Ce qui veille en silence
Les jours passaient, identiques, comme les copies d’un même cauchemar. Anton avançait, fidèle à une routine réglée comme une mécanique froide. Rien ne semblait l’atteindre, ni les sourires, ni les rires, pas même la voix douce et insistante d’Esra, qui tentait inlassablement de fissurer la carapace qu’il lui opposait. Elle s’accrochait, mais à quoi, au juste ? Même lui n’en avait plus la moindre idée. Parfois, elle posait sa main sur la sienne, croyant encore à la magie d’un contact. Il la regardait, marcher devant lui, les cheveux tirés, la démarche légère, comme si rien ne pouvait vraiment l’atteindre. Elle ne voyait rien, ni les failles, ni le masque, ni ce qui se consumait derrière ses yeux. Et pourtant, quelque chose bougeait. Ce n’était pas visible, pas encore. Mais c’était là, comme un éclat dans la fissure, une faille discrète dans son propre contrôle. Sans raison, une pression monta en lui, comme l’annonce d’un bouleversement. Ce soir-là, seul chez lui, il chercha à retrouver son calme, fixant son reflet dans le miroir, traquant le moindre indice d’un changement, tout semblait à sa place, et pourtant, quelque chose avait bougé. Le lendemain, le monde reprit, mais Anton, lui, n’était plus tout à fait le même. Il observait les visages différemment, comme en quête d’un signe, d’une résonance. Il ne savait pas ce qu’il cherchait, il savait seulement qu’une chose approchait. Et lorsque les portes du hall s’ouvrirent, révélant Elias, Anton comprit. Ce frisson qui l’habitait depuis des jours , c’était lui. Et il l’avait déjà senti.
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