6. Courageuse, moi ?

2 minutes de lecture

Je me réveille avec la sensation étrange d’être observée.


Mon premier réflexe, c’est de jeter un coup d’œil à Mark, toujours allongé sur la chauffeuse dans l’arrière-salle. Il dort paisiblement, une main sur son torse, comme un ange — enfin, un ange trempé et barbu.

Mais l'atmosphère est lourde. Un craquement discret retentit sous le plancher ; je me redresse d’un bond.

— « Ce n’est pas vrai… pas encore.

— Vous parlez toute seule ou vous essayez de m’effrayer ? »


La voix grave de Mark me tire un cri étouffé. Il émerge de la chauffeuse, les cheveux en bataille, un sourire encore plein de sommeil.

— « Ah, désolée… j’ai cru entendre un bruit. Sous le plancher.

— Ces bâtiments sont vieux, ça travaille, répond-il en passant sa main sur les lattes. Quoique… ça ressemblait davantage à une vibration. Comme si quelqu’un essayait de parler. »


Je le regarde, interloquée.

— « Vous l’avez entendu aussi ?

— Oui. Et quand les murs chuchotent, c’est rarement pour raconter des blagues. »


Il dit ça si calmement que je ne sais pas trop s’il plaisante.

— « Vous avez toujours le mot pour rire, vous.

— Seulement quand on me tutoie. »


Je reste figée une seconde avant de bredouiller :

— « Oh… pardon.

— Pas de souci, moi c’est Mark.

— Eléna, mais tu le sais déjà. »


Un petit silence s’installe, épais comme la brume.

Le plancher grince de nouveau, plus fort cette fois, comme un murmure qui refuserait de se taire.

— « Tu crois qu’il y a quelqu’un ?

— Disons plutôt… quelque chose. »


Mark se hisse sur le comptoir, l’air de défier la boutique.

— « Tu n’as jamais entendu parler d’Arthus de Vauclair ? »


Je fronce les sourcils.

— « Je sais juste que c’était l’ancien propriétaire… et que son esprit rôderait dans les parages.

— D’après la rumeur, oui. Un passionné de magie et d’astres, disparu du jour au lendemain. On dit qu’il n’a jamais vraiment quitté les lieux. »


Je tente un rire, sans grande conviction, mais un frisson me parcourt l’échine.

— « Et toi, tu crois à ce genre d’histoires ?

— Disons que je préfère rester poli… avec les sorciers. »


Sous nos pieds, le plancher gémit de nouveau, lentement, comme un faire-valoir d’approbation.

— « Très bien, je pense que tu n'es pas là par hasard, n'est-ce pas ?, dis-je dans un soupir. Dans ce cas, je vous tout savoir, et s'il s'agit vraiment d'un sorcier je préfère lui présenter mes respects. »


Mark me lance un sourire discret, à la fois amusé et tendre.

— « Sage décision. La légende dit qu’il avait un faible pour les femmes courageuses. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Prisca Plessard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0