Chapitre 3 – Ayung Resort & Spa

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La route s’était enroulée sur elle-même, serpentant entre les rizières et les pentes ombragées, avant de plonger doucement dans un tunnel de verdure. À mesure que nous approchions, le silence s’épaississait. Plus de scooters. Plus de klaxons. Juste le chant des insectes, le crissement discret des pneus sur la pierre, et la rumeur de la jungle alentour.

Quand le van s’est arrêté devant l’entrée de l’Ayung Resort, j’ai levé les yeux.

Le portail en bois sculpté s’ouvrait sur une allée bordée de torches et de statues de pierre moussue. Au fond, le hall d’accueil ressemblait à un temple ancien : colonnes ouvertes, toits en chaume, tentures flottantes, et le parfum entêtant du bois brûlé et du frangipanier.

— Welcome home, dit Wayan dans un sourire, en ouvrant ma portière.

Je suis sortie du van. Mes jambes étaient engourdies, mes reins douloureux, mais j’ai respiré profondément. L’air était tiède, saturé d’humidité et de fleurs. Ma peau a bu cet instant. Je me sentais moite, sale, enfoncée dans mes vêtements, mais étrangement… vivante.

À l’accueil, une femme m’a tendu une boisson glacée à la citronnelle et un bracelet de fleurs fraîches. Je l’ai remerciée en anglais. Elle m’a tendu une clé en bois sculptée, numérotée à la main.

— Villa 5, whispered jungle view. Enjoy your stay, Madame.

Pas de papiers. Pas de signature. Juste le silence des lieux, les pas de Wayan qui me précédaient dans un petit chemin pavé de pierres grises, entouré de plantes tropicales. La jungle semblait vouloir entrer dans le resort, s’y glisser, l’enlacer. Des lianes pendaient entre les branches. Des bruits d’eau, des cris d’oiseaux. Et toujours, cette chaleur. Pas agressive. Enveloppante.

Je me suis tue. Mon sexe battait doucement. Mon dos me lançait. Mon ventre était tendu.

La villa s’ouvrait sur une terrasse en teck, un lit de jour garni de coussins blancs, et, au-delà, la jungle qui tombait à pic dans la vallée. Pas de vis-à-vis. Juste le vert. Une rivière invisible coulait quelque part, tout en bas. Elle chantait sans se montrer.

À l’intérieur, tout respirait le luxe discret : sol en pierre volcanique, grand lit à baldaquin couvert de moustiquaire, salle de bain ouverte avec vasques taillées dans la roche, et, derrière une baie vitrée, une douche extérieure cernée de fougères.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dit Wayan doucement, téléphone dans la chambre.

Il a posé ma valise, m’a souri, puis est ressorti en refermant la porte derrière lui.

Je suis restée seule. Enfin.

J’ai fermé les yeux. L’odeur du bois, de la terre, des fleurs. Le silence.

J’ai retiré mes chaussures. Puis mon gilet. Puis le reste.

Je suis restée nue, debout, dans cette villa ouverte à la jungle. Le soleil, en train de tomber, projetait des ombres longues sur ma peau. Je sentais la sueur dans le creux de mes seins, entre mes cuisses. Mes pieds collaient au sol. Mes cheveux, défaits, pendaient lourdement dans mon dos.

J’ai soupiré.

Je suis entrée dans la douche extérieure. L’eau était chaude, mais pas brûlante. Elle coulait en cascade sur mes épaules, mes seins, mes fesses. J’ai penché la tête en arrière, ai frotté mon sexe encore sensible. Mon clitoris, engourdi mais présent, a répondu par une contraction douce. Pas un appel. Juste une présence.

Je me suis lavée lentement. Avec les mains. Avec la paume. J’ai passé du savon à la citronnelle entre mes jambes. J’ai massé mes cuisses. J’ai laissé l’eau rincer les kilomètres, les heures d’escale, les douleurs du siège.

Je suis sortie nue, ruisselante, ai attrapé une serviette moelleuse. Je ne me suis pas séchée tout de suite. J’ai marché lentement sur le sol de pierre, l’eau coulant le long de mes jambes. Mon ventre était détendu. Mon sexe, ouvert. J’avais envie. Pas de quelqu’un. Pas de sexe.
De moi.

Je me suis allongée sur le lit, nue, les draps frais contre mon dos encore humide. J’ai regardé la moustiquaire flotter doucement.
Et j’ai souri.

La nuit était tombée sans bruit. Une tombée lente, moite, enveloppante. Pas de fracas, pas de ville. Juste le chant profond des grenouilles au bord de la rivière, les bruissements des feuilles géantes dans le vent, et quelques insectes qui traçaient des arcs invisibles dans la pénombre.

La villa était baignée d’ombres. Quelques lampes diffusaient une lumière chaude, orangée, qui dansait sur les murs de pierre. J’avais laissé toutes les baies vitrées ouvertes. Pas de moustiques. Pas encore. Ou alors ils me laissaient tranquille ce soir. Par respect. Par chance.

Je m’étais changée.

Un string en dentelle noire, presque transparent. Un kimono court en satin blanc, ouvert sur la poitrine. Mes cheveux, encore humides, tombaient en cascade sur mes épaules. Mon corps brillait légèrement dans la pénombre, luisant de chaleur, de voyage, de renaissance. J’étais vivante. Entière. Seule. Et c’était délicieux.

Je me suis installée sur le lit, jambes croisées, la peau fraîche contre les draps. J’ai allumé une petite enceinte bluetooth, lancé une playlist de sons balinais : flûtes, percussions lentes, gongs profonds. Puis j’ai attrapé un petit sachet de ma valise.

Je l’avais glissé là avant de partir, avec soin. Comme un secret précieux. À l’intérieur, mon vibromasseur préféré. Petit, noir, silencieux. Le genre d’objet qu’on n’a pas besoin de regarder pour comprendre. Il sait. Il apprend.

Je l’ai tenu dans ma paume un instant. Mon cœur battait plus vite. J’ai posé ma main sur mon ventre. Mon clitoris n’était pas encore en alerte, mais il s’éveillait. Lentement. Comme si tout en moi s’alignait, enfin.

Je me suis allongée, jambes légèrement ouvertes. Le tissu du kimono avait glissé. Mes seins nus, pointés vers le plafond, respiraient à l’unisson. J’ai passé l’embout sur ma peau. Mes cuisses. Mon bas-ventre. Puis enfin… entre mes lèvres.

Une onde. Douce. Électrique. Humide. Ma respiration s’est accélérée. Pas trop. Juste ce qu’il fallait.

J’ai fermé les yeux. Loin, dans la jungle, un cri d’animal inconnu a retenti. Un long râle grave, presque humain. Mon corps s’est tendu. J’ai accentué la pression.

Mon autre main caressait ma gorge, descendait entre mes seins, pinçait légèrement un téton tendu. J’avais chaud. J’avais envie. Pas de quelqu’un. Pas d’amour. Juste de moi. D’être là. Complètement. Présente à chaque pulsation.

Le vibromasseur vibrait plus fort. Mon clitoris s’était gonflé. Mes hanches bougeaient à peine. Je m’écoutais. Je me suivais.

— Oui…

Le mot est sorti tout seul. Une plainte. Un appel vers rien. Vers moi-même.

Je me suis jouie sans violence. En silence. Une secousse douce. Une vague chaude. Une montée lente suivie d’un frisson. Puis je me suis relâchée, le ventre contracté, le souffle court. Le jouet glissait encore entre mes lèvres. Mes doigts tremblaient à peine.

J’ai laissé le vibromasseur tomber sur le drap.
J’ai gardé les yeux fermés.

Un souffle dans la jungle.
Une caresse sur ma hanche.
Mais c’était moi.

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