Mon année scolaire continue son cours sans trop de problèmes. Avec la fatigue des fêtes, la plupart des professeurs et des élèves sont passifs et un brin fainéants. Je m'ennuie un peu. Mes potes sont un peu à l'ouest.

Ils s'étonnent de ma perte de virulence à propos des méfaits des moldus. De mes moments de presque gentillesse depuis septembre. Ils prennent plutôt bien ce changement et sont ravis de me voir plus détendu.

Je m'aperçois que la pression familiale est importante pour beaucoup d'entre eux. Ils affichent des attitudes et opinions qui ne sont pas les leurs. Pour être de bons enfants et ne pas faire honte à la famille. Ma bande de persécuteurs s'adoucit de plus en plus. Nous continuons à jouer des mauvais tours et à émettre des commentaires sarcastiques, de moins en moins blessant, de plus en plus sale gosse que connard.

Pour l'instant, seuls les Serpentards bénéficient de cette clémence de la part de mes potes. C'est déjà un immense progrès. Je respire de mieux en mieux en me libérant du poids de l'oppression familiale. Par petites touches, je me montre amical avec tous. Sans en faire trop non plus, pour ne pas éveiller les soupçons de Bellatrix.

Une nouvelle source de joie et de distraction arrive. Un de mes potes, Niles, s'est pris de passion pour les potions. Il expérimente des recettes de plus en plus folles. À chacune de ses tentatives, il se passe un truc marrant. Parfois, son chaudron explose. Le plus souvent, il pue la chaussette sale. J'ai donc appris à maîtriser le sort de stase pour parer à l'urgence.

Parfois, je suis trop lent et mon pote redécore les murs ou nous oblige à une douche de toute urgence, la peau ou les yeux nous brûlant. Le plus souvent, ce sont nos narines qui morflent. Les boules puantes moldus ou mon bain forcé de lisier en début de seconde année n'étaient pas aussi nauséabonds que les expériences foirées de mon pote.

Mon camarade est l'un des meilleurs en cours de potions. Sous surveillance, il est excellent. Le professeur Bordial l'encourage bien qu'il lui déconseille de faire des expériences sans sa surveillance.

La dernière fois, la potion s'est mise à devenir multicolore. Un véritable arc-en-ciel en chaudron. Le professeur en a prélevé. Il a ensuite testé sur une feuille de papier qui s'est transformé en origami de licorne. Le professeur Bordial a tenté de déposer une autre goutte sur une fleur sans aucun résultat.

Le professeur et Niles étaient ravis. Une nouvelle potion venait d'être créé. Qui ne sert pas à grand chose, mais qui est drôle. Alors que mon pote exhibait fièrement son flacon dans la salle commune en racontant toutes les merveilleuses propriétés, c'est-à-dire juste transformer les papiers en origami licorne, Maeve lui vole le récipient.

Cette chipie ouvre le flacon et le renifle. Fuyant Niles inquiet, elle se verse une goutte dans la main. Tout le monde se mit à la regarder avec intérêt. Maeve se transforme en une espèce de petit ange aux courbes féminines adulte.

Je vois à son sourire que la potion n'avait eu aucun effet sur elle. Maeve fait cela pour faire plaisir à mon pote, pour l'encourager à travailler sa potion. Ou alors, c'est une façon de le remercier d'avoir offert l'origami à Charline.

Voilà que sous sa forme ailée et aux courbes affolant les messieurs présents, c'est-à-dire les mecs de Serpentards, Maeve se met à sautiller en imitant Charline et son émerveillement devant la magie. Je me pisse dessus de rire devant cette comédie loufoque.

Le seul qui ne croit pas un seul instant le numéro de Maléfique est Horace qui tente désespérément de lui faire enfiler une cape ou tout autre vêtement lui couvre un peu plus le corps.

Maeve s'amuse à demander l'avis de chacun des messieurs présents sur la beauté de ses ailes en sachant pertinemment que cette bande de pervers reluque ses fesses ou sa poitrine. Je la soupçonne de s'ennuyer également et de profiter de cette occasion pour mettre un peu de boxon. J'ignore ce qui distrait le plus Maeve, faire baver les mecs, faire enrager de jalousie les filles ou casser les pieds à son grand frère protecteur.

Je dois reconnaître que le corps qu'elle s'est choisi est particulièrement plaisant et bien que ses vêtements couvrent l'essentiel, ce qui se devine dessous est plus qu'alléchant pour la bande de débiles aux hormones en ébullition dont je fais partie. Je m'aperçois vite en observant cette chipie qui tente d'échapper à Horace, que Maeve modifie son corps en fonction du garçon qui se trouve en face d'elle.

À un moment, alors qu'elle est en face de moi, elle ose commencer à teindre ses cheveux en couleur de feu et modifie son visage pour ressembler à sa sœur Charline. Horace pointant le bout de son nez, ce sale gosse me fait un clin d'œil avant de reprendre son apparence angélique.

Face aux filles, Maeve gonfle davantage ses seins pour les faire criser un maximum. Seule Charline s'extasie sans aucune jalousie devant la nouvelle apparence de sa sœur. Sarah et Louise lui tirent la langue, consciente des réelles motivations de cette adorable enquiquineuse.

Oliver est absent, Jamie ricane de malice quand Maeve se modifie devant lui. Je me demande bien de qui elle a pris l'apparence. Gambadant dans toute la salle commune, Maeve fait faire du sport à Horace qui n'obtient le secours de personne, soit par amour masculin du spectacle, soit par peur féminine des représailles.

Niles saute lui aussi de joie devant cette nouvelle capacité de sa potion et danse avec Maeve sans arrière-pensée. Cet abruti veut nous faire boire la potion. Il subit des sorts en représailles, qui sont contrés par Maléfique défendant son preux chevalier qui lui a fait un si joli cadeau. Le sketch dure près d'une heure.

Je finis par avoir pitié d'Horace en nage et lance un sort créant une petite prison sous forme de dôme de verre autour de la chipie. Quand Maeve reprend son apparence normale et fait une dernière bise à mon pote aux yeux de gamin, le calme revient enfin dans la salle commune. J'ai mal au ventre à force de rire.

Aucune doute, cette fille est une Serpentard. Mon pote a de l'avenir dans la création de potions ou d'objets de farces et attrapes. La passion de Niles me fait peur parfois. Elle me fait rire le plus souvent. Surtout quand il fait des ravages olfactifs.

Vacances d'hiver. En raison de la surveillance accrue du manoir, Bellatrix me permet de partir avec Louise et plusieurs de mes potes dans une station de ski sur invitation des parents de l'un d'eux. Mon oncle et ma tante sont chez eux, au manoir Malefoy pour calmer les rumeurs. Ils sont en sécurité.

Louise étant la seule fille de notre groupe, elle est chouchoutée comme une princesse. Je ne sais d'ailleurs pas comment elle fait pour supporter une bande de crétins adolescents comme nous.

La testostérone oblige, voilà que débute une semaine de compétition sur qui fait les figures de ski les plus improbables, qui avale le plus de tartiflette ou qui est le plus rapide à ski. Tout cela est entrecoupé de batailles de boules-de-neige géantes et de réveils glacials à l'aide de seau de neige. Des vrais petits cons aux hormones débutantes qui ravagent la station de ski et épuisent les quelques adultes présents.

L'infirmière de la station de ski voit l'un de nous débarquer chaque jour, parfois deux. À force de faire des compétitions, nous nous cassons des os et d'autres bobos qui, fort heureusement, se guérissent rapidement avec l'aide de la magie. Si cela ne vient pas de nos hormones voulant prouver notre virilité, c'est notre côté maladroit qui ressort. Les vols planés sur les plaques de verglas ou les brûlures par tartiflette trop chaude se multiplient. Des fois, je me demande comment on fait pour ne pas se tuer tellement on est cons et pas doués.

Louise est d'une patience.... Même moi, je m'auto-soûle par moments. Lorsqu'on va trop loin, nous nous faisons pardonner en couvrant Louise de câlins et de bisous, ou de petits cadeaux. Chaque matin, l'un de nous affronte le froid et va lui chercher des pains au chocolat à la boulangerie. Chaque jour, l'un de nous lui offre un chocolat chaud à la pause de dix-heures ou son dessert à midi, des sucreries au goûter...

Nous sommes tellement chiants et elle est si douce que nous nous sentons coupables de faire autant de conneries. Elle a plus d'influence sur nous que les adultes et elle contient une grande partie de nos âneries naissantes. Louise stoppe nos futures débilités d'un seul mot ou regard paniqué. Nous répondons à ses demandes de calme ou de câlins et arrêtons illico nos projets périlleux.

Louise nous manipule avec tellement de facilité et de douceur que nous ne protestons pas. Même si on se rend compte qu'elle nous mène par le bout du nez. J'adore Louise. Moi qui la prenais pour une fille stupide enfant, je me rends compte chaque jour qu'elle est bien plus maligne et dégourdie que la plupart des gens. En plus, elle excelle dans la manipulation par papillonnage de cils.

Un de mes potes a trouvé la cachette de la réserve d'alcool de la boutique de la station. Il veut tenter en douce d'en dérober. Évidemment, il ne parle pas de ce futur crime à Louise et nous nous retrouvons à cinq mecs à forcer l'arrière-boutique en pleine nuit par un froid glacial. La porte cède facilement sous nos assauts. Mes potes commencent à goûter aux délicieuses liqueurs. Sauf qu'ils n'ont jamais bu d'alcool et sont presque à jeun, le repas du soir étant loin.

En quelques minutes, ils sont tous ivres et ingérables. Je suis le seul en état de réflexion et je tente de les empêcher d'exécuter les idées saugrenues qui leur viennent à l'esprit. Un par un, je les statufie à l'aide d'un Stupéfix pour les empêcher de nager dans la fontaine gelée, de se battre avec un sapin, de conduire la déblayeuse à neige.

Quand Niles se met à genoux dans la neige pour déclamer un poème d'amour à une statue qu'il prend pour Maeve, j'attends un peu, je le filme pour envoyer ce film dans la matinée à la petite chipie.

- Maeve, oh ravissant ange aux ailes aussi sombres que la blancheur de ton âme,

Magnifique sorcière pour qui mon cœur s'enflamme,

Tout chez-toi me rend chose et je suis fou de tes yeux violets.

Malheureusement pour moi, le plus souvent, ils me font flipper.

Maeve, accepte mon amour sincère.

Et j'essayerais de retenir la date de ton anniversaire.

Moment mémorable qui j'immortalise avant de stopper le ridicule et de le statufier. Après, je fais léviter mes potes jusqu'à leur lit et les assomme avec un bon sort pour qu'ils dorment. À leur réveil, Louise et moi et aussi quelques adultes qui ont compris, nous nous réjouissons de faire le plus de bruit possible pour accentuer leur gueule de bois et le mal de crâne qui suit.

Niles m'insulte quand je lui montre la vidéo et que je l'envoie sous ses yeux à Maeve. Cette chipie lui envoie une paire de lunettes de soleil et une boite de cachets d'aspirine par Hibou quelques jours plus tard.

Louise exploite son nouveau talent dès le retour de vacances. Plusieurs garçons de Serpentards et d'autres maisons en font les frais. Je me régale à la voir s'exercer. Louise est ravissante. Elle désarme des tonnes de situations d'un battement de cils.

Le mieux, c'est quand un type oublie ce qu'il voulait dire. Quelle chipie. Une vraie Serpentard, manipulatrice et séductrice. Elle n'a aucune peur de s'attirer des ennuis. Le premier qui la touche, je le transforme en kebab.

Juste pour l'embêter, je me transforme en type jaloux et possessif. Je terrorise les mecs pour rire. Dès que Louise fait sa mignonne, j'interviens et menace à mots couverts ou par faux regards tueurs le pauvre bougre. C'est tellement amusant et si puéril comme jeu. Plusieurs personnes nous croient en couple de nouveau.

Ils pensent que Louise s'amuse à titiller ma jalousie soit disant maladive. D'autres pensent que je n'ai pas encore réussi à lui faire ma déclaration. Il n'y a que mes potes et Maeve qui savent que je m'amuse et voit Louise comme ma petite sœur. Je me comporte comme un frère surprotecteur et complice. Ses moments de chamailleries fraternelles égayent la triste routine scolaire.