Course poursuite

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— Manu, je ne voudrais pas t'inquiéter mais il y a une voiture qui nous suit depuis cinq minutes. C'est bizarre je ralentis, elle aussi tout en gardant ses distances.

Je vois au regard que me lance Manu qu'il n'est pas vraiment convaincu.

— Peut-être, juste une coïncidence.

— Eh bien accroche-toi, on va être vite fixé. Allez ma jolie, montre moi ce que t'a sous le capot. Manu, te fous pas de moi, d'habitude je ne parle pas à la voiture. Mais un peu d'encouragement serait le bienvenu.

— Tu as prévu de …

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase et de réaliser ce que je vais faire. Les quelques séances de kart que j'ai pu faire ado vont peut être me servir. D'un seul coup j'appuie sur le frein juste assez pour voir quelle sera la réaction de notre poursuivant. Ma manœuvre a l'effet escompté. La voiture se rapproche de plus en plus de notre pare-choc arrière. Le conducteur donne un coup de volant pour nous éviter, j'entends au même moment, hurler Manu.

— Putain Zach, elle va nous rentrer dedans.

— T'inquiète, je gère.

— T'a intérêt sinon le voyage s'arrête ici.

Aussitôt dit aussitôt fait, j'enclenche la troisième, monte la quatrième, pour gagner en vitesse. 130…140…160 sur le troisième fil, l'autoroute est déserte à cette heure. La voiture maintient la distance.

— Une coïncidence, tu es sûr, alors pourquoi elle est encore collée à nos basques ?

— Tu veux dire ?

— Que le hasard, je n'y crois pas. Alors c'est maintenant où jamais.

— Tu entends quoi par là ?

— Au choix, tu fermes les yeux et tu me fais confiance ou tu les gardes grands ouverts et tu regrettes de m'avoir suivi. Non, je ne suis pas barge. Juste une terrible envie de vivre.

Manu j'espère juste qu'après ça tu voudras toujours croire en moi. J'appuie le pied sur le plancher, le compteur de la voiture affiche 180 km heure, je sens les vibrations du moteur, j'essaie de garder le contrôle même si j'ai conscience que la moindre erreur nous sera fatale. Je garde un œil sur le rétroviseur intérieur et je panique en ne voyant plus les phares de la voiture. Ils apparaissent soudain dans mon point mort, je remets un coup d'accélérateur. Plus rien à perdre, j'ai repéré deux alliés: un camion s'esquisse au loin et le panneau de sortie à mille mètres. Si je réussis, on devrait s’en sortir.

— C'est le moment.

— Pour …

— …s'envoyer en l'air.

— Tu déconnes.

— Jamais.

Je me positionne à la hauteur du trente trois tonnes, déboite, attends un maximum, réaccélère et lui fait une queue de poisson pour m'engager sur la bretelle de sortie 23. L'autre voiture reste coincée entre la barrière de sécurité et le camion. Par chance pour nous, le premier virage de la rampe de décélération n'est pas consécutif sinon nous aurions fini sur le capot. Les pneus crissent.

— Allez, ouvre-toi. Manu, tu es sûr que le badge de ton père fonctionne ?

— Aucune idée.

— Allez magne-toi la barrière, pas le temps de sortir la monnaie.

Nous franchissons l'obstacle sans encombre et sortons de l'autoroute. Je vérifie une dernière fois que la route est libre et m'engage sur la départementale. L'obscurité nous enveloppe.

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