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Saint-Fontaine, Samedi, 14 h 00.
Le véhicule remonta le parking à la recherche d'une place, dépassa l'arrêt de bus et déboucha devant la gare ferroviaire. Le bâtiment sur deux étages, avec sa façade couleur pêche, avait gardé son charme d'antan grâce aux différentes opérations de conservation et surtout à son horloge datant du XIXe siècle.
Vincent stoppa la voiture sur l'emplacement réservé aux taxis et actionna les warnings. Avant de se déloger de la banquette arrière, Thomas le remercia par un signe de tête reconnaissant accompagné d'un mince sourire.
Du coffre, il dégagea deux sacs de voyage et un à bandoulière que Sophie lui prit des mains. Sans un mot, ils rejoignirent l’entrée principale du bâtiment et passèrent la salle d'attente pour atteindre le quai. Il posa ses bagages sur un banc, composta son billet et vérifia le tableau d'affichage.
Son train arriverait dans cinq minutes et sans retard, une bonne nouvelle. Mais le plus dur restait à faire. Il prit un instant pour calmer sa respiration, sécher ses yeux humides à l'aide de sa manche puis se retourna. Sans attendre, sa cadette lui sauta au cou, secouée de sanglots. Le palpitant de Thomas s'accéléra, prêt à bondir de sa poitrine. Il se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de rejoindre sa sœur dans les pleurs et en profita pour resserrer son étreinte. Avec une tendresse fraternelle, il lui caressa le dos. Petit à petit, les tremblements cessèrent. Sophie se retira et essuya ses dernières perles.
– Désolée.
– Ce n'est rien petite sœur. Une séparation est toujours difficile, rasséréna Thomas en arrangeant une mèche de cheveux derrière l'oreille de la jeune femme.
– Dès que tu seras installé, je viens te voir et tu auras intérêt à m'appeler tous les jours, exigea-t-elle.
– Tous les jours ? Ça fait beaucoup, tu ne crois pas ?
– Bon ok, au moins une fois par semaine et ce n'est pas négociable.
– Ça marche, répondit-il en souriant.
Un avertisseur sonore retentit, annonçant l'entrée en gare d'un train. Le long engin ralentit dans un sifflement strident, s'immobilisa, puis les portes coulissantes s'ouvrirent.
– Mon train est là. S'il te plaît prends bien soin de Sauvage, le temps de lui trouver une nouvelle écurie, supplia le jeune homme en prenant ses valises et son sac qu'il pendit à son épaule.
– Ne t’inquiète pas, je vais veiller sur lui, rassura Sophie en lui offrant un baiser sur la joue.
– Je t'aime frangine.
– Je t'aime aussi, frangin.
Thomas l'embrassa chèrement, s'avança vers le quai et monta dans le wagon. Les portes se refermèrent aussitôt et un nouveau son avisa les passagers du départ. Le transport reprit sa marche en douceur, permettant à Thomas d'octroyer un dernier au revoir à la dernière née de la famille.
En quête de son siège, le voyageur marcha en crabe dans les différentes allées, traversa la voiture bar-restaurant et trouva enfin sa place près d'une fenêtre. Thomas rangea ses bagages dans les emplacements appropriés puis s'installa confortablement pour affronter les deux heures de trajet qui l'attendaient. Son regard se posa sur la vitre. Les murs tagués furent vite remplacés par une étendue de champs de blés ou de tournesols, sous un ciel azur et de nuages cotonneux. Les oscillations du train le bercèrent et au bout de quelques minutes, il s'endormit la tête contre le carreau frais.
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