Des larmes de joie

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Chapitre écrit en écoutant en boucle : Illusion of Time (Teodor Wolgers Rework) de Daniel Avery. https://www.youtube.com/watch?v=BT5vRD0vW5o

*

Au cœur de la nuit, la douce odeur de nos ébats flotte encore au-dessus de nous. Les respirations tranquilles de Zach me bercent, j’ai du mal à réaliser ce que nous avons partagé ce soir. Je n’ai pas de mot, tellement c’était magique. Je n’ai jamais ressenti une telle alchimie entre deux corps. Nous étions véritablement nous-même, libres et conscients de chaque geste de plaisir que nous donnions à l’autre. Certes, je n’ai pas beaucoup d’expériences en la matière, mais pour moi, c’était le top niveau. Je me sens comme sur un nuage de coton, délivré de toutes tensions superflues.

Je sais que le jour saura progressivement effacer la beauté de cette nuit. J’ai peur que mes démons reviennent à la charge. La perspective de passer tout l’été avec Zach est alléchante bien sûr, mais l’idée de m’envoler pour l’Irlande fin août me serre déjà le cœur. Si Fabrice et Étienne étaient à mes côtés, ils m’encourageraient à vivre pleinement le moment présent, car lui seul existe. Il serait temps de les écouter une bonne fois pour toutes.

*

Ce matin, une lumière différente vibre en moi. Tout est pareil que la veille et si différent à la fois, c’est étrange comme sensation. Me laisser aller comme je l’ai été m’a fait le plus grand bien. Zach m’a donné, avec la bonté qui le caractérise, toute la légèreté dont j’avais besoin.

Allongé à côté de moi, il dort profondément. Les rayons du soleil parcourent les courbures de son dos jusqu’au bas de ses reins sur lequel repose un drap mince. Je le trouve si beau, si désirable. Je pourrais le contempler encore et encore, indéfiniment je crois. Je cherche du regard mon téléphone mais ne le trouve pas. Tant pis ou plutôt tant mieux. Mes yeux serviront d’appareil photos. Je le mitraille pour en choisir une belle, une qui me plaît vraiment. Je conserve cette image virtuelle précieusement dans ma tête, dans mon coffre à souvenirs. Je pourrais la convoquer à n'importe quel moment pour me rappeler ce bel instant de splendeur.

Je me lève doucement, quitte notre refuge, en faisant le moins de bruit possible. Mes pas me portent jusqu’à l’océan. Il est encore tôt, je suis le premier à fouler le sable froid de la nuit. Je regarde chacune de mes traces s’inscrire dedans. L’écume vient lécher mes orteils. L’eau me paraît glacée. Les mains dans les poches, je contemple la mer d’un bleu profond. Je me surprend à constater que mon esprit est aussi calme qu’elle. Mes respirations libres et harmonieuses viennent emplir mon ventre et mes poumons. Mon corps tout entier se réveille naturellement.

Il me reste un mois à passer avec Zach, à me prélasser à ses côtés sur la plage, comme des princes dans notre royaume. À faire l’amour dans la cabane aussi souvent que nos corps nous le réclameront. Je n’ai aucune envie de gâcher ses moments que je pressens inoubliables. Le bonheur est à ma portée, pourtant au plus profond de moi, il y a cette petite voix qui me rappelle mon besoin viscéral de partir découvrir d’autres horizons, d’autres visages. J’ai construit ce projet à l’étranger, je n’ai pas envie de tout abandonner, même si mon cœur à présent ne tardera pas à me dicter une voie plus rassurante, celle de rester près de ce garçon si attachant.

Cela fait-il égoïste ? Je ne le crois pas, car il n’est plus utile à présent que ma peur ou mon égo continuent à diriger ma vie. Il est temps pour moi d’évoluer et de comprendre qui je suis vraiment. Pour cela, j’ai la volonté de suivre ce sentiment irraisonné mais si indispensable à mon être : mon intuition. Je me sens prêt à apprendre à l’écouter dans les moindres subtilités et surtout à lui faire confiance.

À partir d’aujourd’hui et pour le reste de ce séjour qui me restent à passer avec Zach, je me fais la promesse de ne plus l’importuner avec tous mes tourments inutiles. Je n’ai plus envie d’avoir d’inquiétudes sur lesquelles me jeter. La peur, la colère ou la souffrance que j'ai ressentis depuis le début de cet été totalement fou ne m’atteindront plus. Je commence à saisir intérieurement les paroles bienveillantes et la sagesse de Fabrice. Il va me falloir surmonter mes parts d'ombre, prendre véritablement conscience de leur présence, faire naître dans mon corps et mon esprit l'intention de ne plus les fuir mais de les regarder en face. Plus besoin de les affronter mais les reconnaître pour mieux les accueillir avec tendresse et compassion.

Je ne souhaite plus jamais oublier que je suis un hypersensible, plein d’énergie et d’espoir. Ma sensibilité ne sera plus une faiblesse. Au contraire, elle fait ma force et saura percevoir, au-delà de mon propre horizon, l’infini de mes possibilités. Elle me guidera à travers mon chemin avec ou sans la compagnie de ce garçon aux fucking blue eyes. Il m’a permis de retrouver toute la confiance qu’il me manque parfois, de me dépasser et m’aidera à devenir un homme meilleur. Car ce qu'il m'a montré et donné sans réserve, c'est le pouvoir inégalable du cœur. Cet amour est inestimable et si précieux. Je le sens au plus profond de mon corps, de mes cellules. Ce qui vibre en moi, ce n'est pas seulement l'intention d'aimer, c'est aussi la capacité que j’aspire à visiter, celle d'alléger la douleur et celle d'offrir la paix et le bonheur.

Je marche lentement le long de la plage avant de choisir un endroit sec pour m'asseoir. De mes mains, j’enserre mes genoux. Je sens venir l’émotion libératrice que j’attendais depuis longtemps. Inutile de résister. Des larmes coulent sans effort le long de mes joues. Des larmes de joie. Ce bonheur parfait auquel je viens d’accéder cette nuit avec Zach a bel et bien existé. J’ai encore du mal à réaliser. Des frissons parcourent tout mon être. Je me met véritablement à trembler, c’est plus fort que moi. Là encore, il serait absurde de se retenir. Peu à peu, mon corps se calme, mes larmes se tarissent. Je souris à moi-même, je sens un soulagement diffus et apaisant. C’est une telle liberté à cet instant !

Cet été, j'ai également pris conscience qu'il est essentiel pour moi de prendre le temps de définir ce qui est nécessaire pour mon bonheur. Désormais, je me fais la promesse de ne plus être triste si je dois laisser derrière moi les êtres qui me sont chers. Ils seront toujours là dans mon cœur, même si nos routes se séparent. Qui sait ce que la vie nous réserve ? Elle est trop courte pour ne pas lui faire honneur et l’embrasser pleinement, avec légèreté et passion.

Les potentialités de mon être sont immenses. J’ai envie de savourer, d’explorer cette soif irrépressible de vivre et d’aimer. Champ libre à l’horizon, yeaaaah !

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