La vie dans un marais.

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La Russie ! J'adore ce coin ! J'adore les chapeaux du coin ! Pleins de fourrure, c'est génial ! Et puis les poupées de ce pays sont fabuleuses ! Des poupées, qui s'emboîtent les unes dans les autres... Assez tendancieux, mais quand même ! Et puis le rouge est partout, là-bas ! J'adore le rouge ! C'est ma couleur préférée ! Mais ce n'est pas le sujet. Alors que je me baladais aux alentours d'un petit village, j'ouïs une vieille dame qui mettait en garde ses petits-enfants. Elle leur signifiait qu'il était interdit de s'approcher de la rivière, que les esprits qui y vivent sont dangereux, et qu'ils noieraient les petits. Cela n'avait rien de surprenant, ça arrive souvent chez les Humains, comme vous ne pouvez pas tout expliquer, vous trouvez des moyens détournés de mettre un nom dessus. Par exemple, chez les Irlandais, il existe une légende, la Banshee, elle vivrait dans les cimetières, et son cri est tel, que tous ceux qui l'entendent seraient les prochains à mourir, et elle causerait la canitie. Qui va le plus souvent dans les cimetières ? Des personnes âgées, qui ont les cheveux blancs, et qui sont proches de la mort. Vous ne compreniez pas pourquoi les personnes d'un certain âge avaient les cheveux blancs, vous aviez expliqué cela comme vous pouviez le faire à l'époque, typiquement Humain. Mais je m'égare.
La dame parlait à ses enfants d'un être immonde, vert, avec une couronne d'algue, des pattes palmées, et qui ressemblerait un peu à une grenouille humaine. Cette description me faisait drôlement penser à quelque chose... Un Batriak ? Ici ? Étrange. En général, ce peuple voyage peu, que faisait il ici ?
Ma curiosité me perdra, à nouveau, me voilà parti. Les rivières, les lacs, les étangs, et même les flaques, on ne sait jamais. Enfin, si, des fois, on sait, mais là, ce n'est pas le cas, vous connaissez Descartes, le doute systématique, vous devriez le pratiquer plus souvent, ça vous éviterait de vous faire manipuler par des Praetorien, mais bref. Ne vous en faites pas, cela dit, ils ne vous considérent pas comme des menaces, donc vous ne risquez rien dans l'absolu, à part une soumission totale, mais ça ne vous changera pas de d'habitude. Encore égaré dans mes pensées...
Où es-tu petit Batriak ? Je sais que tu te caches par ic-
Hein ? Une main ! Mince ! Oh non pas l'eau ! Autour de moi, rien d'autres que de l'eau et de la vase. Le monde s'assombrit, l'eau est froide dans le coin... Je dois l'attraper, pas sûr que ça fonctionne dans l'eau, mais si je n'essaie pas, je suis foutue. Je le sens ! Viens par ici ! HAHA ! Je te tiens ! Ma fidèle zapette ! Alors... La ! Le bouton de choc ! Ça va piquer ! À la pression du bouton, un arc électrique se répand dans l'eau, pas assez puissante pour nous griller, mais assez pour le faire lâcher prise ! Enfin libre ! Pourquoi est-il si agressif ? Habituellement, ce sont des gens assez paisibles...
Je remonte jusqu'à la surface, et le regarde, ses yeux jaunes m'observent depuis les profondeurs. Il semble comprendre que je ne suis pas une cible, ni même une menace...
- Hey, calme-toi, je ne suis pas là pour te faire de mal, je suis Le Professeur, je viens de Prima, je suis là pour t'aider. Que fait un Batriak solitaire ici ? En général, vous vivez en bande, et puis vous avez déjà une planète... Pourquoi la Terre ?
Lentement, mais sûrement, son front perce la surface de l'eau, puis sa large bouche. Comme vous vous en doutez, sa voix est... Coassante et assez caverneuse.
- Mes frères et moi sommes partis de Batria pour explorer le Cosmos, nous avions entendu parler d'une planète bleue, composée a soixante-dix pour cent d'eau, une aubaine, nous voulions la voir. Après un long voyage depuis la Galaxie du Tourbillon, nous avons atterri ici. Mes deux frères n'ont pas survécu à l'impact, et moi, je survis difficilement à ce froid glacial. Je suis perdu Professeur, j'ai peur ! Je ne veux pas faire souffrir ces gens, mais ils m'ont pourchassé, ils ont voulu me tuer, que puis-je faire d'autres ? Les plus gentils d'entre eux m'ont offert ce qu'ils appellent une " pipe ", l'odeur de la fumée qui s'en dégage me rappelle les vapeurs de mon marécage... Aidez-moi...
Pauvre crapaud... Heureusement qu'il n'a pas atterri en France, cela dit, les gens, là-bas, sont charmants, mais il aurait fini cuit... Je lui souris et tends ma main... Je n'aurais pas dû faire ça, ces gens-là sont en permanence moite... Le pauvre, c'est dégoutant, mais il n'y est pour rien après tout. Ramenons-le chez lui, qu'il puisse pleurer ses frères en paix, dans son marécage. Rendons la paix aux Russes, et à cette vieille grenouille. Encore une fois, cette vieille titine et moi prenons la route des étoiles, cette fois, nous avons de la compagnie en revanche. Tractant derrière nous le vaisseau de notre ami batracien, nous perçons la voie lactée, prenant la direction du Nord, vers le Tourbillon. Sur Batria, que diriez-vous de venir visiter cet endroit un jour ? Ça ne doit pas être si désagréable que ça, la vie dans un marais.

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