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Saint-Fontaine, 18H15


À l'aide d'une étrille en caoutchouc et par de petits mouvements circulaires, Thomas termina de brosser la robe alezan du cheval. La couleur fauve dominait, seule une tâche blanche en forme de cœur se distinguait sur le chanfrein de la bête. Ses yeux foncés trahissaient une certaine reconnaissance envers son maître. Ce dernier donna une dernière caresse entre les oreilles de l'animal, vérifia la mangeoire et l'abreuvoir, puis quitta le box.


Thomas récupéra son sac à dos à l’accueil de l'écurie, enfourcha son vélo et prit la direction du centre-ville. Il pédala tranquillement, profitant du calme environnant de la campagne. Des brises légères chatouillèrent son visage et amenèrent à ses narines des effluves du printemps, de fleurs sauvages, de chèvrefeuilles, de la paille fraîchement coupées...


Le cycliste amateur dépassa le panneau de la ville, sa cadence s'accéléra. Avec attention et agilité, Thomas doubla les voitures à l'arrêt, évita les piétons trop zélés ainsi que les scooters et cyclomoteurs qui ne s’accommodaient pas du code de la route. Il déboucha sur une avenue plutôt paisible et esquiva de justesse une portière qui s'ouvrit sur lui. Ses mains avaient agrippé avec force le guidon au point qu'elles blanchissent. Il avait été envahi par une sueur froide et son cœur avait été à deux doigts de sortir de sa cage thoracique. Devant le fleuriste, il descendit de sa bécane, ses jambes flageolèrent un instant. Il avala jusqu'à la dernière goutte d'eau de sa gourde, puis entra dans le commerce climatisé. Thomas en ressortit quelques minutes plus tard avec un bouquet de lys. Cette fois-ci, il reprit la route à pied, les fleurs dans une main et l'autre qui poussait le vélo.


Le bâtiment de sa sœur apparut dans son champ de vision. Il ne prit pas la peine de sonner et tapa une série de chiffres sur le digicode. Un court son aigu se fit entendre et la porte s'entrouvrit. Avec peine, le jeune homme la poussa de l'épaule et entra. Thomas abandonna son deux-roues dans le local qui lui était destiné, jeta un œil aux escaliers, puis à l'ascenseur. Il opta pour l'aide mécanique, il s'y engouffra et appuya sur le bouton deux.

Les portes commencèrent à se refermer, quand une voix lui parvint :


— Retenez-le, s'il vous plaît.


Thomas l'arrêta du bout du pied. Un homme tenant des roses rouges se plaça à ses côtés.


— Quel étage ? demanda Thomas.
— Deuxième.


Le silence s'installa dans l'étroit habitacle. Droit comme un piquet, Thomas observa du coin de l’œil le nouveau venu. De taille moyenne, il était habillé d'un style casual : blazer noir, jeans, chemise impeccable, baskets blanches. Ses cheveux blonds coupés court et ses yeux couleur saphir devaient plaire aux femmes. Les pieds légèrement écartés et les épaules en arrière indiquèrent à Thomas que son voisin était sûr de lui.



L'ascenseur s'immobilisa, le lieu clos offrit une sortie vers le monde. Sans un regard, ni un mot, l'éphémère compagnon s'éloigna. Le criminologue leva les yeux au ciel et délaissa la boîte métallique. Au détour du couloir, il retrouva l'impoli devant la porte de sa sœur. Thomas tressaillit à la réalité de la situation. Il pressa le pas et termina sa course à la même position que le blondinet. Il voulut prendre la parole, mais la porte s'ouvrit sur une Sophie enthousiaste. Un large sourire se dessinait sur son visage et son regard émeraude pétilla de bonheur.

— Voici les deux hommes de ma vie.


Thomas s'écarta afin de permettre à l'homme d'entrer et en profita pour attraper le bras de sa cadette pour la retenir.


— Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? murmura-t-il. Tu m'as pris au dépourvu.

— J'en suis désolée. Je ne savais pas comment te le dire. C'est le seul moyen que j'ai trouvé, expliqua-t-elle, en retirant doucement son bras.

So...

Sophie ne le laissa pas terminer, se mit sur la pointe des pieds, déposa un baiser sur la joue de son frère et se dirigea vers le salon. Thomas la suivit du regard, encaissant le choc de la nouvelle. Il prit une profonde inspiration, serra les poings et ensuite se rendit dans la pièce de vie.


L'homme était installé dans le canapé, un verre dans la main. Ses jambes étaient écartées révélant son autorité. Sophie déposa un vase au centre de la table basse. Les roses et les lys se mélangeaient dans une belle harmonie. Remarquant son frère, elle le fit s'asseoir dans un fauteuil, attrapa une bière et lui tendit. Thomas la décapsula et porta le goulot à ses lèvres. À la première gorgée, il ressentit l’effervescence de sa boisson et par la suite ces nombreux arômes.


Quand elle s'aperçut que son frangin commençait à se détendre, Sophie décida de faire les présentations.

Vincent, l'intéressé sourit à son prénom, voici mon frère Thomas. Grand-frère voici Vincent.

Sophie m'a beaucoup parlé de toi et je suis content de te rencontrer, intervint Vincent.

Je ne peux pas en dire autant. Ma sœur est douée pour les cachotteries, répondit Thomas en serrant les dents.

Tommy ! S'il-te-plaît fais un effort. J'ai organisé cette soirée pour que vous fassiez connaissance. Ok, petite sœur, je vais faire un effort.

Merci et maintenant, passons à table.


***


Dans la nuit noire, les étoiles constellaient le ciel, Thomas marchait à côté de son vélo. Le froid le revigorait. La ville était, pour une fois, sereine, favorable aux souvenirs. Il en profita pour se remémorer sa rencontre avec Vincent.


Le dîner s'était déroulé placidement. Thomas avait appris que Vincent avait une très bonne situation : il était développeur web. Un domaine en plein essor, les demandes augmentaient de jour en jour. Il pratiquait le golf et avait pour passion la moto. Thomas avait été surpris de découvrir que sa sœur s'y était mise aussi. Ce qui avait surtout marqué Thomas fut sa douceur, sa prévenance envers Sophie. Malgré tout, un doute subsistait. Sophie était sa petite sœur, sa seule famille. Au décès de ses parents, dans un accident de voiture, il s'était juré de prendre soin d'elle. Il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter. Préoccupé et à l’affût du moindre geste ou parole provenant de Vincent, Thomas avait complètement oublié de prévenir sa sœur pour son nouveau poste. Il prévoyait de l'appeler le lendemain pour lui annoncer.


Voici la dernière partie du premier chapitre. Je ne suis pas satisfaite. Mon but est d'introduire Vincent, car il a une grande importance dans une nouvelle de que j'ai écrite et qui est en stanby. Dites moi ce que vous en pensez.



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