CHAPITRE 18 : L'amour envoûté
L’amour envoûté est une danse étrange,
où l’on se perd dans les méandres du désir et de la possession,
au lieu de se trouver dans l’acte pur du don.
Les hommes, dans leur quête incessante, se laissent séduire par l'illusion
que l'amour est un moyen de remplir un vide,
un vide qu'ils ne savent même pas comment combler.
Ce n’est pas un amour qui élève.
Il est figé, contrôlé, manipulé par des forces invisibles.
Un amour qui enchaîne, au lieu de libérer.
Un amour qui brûle, mais qui ne nourrit pas.
Les hommes, envoûtés par ce feu, ne savent plus comment aimer sans posséder.
Ils préfèrent voir l'autre se faner dans la souffrance,
que de tendre la main pour l’aider à s’épanouir.
Ils se délectent de la chute, de l’effritement,
plutôt que d’offrir une épaule pour soutenir, pour relever.
Car l’amour envouté, celui qui est piégé dans les chaînes de l’ego,
ne permet pas à l'autre de grandir.
Il se nourrit de la dépendance, de la faiblesse de l'autre.
Il se sent puissant dans cette emprise,
pensant que l'amour est là où il y a contrôle,
là où il y a domination.
Mais cet amour-là n'est qu'une illusion.
C’est un amour tordu, perverti par les peurs et les insécurités,
un amour qui ne veut pas voir l’autre s’épanouir,
car cela menacerait son pouvoir.
Les hommes, dans leur désir de faire mal,
ne savent plus aimer sincèrement.
Ils utilisent l’amour comme une arme,
pour garder l’autre sous leur contrôle, sous leur emprise.
Mais au lieu de nourrir, ils asphyxient.
Au lieu de soutenir, ils écrasent.
Ce n’est pas dans cet amour que l’on trouve la liberté.
La liberté est dans le don sans retour,
dans le lâcher-prise total, dans la confiance en l’autre.
Mais ceux qui sont envoûtés par cet amour déformé ne voient que leur propre reflet,
et ne peuvent pas voir l’autre comme il est réellement :
un être complet, digne, capable de grandir sans dépendre de quiconque.
L'amour envoûté, ce n'est pas l'amour véritable.
C’est une prison.
C’est une illusion de l'amour,
un piège dans lequel les hommes tombent parce qu'ils ont oublié la véritable essence de l'amour.
L’amour véritable n’enferme pas.
Il libère. Il donne. Il élève.
Alors, combien de cœurs resteront enchaînés,
jusqu’à ce qu'ils apprennent enfin que l’amour ne peut exister que dans la liberté?
Que l’amour véritable se trouve dans la capacité de se réjouir du bien de l’autre,
de lui offrir les moyens de se lever, de s’épanouir,
sans chercher à l’asservir ou à le diminuer.
L’amour n'est pas une conquête,
ce n'est pas un pouvoir que l'on prend.
C'est une floraison.
Elle ne se réalise que lorsque chacun est libre d’être soi-même.
L’amour éteint par la jalousie
La lumière de l’amour, si fragile,
peut s’éteindre sans bruit sous le souffle noir de la jalousie.
Dans le cœur des hommes, ce poison silencieux rampe,
et transforme l’admiration en rancune,
l’envie en mépris,
l’élan du cœur en rejet froid.
L’amour véritable se réjouit du bonheur de l’autre,
mais l’homme, souvent, ne supporte pas de voir son frère s’élever.
Il voudrait l’aimer, oui, mais pas le voir briller plus fort que lui.
Il l’aime tant qu’il reste à ses pieds, tant qu’il ne menace pas sa propre image.
C’est un amour conditionnel,
un amour qui devient pesant à mesure que l’autre réussit.
Plus il avance, plus l’amour recule.
Plus il rayonne, plus le regard se trouble.
Et pourtant, l’amour ne devrait jamais jalouser.
Il ne devrait pas craindre la lumière de l’autre,
mais s’y réchauffer, s’en nourrir, en être fier.
Mais dans ce monde dur,
où les hommes se comparent sans cesse,
où la valeur de l’un semble diminuer celle de l’autre,
même l’amour devient un champ de rivalités.
Alors on parle d’amitié, on parle de fraternité,
mais au fond, combien souhaitent vraiment la réussite de l’autre ?
Combien luttent intérieurement pour ne pas haïr celui qui réussit mieux,
qui est plus aimé, plus écouté, plus élevé ?
L’amour humain, quand il n’est pas pur, devient une guerre silencieuse.
On sourit, on félicite,
mais au fond du cœur, on brûle de voir l’autre tomber.
Pas par méchanceté pure, mais parce qu’on ne s’aime pas assez.
Parce qu’on croit qu’aimer l’autre, c’est perdre une part de soi.
Ce n’est pas l’autre qui est trop grand,
c’est soi-même qu’on a rétréci.
L’amour jaloux n’a pas d’avenir.
Il pourrit de l’intérieur. Il se déguise en bienveillance,
mais il guette la moindre faille pour se réjouir en secret.
Il est l’ennemi de l’amour vrai, de l’amour qui construit,
de l’amour qui pardonne, qui porte, qui élève.
Et tant que les hommes n’apprendront pas à se réjouir sincèrement du bonheur de l’autre,
ils resteront prisonniers d’un amour malade.
Un amour qui donne des coups quand il devrait consoler.
Un amour qui juge quand il devrait comprendre.
Peut-on alors parler d’amour,
quand le cœur se ferme dès que l’autre devient plus ?
Peut-on encore croire en ce lien,
quand il dépend du niveau de lumière de l’autre ?
Non.
Tant que l’amour sera jaloux,
il ne sera qu’un mirage.
Une fausse chaleur qui brûle plus qu’elle ne réchauffe.
Un poison au goût de miel.
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