CHAPITRE 12 : Quand l’amour devient une arme douce

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L’amour, entre les mains de l’homme, est devenu une arme. Pas une épée tranchante ni une balle rapide… Non. Une arme douce, insidieuse, enveloppée de promesses, de tendresse feinte et de mots creux. On ne tue plus avec la haine. On tue avec l’amour mal dit, mal donné, mal compris.
L’homme ne déclare plus la guerre. Il la déguise en affection.
Il ne crie plus. Il charme.
Il ne frappe plus. Il attend que tu t’attaches, et il part.
Voilà ce qu’est devenu l’amour entre les hommes : un piège où les faibles tombent, espérant y trouver refuge.
Mais ce refuge est sans toit, sans murs, sans chaleur. Ce n’est qu’un décor, une façade peinte sur la misère de nos cœurs fatigués.
Car l’homme moderne aime avec ses lèvres, mais jamais avec son âme.
Il donne son sourire, jamais sa vérité.
Il partage ses nuits, jamais ses douleurs.
Il veut tout recevoir, mais ne sait rien offrir.
Alors les plus sincères deviennent des blessés du sentiment, des voyageurs sans port, des rêveurs déracinés. Ils se renferment, se méfient, s’éteignent… parce qu’ils ont osé aimer dans un monde qui n’aime pas.
Et quand ils tombent, quand ils sombrent dans le doute ou dans la solitude, personne ne tend la main. Parce que l’amour n’a plus de mémoire. Il consomme, il use, puis il oublie.
Mais le véritable amour, celui qu’on espère sans vraiment y croire, celui que le monde a presque banni, ce vrai-là existe encore. Il se cache dans les regards simples, dans les silences honnêtes, dans la main posée sur l’épaule sans demande, sans attente. Il vit dans les marges, dans les cœurs qui battent encore pour rien, juste pour battre.
Et tant qu’il y aura un seul homme, un seul, capable d’aimer sans calcul, alors l’espoir ne mourra pas.
Mais cet homme, qui le reconnaît encore ? Qui lui répond ? Qui le croit ?
Personne. Parce que dans ce monde où l’amour est devenu une arme douce, la sincérité fait peur. La pureté dérange. Le vrai… fait fuir.
Et pourtant, c’est lui qu’on cherche tous.
L’homme contre l’homme, l’illusion de l’unité
L’amour entre les hommes, on le chante, on l’écrit, on le prêche… Mais dans les ruelles du quotidien, il s’éteint comme une chandelle oubliée. Car l’homme ne sait plus voir l’homme. Il ne voit qu’un rival, un obstacle, un tremplin ou une menace.
On parle de solidarité, mais on se méfie du voisin.
On parle de fraternité, mais on ferme son cœur au malheur de l’autre.
On parle d’unité, mais chacun trace son propre cercle et en exclut les autres.
L’amour dont on parle n’est plus qu’une promesse jetée au vent, un discours sur une scène, un slogan sur une affiche. Entre les mains de l’homme, il est devenu théorie, et non vérité. On ne s’aime pas vraiment. On se supporte par besoin. On se fréquente par intérêt. On se parle par stratégie.
Et quand l’un tombe, peu de mains se tendent.
Quand l’un souffre, peu d’oreilles s’ouvrent.
Quand l’un ose pleurer, il devient faible, ridicule, indésirable.
Alors l’homme apprend à se durcir. Il cache ses émotions. Il rit pour fuir. Il marche seul même dans la foule. Il devient une forteresse, mais à l’intérieur… il meurt lentement.
Car aucun homme n’est fait pour s’éloigner de l’amour. Même l’homme brisé, même l’homme pauvre, même celui qui n’y croit plus… au fond, il espère encore. Il espère un regard vrai, une main loyale, une épaule qui ne juge pas.
Mais dans ce monde où l’amour est devenu un masque, qui ose encore se montrer à visage nu ?
Qui ose aimer sans armure ?
Qui ose pleurer devant un autre homme et rester digne ?
Presque personne.
Et pourtant, c’est ce courage-là qui sauvera peut-être l’humanité. Pas la force, pas l’intelligence, pas la richesse — mais le courage d’aimer l’autre homme comme soi-même… sans tricher, sans attendre, sans calculer.
Ce jour-là, peut-être, l’amour ne sera plus une illusion.
Il redeviendra un pont. Une lumière. Une promesse tenue.

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