Chapitre 7 – Bali Swing, vertige du désir
Le soleil frappait déjà fort quand je suis arrivée au Bali Swing. La voiture m’avait déposée devant une arche fleurie, un peu kitsch, prise d’assaut par des touristes en quête de cliché. Rires, perches à selfies, robes flottantes taillées pour Instagram. Une comédie douce-amère de mise en scène. Mais au-delà du folklore, il y avait quelque chose. Une tension dans l’air. Un vertige latent.
Un membre du personnel m’a tendu un harnais. Je l’ai passé, maladroitement, les sangles me coupant l’intérieur des cuisses. J’ai ri toute seule. Ce n’était pas le genre d’attaches auquel mon corps était habitué. Une jeune femme, concentrée, silencieuse, ajusta les sangles autour de mes hanches. Ses doigts glissèrent un instant contre ma peau nue sous le tissu. Pas un frisson. Une prise de conscience.
— Ready, miss?
Je l’étais. Sans l’être. Et peut-être que c’était ça, le frisson.
La balançoire était immense. Suspendue à la lisière de la jungle. Face au vide. Face au vert infini. Des oiseaux criaient quelque part dans l’épaisseur. Une musique indonésienne filtrait des haut-parleurs, à peine audible.
On m’a hissée. J’ai saisi les cordes. Fermé les yeux.
Et puis… ils m’ont poussée.
Le premier balancement fut lent. Prudent.
Le deuxième, plus ample.
Et au troisième, j’ai crié.
Pas de peur.
De joie brute.
Le vent s’est engouffré dans ma chemise, entre mes cuisses, contre mes seins. Mes jambes s’ouvraient d’elles-mêmes, offertes à l’air, au ciel. Mon corps tout entier s’élançait, s’abandonnait, flottait au-dessus des arbres.
J’étais suspendue.
Vivante.
À chaque aller-retour, le monde s’effaçait un peu plus. Plus de plan. Plus de projet. Plus de retenue. Juste ce souffle. Ce vide. Ce cœur qui tambourinait entre mes côtes. Et ce sexe, là, enfoui dans ma culotte, qui s’éveillait lentement. Par friction. Par liberté.
Je n’avais jamais été aussi nue, avec autant de tissu sur moi.
Quand ils m’ont ralentie, doucement, j’ai eu envie de hurler de nouveau. Pas pour qu’ils me relancent. Pour ne pas redescendre.
Mais je suis descendue.
Et j’ai remercié.
En silence.
Le retour à la villa fut silencieux. Les arbres défilaient. Mon corps encore suspendu dans une danse intérieure. J’avais le ventre détendu, les cuisses sensibles, les seins gonflés d’air. Une chaleur douce s’était installée entre mes jambes. Comme si l’air lui-même m’avait pénétrée. Lentement. Respectueusement.
Je ne voulais pas voir qui j’étais. Je voulais sentir.
Sous la douche, l’eau ruisselait le long de mes hanches, de mes reins, entre mes cuisses. Mon sexe me démangeait doucement. Pas de désir dirigé. Pas d’image d’un autre. Juste une sensation de trop-plein. De débordement. Comme si mon corps voulait exulter, mais sans cible.
Je suis sortie de la salle de bain sans me sécher. J’ai marché nue, gouttes tièdes sur la peau, vers la chambre. Le lit à baldaquin m’attendait. Draps blancs. Ventilateur lent. Tasse de thé au jasmin sur la table basse, infusant dans l’air.
Je me suis allongée sur le dos, jambes écartées, les bras repliés sous la tête. Et j’ai respiré.
Mon sexe était humide. Ma peau brûlante. Mais mon cœur… calme.
Je n’ai pas pris de vibromasseur. Pas de lubrifiant. Rien.
Juste mes doigts.
Ma main gauche, sur mon sein. Ma main droite, entre mes cuisses.
Je ne cherchais rien. Je caressais. Doucement. Lentement. La pulpe de mes doigts sur mes lèvres. Le clitoris gonflé de vent et d’altitude. J’ai gémi. Une note. Pure. Franche. Comme celle de tout à l’heure, dans le ciel.
Le plaisir est monté comme une marée.
Je n’ai pas accéléré.
J’ai continué. À l’écoute. En dessous de moi, mon bassin se soulevait légèrement. Mes jambes tremblaient. Mon souffle s’accélérait, puis retenait. Une contraction. Une montée. Une pause.
Et j’ai joui.
Une onde. Pas de cri. Pas de violence. Une chaleur. Une ouverture. Une lumière.
J’ai fermé les yeux. Une larme a coulé sans explication.
Je suis restée là longtemps. Nue. Transpirante. Paisible.
Pas vidée.
Remplie.
J’ai tendu le bras, attrapé mon guide papier. L’ai feuilleté à l’envers.
Sekumpul.
Les cascades.
Je n’avais jamais été. Mais mon corps savait déjà.
Je n’avais pas envie de compagnie. Pas de mots.
Juste d’eau.
De roche.
De chute.
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