Le spectacle est fini

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Monsieur muscle bouscule sa sœur sur notre table. Les boissons se renversent, la fille crie. La musique de jazz si plaisante s’arrête aussitôt.

— Roger, regarde ce que tu as fait ? Excusez-le, messieurs…

On se regarde tous les quatres. Zach est à deux doigts de foncer sur lui. Jérémie retient Maël qui n’a qu’une envie, qu’on lui donne le feu vert pour le bastonner.

— Tu vas pas prendre la défense de ces suceurs de bites !

— Laisse-les tranquilles, t’es bourré, alors fais pas le con, ajoute la fille en haussant le ton.

— Lâche-moi, je suis pas bourré d’abord, j’en ai juste ras-le-cul de tous ces pédés qui s'affichent en se croyant tout permis.

J’hallucine, ce connard déblatère sa haine le plus simplement du monde. De son regard mauvais, il me fixe. Je serre les poings pour empêcher mes mains de trembler.

— Et toi, qu’est-ce que t’as à me reluquer, t’as envie de moi, c’est ça ? dit-il en faisant un pas vers moi.

— T’approche pas ou tu auras à faire à moi, lui ordonne Zach, hors de lui.

— Allez viens, je t’attends, sale tantouze !

— Stop, ça suffit maintenant, crie Roberto, une batte de baseball dans la main. Tiens, attrape ça, Maël.

Celui-ci la récupère au vol et fait face à Roger, en donnant de petites tapes de batte dans sa main.

— Madame, dites à votre frère de dégager en vitesse, sinon, on lui casse sa gueule de con.

Silencieux jusqu’à présent, les deux copains du gros connard décident de se lever.

— Allez viens, Roger, on va trouver un autre endroit pour s’en jeter un dernier.

En sueur et dégoûté que la situation lui échappe, Monsieur connard finit par cracher un gros molard à nos pieds, avant de tourner les talons, avec sa clique. Je lâche un gros soupir de soulagement.

— J’aurais dû appeler directement les flics, nous dit Roberto.

— Avec des mecs comme lui, laisse tomber, le coupe Jérémie, il aurait mérité qu’on lui fourre la batte dans son derrière pour élargir ses horizons, dit-il avec un sourire en coin.

On se regarde tous et éclatons de rire.

— Je vous paye un autre verre les gars ?

— C’est gentil Roberto, mais je crois qu’on va rentrer. Il est l’heure de notre petite sauterie à quatre, non ? enchaîne Jérémie, tout content de sa connerie.

De nouveau, on se marre, sauf Zach qui ne peut s’empêcher de lui répondre :

— Tout doux, Jérémie, ce sera sans moi, je préfère regarder.

— Pardon, j’ai bien entendu ? lui répond son ami en écarquillant les yeux.

Zach, tout rouge, se reprend aussitôt.

— … Mais non, c’est pas ce que je voulais dire…N’allez pas croire que…

— Assume mec ! ajoute Maël, hilare.

— Arrêtez de vous foutre de moi, dit-il en essayant cette fois-ci de prendre ça à la rigolade.

Pourtant, je vois bien qu’il ne sait plus où se mettre. Le voir ainsi le rend encore plus craquant. Il me regarde, cherchant manifestement mon aide. Mais comment l’aider ? D’abord, j’ai surtout envie de le rassurer pour le baiser de Maël, j’espère qu’il a compris que c’était du fake et seulement pour rire ! Je ne devrais pas en douter puisque lui aussi a joué le jeu en m’embrassant. Bon ok, ce n’était qu’un smack, mais tout de même ! Et si je profitais de la situation ? Allez Manu, c'est maintenant ou jamais.

Je lui saute dessus, plaque ma main sur sa bouche et vient coller la mienne.

— Oh Zach, désolé, c’est plus fort que moi ! J’ai trop envie de t’embrasser ! dis-je, mort de rire.

Ses yeux plongent dans les miens. Ils me fixent quelques secondes qui me semblent durer plus que de raison. Il ne cherche plus à s’extirper de mon emprise pour stopper mon petit jeu provocateur. Ce n’est plus la surprise que je lis dans son regard, mais une lueur de défi. Il plaque fermement ses mains autour de ma taille. Il vient coller son torse contre le mien. Sa chaleur m’enivre sans prévenir, puis d’un geste, il retire ma main de sa bouche. Le sourire qu’il m’offre à ce moment précis me fait littéralement fondre. Je retiens ma respiration et sans que j’ai le temps de réaliser quoi que ce soit, il vient poser ses lèvres sur les miennes. Elles sont douces et brûlantes. Je viens d'être pris à mon propre jeu. Hé ho, qu'est-ce qui se passe, j'étais pas prêt ! J’ai l’impression de décoller du sol telle une fusée de feu d'artifice qui explose en plein vol. Ou mieux, tels des supers héros fantastiques, créant une bulle énergétique protectrice autour de nous. Un véritable havre de paix, invisible pour tous. Je suis en train de triper grave, je sais, et alors ?

C’est à ce moment-là que le groupe de jazzmen, sans prévenir, reprend avec entrain son morceau de musique, ce qui ne manque pas d’ajouter un brin de magie à notre baiser. Dans mon dos, Jérémie et Maël hurlent de rire et sifflent.

— Wouah… Hé Zach, on croyait que tu voulais juste matter ! Attendez d’être arrivés à la maison ! dit Roberto, qui secoue la tête.

— Roberto a raison, contrôlez vos hormones les garçons ! raille Maël.

Je sens Zach se contracter légèrement, mais reste collé à mes lèvres. Sa langue s’insinue dans ma bouche pour mon plus grand bonheur. Il n'y a pas la moindre hésitation de sa part. L’excitation gagne mon corps tout entier. Sa main se décolle de ma taille et du coin des yeux, j'aperçois le doigt d’honneur qu’il adresse aux garçons qui ricanent de plus belles.

— Vous allez rester là longtemps, parce que nous, on y va, s’impatiente Jérémie.

Zach finit par me lâcher la taille, mais nos yeux refusent de se quitter. L’audace que j’ai lu dans les siens quelques instants plus tôt a disparu. Il cède à cet insaisissable trouble de celui qui vient de découvrir dans son être le plus vrai, cet énigmatique émoi qui vous transperce et vous bouleverse, sans que vous puissiez y résister. Oui, je sais, beaucoup diraient que j’en fais des caisses, mais ce qui vient de se passer est juste le truc le plus énorme qui me soit arrivé depuis bien longtemps. Zach Dos Santos Carvalho Simao vient de me rouler une pelle. Un vrai french kiss.

Il me lance un clin d'œil, avant de s’adresser aux garçons.

— Le spectacle est fini messieurs, on peut y aller !

Coupez, les gars, on l'a refait. ce n’était pas du prévu dans le scénario. La scène est réussie mais j'ai envie de la refaire une autre fois. Dix fois même. Aussi longtemps qu'il le faut pour être sûr que je ne rêve pas. Que c'est bien à moi que tout ça arrive.

Je reste sur place, hébété, comme une princesse qui vient de se faire embrasser par le prince charmant. J’aurais envie de sauter partout et crier au monde entier que je suis le plus heureux des hommes. Cette fois, Zach était maître de lui, il ne pourra pas prétendre que c'est l'alcool qui a parlé à sa place. Aucune excuse possible ne saurait être valable. Et en plus, il y a des témoins.

En attendant, je suis inccapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Que va-t-il se passer à présent ?

************************

Et voilà, c'est fini... Pour cette semaine.

La publication de deux chapitres par jour était notre petit cadeau pour célébrer à notre manière les fêtes de fin d'année à venir.

Nous vous souhaitons de beaux moments familiaux et/ou entre amis. Reposez vous bien (si possible) et amusez-vous !

A très vite !

Attrape rêves et Tom.

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