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La Vallée des Anges, Samedi, 17 h 00.
Maggie quitta Elisabeth aux alentours de 16 h 30. Cette dernière verrouilla le studio et se dirigea vers la maison. Elle poussa la baie vitrée, monta à l'étage et en passant devant la chambre de son frère, remarqua que, pour une fois, il avait entrepris de ranger. Dos à elle, il triait le monticule de vêtements qui dormait sur une chaise depuis des lustres.
Elle ne s'attarda pas et fila dans son refuge aux couleurs pastel. Des rayons de soleil s'infiltraient dans la pièce à travers les fins rideaux roses, instaurant une ambiance reposante. Sur le bureau, on pouvait apercevoir un ordinateur portable ainsi que des photographies de différents formats. Le lit était tiré à quatre épingles et de nombreux coussins l'ornaient. Au plafond, la propriétaire avait installé des voilages gris clair, créant de la douceur et du romantisme. Dans un coin, un fauteuil lilas servait d’étendage pour les habits déjà mis seulement quelques heures.
Les portes du dressing coulissèrent, laissant apercevoir un trousseau bien garni. Elle ouvrit un tiroir pour choisir un maillot de bain, enfila le deux-pièces rouge, enfonça un chapeau blanc sur sa tête, prit une serviette et redescendit.
En pénétrant dans le salon, un désagréable frisson la parcourut. Alexis, son ex, était assis avec nonchalance dans un fauteuil. Il faisait peine à voir, avec ses cheveux blonds en bataille, son regard bleu hagard cerné et ses fringues sales, non repassées. Il se leva sans mal et s'avança d'une démarche hésitante.
– Je suis content de te voir, avoua-t-il d'une voix grave.
– Alexis, que veux-tu ? Et comment es-tu entré ?
– La baie vitrée était ouverte et je veux juste te parler.
– On n'a plus rien à se dire, lâcha la jeune femme en reculant de deux pas.
Ce ne fut pas suffisant, car en une enjambée, Alexis la rejoignit et lui attrapa violemment le bras.
– S'il te plaît, écoute-moi.
– Tu me fais mal, exhala Elisabeth en s'efforçant de retirer son poignet.
Pour réponse, l'ex-petit ami l'approcha de son torse. La réaction fut immédiate, Alexis reçut une magistrale gifle. Il se massa la joue qui rougissait petit à petit et resserra davantage sa poigne. Sous la douleur, Elisabeth gémit, mais cette fois-ci, ne s'entêta pas, sous peine qu'il l'agrippe beaucoup plus fort.
– Je...
Alors qu'il dépoussiérait sa chambre, alerté par des plaintes, Ryan se précipita dans le salon. La scène sous ses yeux le sortit de ses gonds. Sans attendre, son poing percuta l'arcade sourcilière d'Alexis. Sous le choc, le blond flancha et lâcha enfin le bras d'Elisabeth.
– Barre-toi, lui ordonna Ryan.
Malgré l'agressivité de l'adolescent, Alexis s'aventura vers lui. Les poings serrés, prêt à lui décocher un uppercut. Sa vaillance revenue, Elisabeth le poussa sans ménagement. Le regard noir, les sourcils froncés, les lèvres pincées, elle n'hésita pas à charger le torse d'Alexis de coups répétitifs et rapides. Sous les assauts hargneux de son ex, il heurta les rails de la haute fenêtre et se retrouva dehors.
– Fous le camp de chez moi ! aboya-t-elle en fermant la fenêtre.
Elisabeth le suivit du regard jusqu'à sa disparation derrière le mur d'enceinte.
Quelque peu rassurée par la fuite de son agresseur, elle se retourna vers son petit frère encore en position défensive, les muscles tendus. Elle lui déposa un baiser sur le front. Sans un mot, elle l'accompagna dans la cuisine, le fit asseoir puis plaça des glaçons dans un torchon qu'elle appliqua sur la main rouge et enflée du benjamin.
– Merci, balbutia Elisabeth avec un mince sourire.
De son pouce, Ryan essuya une perle, puis encore une autre des yeux humides de sa sœur. Puis sans prévenir il l'enlaça affectueusement.

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