PARTIE IV

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Les pas d’Ève chancelaient, mais elle arriva tant bien que mal à se rendre jusqu’à sa chambre sans se vautrer parterre. Tout autour d’elle, le mobilier se transformait en des formes plus accueillante . L’interrupteur alluma un plafonnier en meringue, qui éblouissait jusqu’au coin le plus reculé de la pièce, plus aucun emballages ne trainaient sur le carrelage couleur chocolat qui glissait sous ses pieds et des dizaines de coussins déclinés en toute les nuances de fruits rouges recouvraient maintenant le lit. Ce n’était qu’une illusion, favorisée par l’alcool, en laquelle elle voulait croire une dernière fois avant de s’endormir.

La nuit qu’elle passa à l’hôtel, se caractérisait non pas par le calme environnant, ni par cette liberté fraîchement acquise, mais par les rêves qu’Ève fit pendant son sommeil. Ils se distinguèrent de sa vision par le manque de contrôle qu’elle eut sur ceux-ci, alors son inconscient la laissa dans cette chambre luxueuse où elle s’endormait dès qu’elle en avait eu l’occasion.

Quand elle rouvrit les yeux, le plateau argenté garnit de viennoiseries croustillantes et de confitures était déjà posé sur la table. Elle avait envie de toutes ses gourmandises mais n’arrivait pas à se lever pour les atteindre, aussitôt submergée d’une tonne de petits papiers blancs qui lui tomba dessus. Sa signature était inscrite sur chacun d’eux, elle tenta en vain de s’en débarrasser mais plus elle en enlevait de la couette, plus il semblait y en avoir. Elle se retrouva face à un homme qui parlait fort en la dévisageant. Tout disparut, seul restait le lit où ils étaient tout deux assis. Ses manières ne lui étaient pas inconnues, elle l’avait croisé lors de la soirée de l’avant-première, et revivait justement leur conversation:

« … et les habits que tu portaient à chaque prise mettaient vraiment tes formes en valeur.

- Oui, mais je suis déçue que personne n’est compris le message délivré par le film.

- Le message ? On s’en fiche du message.

- C’est pour ça que je suis devenue actrice. Pour les choses que l’on peut exprimer, pour l’influence qu’on peut…, un rire gras sortit de la bouche disproportionnée de l’homme.

- Plus personne ne fait de films pour ça, l’important c’est les femmes comme toi… »

Il continua à déverser son flot de paroles, pendant qu’Ève le repoussait de plus en plus vivement. Leurs peaux s’engluaient entre elles malgré les soubresauts d’Ève, l’étouffant jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus bouger.

Ève sentit la désagréable sensation des draps trempés contre sa peau, et s’aperçut par la même occasion qu’elle avait sangloté durant la nuit. Il était sept heures du matin, heure parfaite pour reprendre sa route. Non mécontente de laisser la chambre miteuse derrière elle, elle s’empressa d’aller payer à l’accueil, avant de rejoindre sa voiture.

Le pied sur l’accélérateur, elle essayait de ne plus penser au rêve décousu qui l’avait habité toute la nuit, et se persuada qu’elle ne se rappelait pas que des larmes avaient coulé sur ses joues pendant que ses yeux étaient fermés.

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