POUR VIVRE HEUREUX, VIVONS CACHÉS

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Cet après-midi-là

Naël s'était absenté avec l'un des robots, afin de pouvoir s'occuper de ses animaux, laissant l'homme seul en compagnie d'Obi qui surveillait l'enfant de l'hermaphrodite.

Lita était dans le salon, assise sur une couverture et entourée de jouets. L'homme qui s'était installé avec ses livres sur le canapé lui jetait de temps à autre des regards curieux et intéressés.

Il ne savait pas grand-chose des enfants en général, les bébés en particulier. Il en avait vu bien sûr, puisque lorsqu'il était juvénile, il avait été plusieurs fois assigné au Q. G, à la garde des crèches et des écoles de première instruction.

Durant ces gardes, il était figé en faction devant des portes et, s'il en voyait passer, il n'y faisait pas attention. Il n'avait ni le droit de leur parler, ni d'avoir des regards trop appuyés à leur encontre.

D'ailleurs, à l'époque, cela ne l'intéressait pas. Seul son devoir était important !

À présent, il fixait avec intérêt la petite Lita tout en étudiant les livres. Il eut aimé l'approcher, mais les préceptes enseignés par son conditionnement passé restaient encore ancrés en lui.

Le soldat se força même à ne plus la fixer et se plongea totalement dans ses études.

Toutefois, quand une petite main se posa sur son pied, il baissa le regard et croisa les yeux verts du bébé.

Le visage rond et souriant de Lita provoqua en lui une bouffée de tendresse. Sa réaction fut instinctive, À son tour Xavier sourit à Lita, qui babilla en poussant de petits gloussements de rire.

Obi s'approcha, mais resta seulement attentif a leurs réactions. Le fugitif tendit sa main vers le visage de Lita pour effleurer sa joue.

Très vite, il interrompit cette ébauche d'affection, afin de retourner à son travail. Le robot s'approcha, se saisit délicatement de l'enfant et la reposa sur la couverture.

Lita se saisit d'un jouet et ne prêta plus attention à l'invité de son parent. Quant à Xavier, il oublia tout à fait la présence du bébé afin de se concentrer sur son ouvrage.

HarÏa - Capitale d'Espar

Auker rentra dans le salon où se trouvait son aide de camp puis dit :

— Les choses bougent, le gouvernement d'Espar a accepté que nous fassions des recherches.

— Enfin ! Quels sont vos ordres ?

— Modérez votre enthousiasme, ils acceptent, mais selon leurs méthodes.

Le Colonel pesta :

— Quelle perte de temps !

— Je suis bien d'accord, mais nous n'avons pas le choix. L'Empire est formel : il faut se plier à leurs exigences, pour le moment, en tous les cas. Ils vont commencer à diffuser des holographies de notre Alpha sur tous les médias afin de susciter des témoignages, alerter ceux qui l'ont croisé et éventuellement aiguiller les recherches des services policiers d'Espar !

Le Colonel fronça les sourcils :

— Nous restons les bras croisés alors, mon Général ?

— Non, j'ai obtenu d'eux de diriger les recherches, mais je dois me soumettre à leur législation en la matière. Néanmoins, si c'est vraiment inefficace ou peu convaincant, nous agirons à notre façon. Dans l'immédiat, laissons-leur le bénéfice du doute.

— C'est bien ce que je craignais, une perte de temps !

Auker ne répondit pas. Il alla se placer devant la fenêtre qui donnait sur une large avenue fourmillant d'activités.

Il pensa : "X212, où que tu sois, je te retrouverai ! Profite bien de ta liberté ou ce que tu crois être ta liberté... Cela ne durera pas !"

Il eut un sourire calculateur. Déjà un plan se mettait en place dans son esprit. Il suffisait juste qu'il laisse les officiels d'Espar agir, mais après... Oui, après c'est lui qui interviendrait. À présent, il en faisait une question d'honneur !

Le surlendemain - Propriété de Naël

Xavier fixa l'hermaphrodite avant d'objecter :

— Vous croyez qu'il est prudent de vous rendre au village ?

— Il ne neige plus, du moins pour le moment. Je dois en profiter pour aller récupérer mon courrier ; avec le traîneau, je n'en ai que pour une heure tout au plus. L'accalmie, d'après le service météo, devrait durer une demi-journée. J'ai largement le temps de faire l'aller-retour, et par la même occasion, j'achèterai quelques provisions indispensables que je ne produis pas ici.

— Les services-météo peuvent se tromper.

Surpris, Naël le fixa, puis il sourit et assura :

— Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas la première fois que je le ferai.

Il boutonna sa parka, enfila ses gants, puis mit son bonnet en concluant :

— Je vous confie la maison. Si vous avez faim, vous n'avez qu'à demander à Obi de vous préparer quelque chose, il se fera un plaisir de le faire... Une dernière chose : il n'est pas impossible que quelqu'un du village monte pour prendre de mes nouvelles, laissez agir Obi, il a ses ordres.

Alerté, Xavier s'exclama :

— Vraiment ?

— C'est peu probable, mais sait-on jamais. Le trajet en traîneau est rapide et il n'est pas impossible que je croise, cet éventuel visiteur. Cependant, au cas où, restez cacher et tout ira bien.

L'être-double eut un dernier sourire et quitta la maison, ignorant que, cette dernière phrase, avait réveillé les réflexes de soldat de l'homme, en atténuant le sentiment de sécurité qu'il ressentait depuis son arrivée dans sa demeure.

Plus tard - Au village

Naël entra dans la petite épicerie en saluant la propriétaire des lieux d'un joyeux :

— Bonjour Edoni !

— Bonjour Naël, quel plaisir de te voir !

— Pour moi aussi, je profite de l'accalmie.

Il lui donna une liste et demanda :

— Peux-tu, s'il te plait, me préparer tout cela le temps que je passe à la poste chercher mon courrier ?

— Bien sûr, tout sera prêt dans une vingtaine de minutes.

— Ce sera parfait, je préfère ne pas m'attarder, la météo assure que l'accalmie durera une demi-journée, mais dans la région, on ne peut jurer de rien.

— Tu as bien raison, ne t'inquiète de rien, tout sera prêt... Ah ! Je viens de recevoir les journaux de la ville voisine, cela t'intéresse-t-il ?

— Pourquoi pas, cela me fera de la lecture.

Il adressa un chaleureux salut à l'épicière qui le lui rendit, puis il quitta la boutique et se hâta vers la poste.

En entrant dans le petit local des services postaux, Naël eut une surprise désagréable ; il pensa : "Oh Dieux ! Non pas lui..."

Il faillit ressortir, mais c'était trop tard. La personne qu'il souhaitait éviter l'avait vu. En l'occurrence, un jeune homme un peu plus âgé que lui qui, depuis le décès de son époux, lui faisait une cour pressante dans le but évident de l'épouser.

Le jeune homme s'exclama en le voyant :

— La meilleure surprise de la journée ! Naël, c'est un plaisir de te voir.

L'être-double lui accorda un bref signe de tête en déclarant :

— Bonjour Sunny.

Puis il s'avança vers le guichetier et demanda très vite :

— Bonjour, vous avez quelque chose pour moi ?

— Bonjour, oui, une vingtaine de lettres et un paquet d'Harïa, de votre père, j'imagine ?

— Sûrement.

Le préposé alla dans une pièce à l'arrière. Le fameux Sunny en profita pour l'approcher :

— Eh bien, tu n'es pas bavard aujourd'hui ; cela fait trois semaines que nous ne nous sommes pas vus.

— Vraiment ?

— Bien sûr... Tu sais qu'avec ces chutes de neige, je m'inquiète beaucoup pour toi, et mes parents également. Si tu acceptais de confier ta ferme à un régisseur, tu pourrais...

Naël le coupa :

— Ne recommence pas, s'il te plait... Je m'occupe seul de ma ferme. Je m'en sors très bien. Tes inquiétudes n'ont aucune raison d'être.

Il le fusilla du regard en concluant :

— Et même si j'avais besoin d'aide, tu serais la dernière personne que je viendrais chercher !

À cet instant, le postier revint avec une liasse de lettres et un paquet. Naël le remercia, signa le bordereau de réception puis quitta le petit local en disant à Sunny :

— Passe une bonne journée.

Il laissait le jeune homme déçu, abattu et furieux d'avoir été une nouvelle fois éconduit.

Naël retourna dans l'épicerie au moment où une cliente disait à Edoni :

— Non, je vous assure, sur le tridi... Ils affirment que cet homme est très dangereux. Dieux, vous imaginez, un soldat d'Ikos qu'ils ne contrôlent plus... Vous imaginez ce qu'il pourrait faire ? S'il est dans la région, j'en frémis...

Puis elle aperçut Naël et s'exclama :

— Oh ! Mon enfant, vous tombez bien, connaissez-vous la nouvelle ? Un soldat d'Ikos a brisé son conditionnement, il s'est enfui d'un vaisseau de l'Empire et a atterri sur notre monde. Vous qui vivez seul là-haut, vous devriez être très prudent ! Qui sait ce que pourrait faire ce monstre, à vous et à votre bébé... Oh Dieux ! Ce serait épouvantable !

Feignant l'ignorance, Naël s'enquit :

— C'est quoi cette histoire ?

Edoni répondit :

— Je n'ai pas regardé le tridi, mais c'est dans les journaux..

Elle déplia un des quotidiens remis ce jour-là. En première page, l'holographie de Xavier s'étalait et en gros titre, on pouvait lire : «AVEZ-VOUS VU CET HOMME ? »

Naël prit le journal, il examina l'image avant de dire :

— Il n'a pas l'air si méchant...

La cliente s'exclama :

— Vous plaisantez, mon enfant ? Avez-vous oublié toutes les atrocités que ces soldats ont commises durant le conflit entre Ikos et Oldoran ? Ils sont capables de tout ! D'autant que celui-ci n'est plus contrôlé !

Naël posa le journal en disant :

— Là-haut, lorsqu'il neige, personne ne survit longtemps, fut-il un soldat d'Ikos !

En souriant, il ajouta :

— Ne vous inquiétez pas, mes robots sont là pour me protéger.

Changeant de sujet, il demanda :

— Ma commande est-elle prête ?

Edoni se reprit puis posa un carton sur la banque :

— Tout y est...

L'hermaphrodite paya ses courses, se saisit du carton, alors que la commerçante recommandait :

— Sois prudent, Naël. N'ouvre à personne et barricade-toi la nuit venue.

— Je suivrai tes conseils, Edoni.

Puis il salua les deux femmes et sortit. Il avait hâte à présent de rentrer chez lui, afin d'avertir Xavier au plus vite...

Naël arriva à sa propriété juste à temps, la neige se remettait à tomber. L'hermaphrodite rangea le traineau en pensant : "Une fois encore, le micro climat de la région fait des siennes !"
Posant sur le carton de courses le paquet et la liasse de lettres, il le souleva avant de rentrer par la porte intérieure qui le menait directement à la cuisine.

Obi qui s'y trouvait se hâta vers Naël, le libéra de son chargement en déclarant sur un accent mécanique :

— Vous me voyez heureux de votre retour, Monsieur. j'ai crains que les intempéries ne vous empêche de revenir.

— La neige a eu la bonne idée d'attendre que je sois rentré à la maison. Où se trouve mon invité ?

— Dans sa chambre, Monsieur.

Naël se saisit du paquet, de ses lettres et des journaux en ordonnant :

— Prépare le repas pour midi.

L'esprit agité et préoccuppé, l'être double quitta la cuisine.

Naël, en entrant dans la chambre, surpris Xavier au moment où il remplissait un sac de quelques vêtements.

— Mais que faites-vous ? demanda l'être-double.

— C'est évident, je prépare mon départ, je dois profiter de l'accalmie. Je réquisitionne votre traîneau.

— Trop tard, il s'est remis à neiger.

— Eh bien, je ferai avec !

Naël s'approcha en disant :

— Qu'est-ce qui vous prend ?

— Votre demeure n'est pas un refuge aussi sûr que vous le disiez. Si à la prochaine accalmie, vous êtes submergé de visites, comment puis-je espérer...

L'être double le coupa :

— D'abord, je ne vous ai jamais dit que je serai submergé de visites, c'était une possibilité très improbable. Si une personne était venue, il vous suffisait de faire le mort, et il serait reparti... Par ailleurs...

Il lui tendit l'un des quotidiens en terminant :

— Vous devriez regarder ceci.

L'homme s'en saisit, le déplia, puis pâlit dès qu'il vit l'holographie. Naël reprit :

— Imaginez-vous, si dans un petit village perdu comme celui-ci, les gens connaissent votre visage, qu'en sera-t-il près d'une grande agglomération ? D'autant plus qu'ils n'ont pas fait de vous un portrait très rassurant. J'ai pris le temps de le lire un peu avant de quitter le village, ils vous représentent comme un homme dangereux, déséquilibré, capable de tout depuis que vous n'êtes plus sous contrôle.

Xavier se laissa tomber sur le lit, puis serra les dents et siffla :

— Bande de salauds ! je suis assimilé à un monstre froid et sans âme. Je ne suis pas ainsi !

— Moi, je le sais, mais pas les gens dehors, là est le problème. Dans l'immédiat, je crois que vous n'avez pas le choix. Lorsque les intempéries auront cessé, vous ferez comme vous l'entendrez. Vous pourrez utiliser les petites routes et éviter les zones habitées. En attendant... Soyez patient. D'ici le printemps, vous y verrez plus clair, et peut-être aurons-nous pu décider ensemble d'une ligne de conduite.

Xavier le contempla puis il répliqua :

— Vous êtes toujours décidé à m'aider, malgré ce qu'ils disent de moi ?

— Je vous connais peu, c'est vrai, mais je sais que vous n'êtes pas le criminel qu'ils décrivent. Vous êtes un homme qui s'est libéré de ses chaînes et ne souhaite qu'une chose : reconquérir sa liberté et commencer à vivre vraiment. Je continuerai à vous cacher ici et à vous aider.

Il sortit en concluant :

—Nous déjeunons bientôt... Ne vous attardez pas !

Xavier une fois seul se releva lentement. Il replia le journal, puis fixa son sac à moitié plein. Sans réelle hésitation, il le vida.

Ce soir-là

Bien après le dîner, et alors que Xavier revenait de la salle de bain, il trouva le jeune être assis derrière Obi.

Il avait déconnecté le robot et ouvert l'arrière de son crâne. Celui-ci dissimulait les circuits délicats de son cerveau électronique. Surpris, Xavier s'enquit :

— Mais que faites-vous ?

— J'essaie de modifier sa programmation.

— Modifier sa programmation, mais pourquoi ?

Naël le fixa fugitivement puis répondit :

— Obi a été conçu et programmé par mon époux. Il n'était pas que fermier ; il était aussi diplômé de la plus grande université de technologie appliquée de cette planète. Bref, dans la programmation d'Obi, il a intégré en plus de la cuisine et du ménage l'obéissance à mes directives et surtout la protection de ma fille et de moi-même, exploit puisqu'elle n'était pas encore née.

— Je comprends, mais je ne vois pas où vous voulez en venir ?

— Obi m'obéit aveuglément, mais il n'y a une chose qui pourrait le faire aller contre mes directives : si elles sont contradictoires avec la préservation de ma vie ; dans ce cas, il passera outre. Ce que je crains, c'est qu'il tombe sur les journaux, qu'il les lise et inscrive les données dans sa mémoire en déduisant que vous êtes dangereux. Je veux éviter cela.

Il sortit à cet instant un cube d'acier recouvert de fil :

— Ah, voilà la mémoire principale !

Il se releva et l'apporta dans son bureau. Xavier le suivit non sans demander :

— Et vous savez faire cela ?

— C'est là qu'est le problème, je ne suis pas certain d'y parvenir. Je ne suis pas un spécialiste en la matière, je me débrouille, mais sans plus !

L'homme proposa :

— Et si vous me laissiez essayer ?

Naël fronça les sourcils :

— Ne me dîtes pas qu'en plus, vous vous y connaissez en informatique !

— Si ce n'était pas le cas, je ne serais pas parvenu à me déconnecter du collectif.

L'être double ne sut que répondre car, ce qu'affirmait le soldat rebelle, était évident. Puis il posa la mémoire près de son serveur informatique en disant :

— Après tout, pourquoi pas ? Je vous en prie.

Sans hésiter, l'homme prit place devant ledit serveur, connecta la mémoire d'Obi puis se mit au travail...

Xavier replaça la mémoire dans le cerveau d'Obi, reconnecta les délicats circuits puis referma la trappe en disant :

— Le moment de vérité !

— Croyez-vous que vous y soyez parvenu ?

— Je le pense, mais je suis sujet aux erreurs. Par ailleurs, votre époux était un génie, Obi est une merveille de technologie !

Il se releva, alla chercher un journal et le plaça devant Obi. Puis il le reconnecta. Celui-ci réagit aussitôt :

— Je suis de nouveau opérationnel, Monsieur.

Naël s'approcha tandis que l'homme lui désignait le journal en disant :

— Tu devrais lire cela Obi !

La machine obéit. Peu après, elle déclarait :

— Votre présence en ces lieux sera tenue secrète, ainsi que Monsieur Naël le désire !

Le jeune être soulagé se réjouit :

— Vous avez réussi !

Ils se sourirent, complices. Le premier obstacle qui aurait pu menacer la sécurité de Xavier venait d'être franchi !

Plus tard dans la soirée

Xavier termina de lire le journal avant de le replier et de soupirer avec amertume :

— Eh bien, ils me mettent, toutes les conséquences des conflits d'Ikos sur le dos. Je n'étais pas le seul soldat présent sur les champs de batailles, même si j'ai participé à toutes les campagnes depuis que je ne suis plus juvénile.

Il ajouta tristement :

— Comme je voudrais n'avoir jamais fait la moindre guerre.

Naël servit une seconde tasse d'infusion en disant :

— Vous n'aviez pas le choix, Xavier. Qui pourrait vous reprocher d'avoir obéi aux ordres puisque vous n'aviez pas votre libre-arbitre ?

L'homme assombrit. Il resta silencieux un moment puis demanda soudain :

— Vous n'avez jamais entendu parler de la campagne d'Oldoran ?

Un peu gêné, Naël répondit :

— Comme tout le monde ! Le conflit a fait grand bruit, il y a un peu moins de trois ans, surtout après la reddition d'Oldoran. Il a été assez meurtrier.

— N'ayez pas peur des mots Naël, cela a été une véritable boucherie ! Six millions de morts tant militaires que civils, tout ça pour le contrôle d'une lune !

Le visage de Xavier était soudain envahi de dégoût. Il répéta sur un ton brisé :

— Six millions de morts ...

— Ne vous tourmentez pas, je vous en prie...


— J'ai de quoi l'être, je vous assure !

Il but une gorgée d'infusion puis révéla :

— Je suis l'un des trois stratèges qui ont élaboré cette campagne. J'étais aussi à la tête de l'escadron qui a pris le palais présidentiel d'Oldoran.

Ses traits devinrent plus sombres encore :

— Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à avoir des doutes, mais je les ai enfouis au plus profond de moi. J'ai été décoré, vous savez, décoré ! Pour avoir tué tant de gens ! J'ai donné le change à l'époque, mais lorsque le Général a épinglé l'étoile sur ma vareuse, j'avais la gorge serrée... J'avais attendu cette distinction depuis que j'étais juvénile et, lorsque c'est arrivé, je n'ai ressenti que du dégoût envers moi-même... Puis cela a passé. Durant des mois et des mois, j'ai continué à servir l'Empire, à faire ce que l'on attendait de moi, jusqu'au moment où mes doutes m'ont submergé...

Il termina son infusion. Naël se taisait. Qu'aurait-il pu dire ou faire ? Il ne trouvait pas les mots qui auraient atténué le sentiment de culpabilité que Xavier ressentait. C'est à cet instant qu'une sonnerie stridente retentit, brisant le silence qui s'était installé et fit sursauter non seulement Xavier, mais aussi Naël. Il s'agissait de son unité de communication.

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