesta sous son poids, il s’immobilisa, une seconde, deux. Il s'imagina fauve, le souffle suspendu. Lucie était là. Elle dormait toujours, bercée par l'illusion d’un foyer sûr. Elle respirait doucement, un souffle fragile qui trahissait la confiance absolue d’un être dans son propre monde. Mais Anton n’avait pas sa place dans ce monde-là. Il n’était pas un invité, il était le prédateur. Il s'approcha lentement, s'accroupit à hauteur de son visage. Un sourire effleura ses lèvres, déformé par la tension qui l'habitait. Elle remua légèrement, cligna des yeux juste un peu. Entre rêve et réalité. Puis, le doute, une odeur étrangère. Quelque chose d’incongru. Lucie se redressa à moitié, les sourcils froncés, les gestes encore engourdis par le sommeil. Et là, elle le vit. Ses yeux s’écarquillèrent. Le choc, la peur, l'incompréhension tout jaillit d’un coup. Mais elle n’eut pas le temps d’émettre plus qu’un souffle. Anton bondit, comme un animal. Il l’attrapa par les épaules et la plaqua violemment contre le canapé. Sa tête heurta le coussin, amortissant à peine le choc. Elle cria, une note aiguë, perçante, mais trop brève. Déjà, sa main venait s’écraser contre sa bouche. Lucie se débattait de toutes ses forces. Mais ses gestes étaient désorganisés, désespérés. La peur pure n’a pas de stratégie. Son cœur battait si fort qu’il semblait vouloir jaillir hors de sa poitrine. Chaque muscle tendu, chaque nerf en alerte. Mais elle n’était pas de taille. Anton la saisit par la gorge, cette fois, pour de bon. Une poigne implacable, un garrot de chair vivante. Ses yeux la fixaient, brûlants, déments. Il voyait la terreur s’y répandre, comme une encre noire. Son regard vacillait entre la panique et la supplication, implorant une issue, un miracle. Lucie cherchait de l’air mais elle n’en trouvait pas. Sa vision se brouillait, des flashs de lumière dansaient devant ses yeux. Ses jambes battaient dans le vide, heurtant les meubles, le sol, puis plus rien. Elle sentit son esprit se fissurer. Chaque seconde s'étirait, comme si le temps refusait d'avancer. La douleur n’était plus qu’un fond sourd, remplacée par cette conscience abominable: c’est en train d’arriver. Anton, haletant, sentit son propre souffle s’emballer, un feu glacé dans ses veines. Il ferma les yeux une seconde, la pression toujours sur sa gorge. Puis, comme un ressort qui se détendlâche, il la relâcha. Lucie s’effondra contre le canapé, suffoquant, les yeux révulsés, luttant pour revenir à elle. Ses poumons cherchaient l’air comme une noyée brisant la surface. Il la regarda un instant, figé,puis ses doigts effleurèrent la douceur du pyjama, puis glissèrent sur sa peau nue, si fragile, si tentante. Le parfum léger de Lucie, mêlé à la moiteur de la nuit, envahit ses narines, enivrant ses sens. Anton, emporté par son obsession, céda. Il le fit dans un silence terrifiant, sa poitrine se soulevant violemment, il resta là un instant, penché sur elle. Son souffle rauque se mêlant aux râles étouffés de Lucie. Elle, flottait hors de son corps. Ses yeux fixaient un point qu’elle ne voyait plus. La chambre semblant s’être rétrécie autour d’eux, et dans cet instant, chaque seconde semblait s’étirer à l’infini et le monde autour d’elle se désintégra. Lorsqu'il eu fini, il se releva lentement, son regard vide et distant, sans un mot, sans un regard. Ce fut comme un poids qui tombait. Il fit quelques pas vers la porte, la froideur de la nuit sembla l’accueillir, avalant sa silhouette dans l’ombre. La porte claquant doucement derrière lui. Et il ne resta plus que Lucie. Et l’horreur qu’elle n’avait pas encore les mots pour nommer.

Merci à Pluie pour ton aide précieuse sur ce chapitre !

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