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Thomas débarqua du train et se fraya un chemin tant bien que mal parmi les voyageurs, afin d'atteindre la sortie de la gare. Au moment, où il passa les portes, la chaleur vint l'accueillir. La différence de température le frappa. Les bagages à ses pieds, il ôta sa veste, la pendit sur son bras et installa ses lunettes de soleil sur le nez. L'espace des taxis repéré, le jeune homme reprit ses sacs et se dirigea vers un véhicule noir qui lui semblait être bien entretenu.
Dans le rétroviseur intérieur, le chauffeur remarqua son approche. Il rangea le journal dans la boite à gants, puis se délogea de son siège.
– Bonjour monsieur, salua le professionnel en plus d'un grand sourire.
– Bonjour, êtes-vous en service ? demanda Thomas.
– Oui mon bon monsieur.
– Je vais à l’université de la Vallée des Anges. C’est bon pour vous ?
– Bien entendu.
– Parfait. Merci.
Le conducteur ouvrit le coffre, son nouveau passager lui donna un à un les baluchons qu'il arrangea avec minutie, à la mode Tetrix. Chose faite, il déverrouilla la portière arrière, Thomas s'installa. Une odeur agréable de neuf et de pin effleura ses narines.
Au bout de quelques minutes, l'automobile démarra, le moteur presque silencieux. Tandis que le chauffeur se concentrait sur sa conduite, Thomas apprécia la vue qui défilait sous ses yeux. D'abord, ils longèrent une rue où les platanes s'alignèrent de chaque côté de la route. Ensuite, ils traversèrent plusieurs avenues de résidences homologues. Et enfin, ils débouchèrent sur un boulevard qui jouxtait le front de mer : les plages de sable fin, la promenade bordée de palmiers, les terrasses de bars et restaurants plus ou moins fréquentées et pour finir, le port avec ses hêtres majestueux qui offraient de la fraîcheur en été.
Ils entrèrent sur un parking bétonné et égayé par des parterres végétalisés. Le taxi stoppa devant une allée garnie d’arbres, d'herbe tondue régulièrement, de buissons taillés avec finesse et de fleurs colorées. Au bout, on apercevait une bâtisse avec une façade en brique dont les encadrements de fenêtres blancs ressortaient.
Thomas récupéra ses bagages, régla le chauffeur et laissa un généreux pourboire. En parcourant le chemin de pierre, il remarqua la présence de nombreux étudiants qui se prélassaient sur le gazon ou qui pratiquaient une activité sportive (frisbee, yoga, football...).
La porte principale franchie, l'arrivant se figea et considéra le spacieux hall. Son regard se posait sur les moindres recoins du lieu avec curiosité. Sur la gauche et la droite se trouvaient d'interminables couloirs, illuminés de plafonniers élégants. En face, un escalier en marbre blanc qui se scindait en deux permettait d'accéder à l'étage. Un métis, habillé d'un polo beige, d'un pantalon noir et de baskets crème, descendit les marches en levant la main en signe de salut. Thomas fronça les sourcils, dubitatif, s'adressait-il à lui ? Il n'osa pas répondre, de peur de se ridiculiser.
– Thomas Anderson ? l'interpella l'inconnu, un sourire avenant sur le visage.
– Euh... Oui, hésita-t-il.
– Yoan Odonel, professeur de droit pénal. Je suis ton guide, s’enthousiasma-t-il.
– Ravi de vous rencontrer, Yoan, répondit le brun en détendant ses muscles qui s'étaient raidis avec le stress.
– Pas de chichi entre nous. Je suis partant pour le « tu », si c'est bon pour toi ?
– Très bien.
– Parfait. Tout d'abord, on va déposer tes affaires dans la chambre, et ensuite je t'invite à boire un verre.
Avant même que l'intéressé ait pu ouvrir la bouche, son accompagnateur lui prit un de ses sacs et s'engagea dans le corridor de droite. Sans une hésitation, il le suivit le sourire aux lèvres. Par sa bonne humeur, son extravagance et son naturel fougueux, ce gars avait réussi à le mettre à l'aise en seulement quelques mots. Thomas pressentait qu'il ne s’ennuierait pas à ses côtés.
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Déchaussé et couché sur le lit une place, Thomas contemplait le plafond terne. Épuisé par les deux heures passées avec Yoan, il peinait à garder les yeux ouverts. Il avait découvert une salle des professeurs bien aménagée, une cafétéria immense, une cour dépaysante et surtout une bibliothèque sortant de l'ordinaire, qu'il avait hâte d'explorer plus en détail.
Odonel lui avait aussi appris qu'à l'origine l'ensemble des bâtiments abritait un monastère de l'ère moyenâgeuse. Épargnés lors de la Grande Guerre, mais réquisitionnés lors de la Seconde Guerre Mondiale par les Allemands, ils ont subi de nombreux dégâts. Après de nombreuses rénovations, d'un dispensaire dans les 30 Glorieuses, c'était devenu un lieu de savoirs et de connaissances dans les années 80. L'université s'était davantage diversifiée dès le commencement du XXIé siècle. Cette faculté avait donc une histoire, un prestige certain et Thomas se sentait privilégié d'y enseigner, de participer à sa renommée.
Le soleil déclina en douceur, petit à petit la chambre se retrouva dans l'obscurité. En pensée, il lista les choses à réaliser : faire connaissance avec son assistant, trouver un logement ainsi qu'une écurie pour Sauvage et peut-être passer son permis de conduire. Sur cette dernière note, Thomas perdit son combat contre Hypnos et s'endormit.
Fin du chapitre 2.
Avant de continuer sur le chapitre 3, je souhaiterai faire des corrections sur les chapitres 1 et 2. J'ai décidé de le faire au fur et à mesure. Sinon ça sera difficile pour moi, vu la longueur de l'histoire. Donc merci par avance pour votre patience.
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