Le Troisième Interdit

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Les interdits, pour vous autres Humains, ils sont nombreux. Vous pourriez me dire que c'est un mal, mais je pense qu'il s'agit d'une bénédiction. Les interdits sont là pour vous imposer des règles, bien souvent dans votre intérêt ou celui des autres. Mais je ne suis pas un Humain, je ne suis même pas un mortel. C'est pour cela que pour moi, les interdits sont rares, en réalités, je n'en ai que deux. Le premier, fut brisé dans le futur, et le second, toujours inviolé, celui de m'immiscer dans mon passé. Ces règles, ces interdits, je me les suis imposés tout seul. Le futur, le passé, et même le présent d'Humains, de Batriak, ou d'autres races de l'Univers peuvent être modifié sans grand impact sur le destin de la création elle-même. Le mien ne peut être touché, je n'ai pas le droit de le " réparer ", je n'ai pas le droit de l'altérer. Non pas que je n'en ai jamais eu l'envie, mais si même Le Professeur ne respecte pas les règles, comment ses élèves pourraient, ils le faire ?

Dans ma longue vie, je n'eus que deux fois envie de remonter le court de ma propre vie. La première fois, fut alors que je venais de finir une œuvre d'art magnifique du nom de Great Teacher Onizuka, un livre fabulistique que je ne saurais trop conseillé. Les Humains, si vous avez un don, c'est bien celui de l'écriture. La deuxième, pour réparer quelque chose que j'ai moi-même cassé. Tout commença en deux-mille-vingt-deux, pas terrible comme année si vous voulez mon avis. À l'époque, j'avais déjà exploré votre univers de fond en comble et en avais vu les choses les plus belles, comme les plus laides. J'avais vu naître des étoiles, et aider à la naissance d'une d'entre elle, vous seriez surpris par le " bruit " qu'elles peuvent causer, je mets des guillemets parce que sans air, pas de bruit. J'avais vu les Batriak se libérer du joug Praetorien dans la Grande Bataille du Marais. L'univers me connaissait, et je le connaissais tout aussi bien. Mais tous ces voyages, toutes ces explorations, elles vous changent un homme. Je n'étais pas quelqu'un de stable, je bougeais en permanence, les Humains avaient un mot que j'aime beaucoup pour qualifié ce style de vie, ils disaient " Vous avez la bougeotte ".

Avoir la bougeotte, ça vous sépare de tout ce que vous avez pu aimer en un lieu précis. Des choses qui bien souvent, finissent par vous manquer, que vous le vouliez, ou non. Et la chose qui me manqua le plus, je la découvris sur Terre.

Elle avait vingt-et-un ans. Elle était... Unique, pour moi qui avais vu l'Univers prendre sa première respiration, une personne comme elle, c'était du jamais vus. Je m'en souviens très bien, je fis sa connaissance dans une ville d'Angleterre, une certaine Sheffield, une ville aux jardins sublimes, je conseille aux amoureux de fleurs. Oui, je m'en souviens, elle était assise, seule, à regarder une série sur son téléphone. Elle n'était pas la plus belle fille sur laquelle mes yeux s'étaient posé, mais elle avait quelque chose qu'aucune autre ne possédait, je ne saurais l'expliquer, mais elle était magnifique. Ses cheveux étaient court, un peu garçonne, elle s'habillait comme le font ces filles qui ont peu confiance en elle, des habits assez amples, et du noir. Elle était triste.

C'est ainsi que je fis sa rencontre, j'adore les gens seuls, ils sont mystérieux, comme les vieux, c'est mystérieux les vieux. Sans me poser de question, j'engageai la conversation, elle regardait sur son téléphone une série du nom d'Helluva Boss, elle en était une grande fan et produisait régulièrement des " fan art " de cette série. Elle était douée avec un crayon. Nous sommes rapidement devenus amis, elle était drôle, tellement bizarre, si gentille, elle était de ces filles qui demandaient de l'amour, mais qui refusaient de le faire à haute voix. À ses côtés, j'ai passé les trois mois les plus amusants, et étranges de ma longue vie. Elle se moquait que je sois un extraterrestre, au contraire, elle semblait trouvée ça cool, elle me surnommait " Dandy Boy "... Ou " Daddy " dans des moments bien particuliers. Elle n'avait aucune idée de comment danser, sa voix n'était pas la plus douce quand elle prenait le micro, elle n'était pas douée en communication, et agissait en permanence comme si elle se moquait de tout, elle avait un côtés un peu adolescente rebelle qui parfois m'agacer, et d'autres fois... Pimenter les choses. Sa famille était venue de Roumanie jusqu'en Angleterre pour trouver du travail, et sa relation avec son père laissait à désirer. Natalia, une si jolie fleur. Si je venais un jour à briser mes interdits, elle serait la première chose à laquelle je penserais. Tout était si beau, trop beau.

Je voyageais depuis des temps immémoriaux, et tous ces voyages ont affecté ma capacité à gérer les relations entre un homme et une femme. Alors que notre relation dépassait le cadre de la chambre à coucher, et du jeu. J'ai paniqué, j'ai pris la fuite, je ne suis revenu qu'un mois plus tard pour tout lui expliquer. Un mois plus tard, c'était trop tard. Un autre homme était passé par là. Depuis, mon aimée refuse de voir mon visage, et je ne suis pas capable de lui en vouloir. Elle me manque, je l'admets. Dans le froid de l'univers, ou la chaleur d'Ignis XIV, elle me manque toujours autant. Vous souvenez-vous des " Deux interdits " ? Il y en a trois en réalités, elle est le troisième interdit.

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