Fragments d’après (bonus)
/ Le chapitre qui suit est un bonus. Il n’était pas prévu au départ, mais il est né de vos retours et de certaines envies de creuser un peu plus les personnages. C’est une petite parenthèse, qui j'espère vous plaira.
Merci pour votre soutien, votre curiosité, et vos messages
Une bonne lecture à vous \
LUCIE
*Après le drame*
Le silence était revenu, mais rien n’était vraiment calme. Lucie était à moitié recroquevillée contre le canapé. Son corps tremblait de spasmes irréguliers, non vude froid, mais d’un trop-plein d’effroi que rien ne semblait pouvoir contenir. Elle ne pleurait pas. Quelque chose, en elle, avait verrouillé l’émotion, comme si pleurer était admettre que tout cela était réel. Elle avait l’impression d’avoir quitté son propre corps. D’avoir assisté, impuissante, au naufrage de son être. Elle se souvenait du souffle de l’homme, du poids sur sa poitrine. Des fragments de sensations refusaient de s’éteindre , l’odeur de son haleine, la douleur vive dans sa gorge. Et ce moment où elle avait compris, que personne ne viendrait. Qu’il allait le faire et qu’il n’y aurait pas de retour. Le plafond au-dessus d’elle vacillait, comme une mer agitée. Elle aurait voulu crier, mais seul un souffle rauque sortait de sa gorge meurtrie. Elle posa une main sur son ventre, presque sans s’en rendre compte, comme pour vérifier qu’elle était encore là, entière, vivante malgré tout. Mais rien n’était intact. Tout avait été envahi. Un gémissement brisa enfin ses lèvres. Un son faible et les larmes suivirent. D’abord une, puis un flot. Elle s’y noya, sans pudeurs, sans retenue. Parce qu’elle n’avait plus rien à préserver. Lucie n’avait pas de mots. Mais elle savait qu’elle venait d’entrer dans une autre vie. Celle d’après
ANTON
*Après le drame*
Anton souriait. Pas un sourire de joie simple, ni même de satisfaction. C’était un rictus de plénitude, d’accomplissement total. Il s'était vidé d’un poison qu’il portait en lui depuis des jours, des semaines peut-être. Il n’y avait pas de culpabilité, pas d'hésitation. Seulement ce silence délicieux après l’acte. Le calme du prédateur repu. Il se rappelait chaque seconde. Le sursaut dans les yeux de Lucie, le tremblement de ses jambes, la chaleur de son souffle brisé. Il revoyait la peur prendre forme dans son regard, vivante, palpable. Cette peur, c’était ça qu’il venait chercher. Cette offrande. Ce don involontaire qu’aucune autre sensation ne pouvait égaler. Il ne regrettait rien. Il n’avait pas besoin de comprendre, ni de justifier, car il était dans une logique que lui seul connaissait. Certains naissent pour bâtir, d’autres pour détruire. Lui, il n’avait aucun doute. Il ne faisait pas partie des hommes, pas vraiment. Il était autre chose. Quand ses pensées se turent enfin, il leva les yeux vers le plafond. Un rire sourd monta en lui, comme un souffle libéré après une longue apnée. Il n’était plus vide. Il était plein, repus d’une énergie noire, qu’aucune drogue, n’aurait pu lui offrir. Et dans ce silence revenu, une certitude restait, il avait trouvé ce qu’il cherchait. Du moins, pour un temps.
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