4.7 Retour de Sophie

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Sophie débarque pour sa visite. Les femmes mangent dans le salon. Moi et Numéro Un dévorons la nourriture que Solène a laissé dans le placard de l'entrée pour nous. Sophie est mécontente. Malgré des rapports sexuels réguliers, elle n'arrive pas à retomber enceinte. C'est de la faute des reproducteurs. Leurs spermes doivent être de mauvaise qualité. Solène ose suggérer à sa mère que si elle les nourrissait plus, ils seraient en meilleure forme et leurs semences seraient meilleures. Solène se rebelle enfin. J'ai envie de courir l'embrasser de joie.

Sophie ne prête pas attention aux paroles de Solène. Elle se plaint sans écouter les autres. Ses jérémiades font rire Numéro Un. Il a l'air heureux de voir Sophie se lamenter. Solène tient bon et avance ses arguments un à un. Ma jolie blonde essaye vraiment de convaincre sa mère d'arrêter de frapper ses reproducteurs. Numéro Un écoute anxieux. Il me dit que Solène va s'attirer des ennuis. Son intention est honorable, mais qu'elle ne devrait pas contrarier Sophie. Numéro Un est lui aussi fataliste quant à la suprématie de Sophie.

Soudain, la Vice Suprême est exaspérée par sa fille. Elle la gifle et la fait tomber à terre. Je me précipite pour aider Solène. Je tombe à terre, tétanisé par une décharge. Solène se fait injurier et reçoit plusieurs coups de pieds. Sa mère lui ordonne de ne pas bouger, puis me frappe et m'électrocute. Sophie me fouette jusqu'au sang, sans que Solène ne s'oppose. La Vice Suprême part enfin. Je suis à terre incapable de bouger. Je rampe vers Solène.

— VOILÀ. Voilà ce qui arrive quand on se rebelle contre elle. Je n'aurais jamais dû. Je le savais. C'est comme ça que ça finit toujours. C'est elle qui gagne. Il n'y a rien à faire.

Je ne sais pas si ses paroles sont pour moi ou pour elle. Elle est en pleurs. J'essaye de toucher Solène.

— NON, nous ne devons pas. Nous ne devons plus. On a eu tort d'y croire. C'est impossible. On ne pourra jamais pas aller contre ses ordres.

Solène se relève et m'empêche de la toucher. Elle court et s'enferme dans sa chambre pour pleurer. Je me soigne seul, comme avant. Elle reste enfermée durant trois jours, sans manger et en ne cessant que rarement de pleurer. Quand enfin Solène reparaît, elle a une mine affreuse. C'est redevenu Solène la méchante. Solène la digne fille de sa mère.

***

Cela fait un an que je suis arrivé ici. Une fête va être organisée pour l'anniversaire de Solène. Je suis consigné dans la cabane à outils avec interdiction d'en sortir. Solène m'attache avec une chaîne pour la première fois. Elle a pris le temps de m'expliquer qu'il fallait que je reste là sagement, caché. Sa mère va venir. Elles seront toutes deux accaparées par les invitées. Si je me fais discret, il y a des chances pour que sa mère reste calme et oublie ma correction habituelle. Le ton de Solène était suppliant.

Quand elle me met la chaîne, je crache à ses pieds. Elle ne réagit pas, du moins tente de faire comme si elle s'en moquait. Ses yeux humides disent le contraire. Solène pose des grosses couvertures pour m'isoler du sol, sombres, couleur terre, pour qu'elles ne se voient pas, chaudes et douces. Comme un chien à sa niche, je rentre dans la cabane et m'assois en silence, l'air mauvais et foudroyant du regard Solène. Je vois par la porte des femmes bien habillées arriver avec leurs reproducteurs et des cadeaux.

Sa mère débarque, flanquée de Numéro Un et de deux autres pauvres garçons, tous les trois très mal en point. Elle les attache au crochet de la cabane, comme moi. Je suis en meilleure forme qu'eux. Sa mère est en train de se pavaner, de faire la bise aux belles-dames. Solène sort enfin. Elle porte une magnifique robe courte jaune pâle. Elle s'est maquillée pour cacher d'avoir pleuré toute la nuit. Malgré ma colère, je la trouve belle. C'est la fête. Nous entendons de la musique. Nous voyons passer des mets délicieux avec envie. Je vois Solène venir vers nous avec un sac, pendant que les femmes écoutent un discours de sa mère. Dans le cabas, du pain, de la charcuterie, des fruits et des bouteilles d'eau en quantité.

— Chut. Mangez ça discrètement. Rentrez dans la cabane. Qu'on ne vous voit pas. Et planquez le sac.

Solène a chuchoté. Elle file aussitôt loin de nous. Les gars dévorent le contenu du sac. Je mange un quignon de pain et une pomme en réfléchissant au geste de Solène. Dans le fond, elle n'est pas si méchante que cela. C'est juste qu'elle a des comptes à rendre à sa mère, et que Sophie est un tyran. Je suis sûr que sans elle, Solène et moi pourrions être heureux. Je médite là-dessus.

Je parle avec Numéro Un, lui demande de ses nouvelles. Comme je le pressentais, lui et les deux autres sont frappés et battus régulièrement et peu nourris. Chacun d'eux doit féconder Sophie à tour de rôle. Son tour est le mercredi et le samedi. Elle le dégoûte. Il a envie de vomir quand il la touche. Il n'a pas le choix, sexe ou coups, pas d'autres options. Il me dit qu'il est obligé de se préparer tout seul, de penser à des filles belles comme Solène pour arriver à durcir. Il m'avoue qu'il ne peut pas regarder Sophie sinon il ramollit et vomit tellement elle le dégoûte. Elle est belle certes, toutefois, il la hait profondément à cause des coups qu'elle lui donne. Heureusement, Sophie lui permet de fermer les yeux.

Numéro Un a mis au point un mélange avec de la colle, de la peinture blanche et du blanc d'œuf, qu'il enferme dans un doigt de gant de vaisselle. Quand il sent qu'il n'y arrive plus, il appuie sur le morceau de plastique libérant sa substance gluante imitant le sperme. Numéro Un satisfait Sophie ainsi. Elle croit qu'elle éjacule en elle. Il prend moins de coups que les deux autres. Mon ami me raconte son quotidien, fait de privations et de souffrances. Je réalise que Solène est vraiment à mille lieux de me faire subir les atrocités que Numéro Un vit au quotidien.

Les femmes repartent. Les trois-quarts des cadeaux ne sont même pas pour Solène, mais pour sa mère. Je la vois les charger dans sa voiture. Ce n'était pas la fête d'anniversaire de Solène, mais une réception à la gloire de Sophie. Un attroupement de lèches-bottes et d'hypocrites. J'entends les deux blondes parler toutes les deux en se rapprochant. Je cache le sac et les bouteilles d'eau vides derrière la brouette et la tondeuse.

Sophie reproche à Solène de ne toujours pas être enceinte. Selon ce tyran, ma jolie blonde n'utilise pas assez souvent son reproducteur pour la féconder. Sophie l'incite à faire l'acte sexuel tous les jours, plusieurs fois par jour s'il le faut en période féconde. À son âge, la Vice-présidente attendait déjà son premier enfant.

Je sais de qui elles parlent. Sabrina. La grande sœur de Solène, conçue alors que Sophie n'avait que seize ans et demi. Sabrina était une future Alpha. La gloire de sa mère, sa préférée. Sabrina s'est suicidée à seize ans après avoir foiré son test d'aptitudes. Une des deux seules personnes dont Sophie a pleuré la mort. C'est pour cela que Solène n'en parle quasiment jamais. J'entrevois la pression que les filles de Sophie ont dû subir sans que cela ne m'incite à plus de tolérance envers Solène.

Sa mère offre à Solène ses propres reproducteurs. Ils accompliront le devoir de procréation sans broncher. Ils sont bien dressés. Sophie propose de me prendre chez elle pour m'éduquer. Solène refuse. Elle ment en disant que j'accomplis mon devoir de reproducteur tous les soirs. Pour calmer Sophie, ma jolie blonde ose raconter à sa mère avoir fait une fausse-couche il y a deux mois. Je sais qu'elle est vierge. Elle me l'a avoué au tout début. Elle baratine et embobine sa mère avec de nombreux détails. L'histoire lui vient d'une de ses amies à qui cela est arrivé cet hiver. Je découvre Solène la menteuse.

Sophie renonce à me récupérer. Elle part enfin. Pour la première fois, elle ne m'a pas battu. Elle était trop occupée à se pavaner devant les belles-dames. Solène me détache, ramasse le sac et jette les bouteilles dans la poubelle de recyclage, sans un regard pour moi. Ensuite, elle rentre pleurer dans la chambre.

Lorsque vient la nuit, Solène m'appelle et m'ordonne de prendre une douche. Je dois la rejoindre dans la chambre juste après. Je n'ai pas de vêtements propres. Je m'enroule dans une serviette et me dirige vers la chambre pour récupérer un pyjama.

— Tu n'en as pas besoin. VIENS. Fais ton boulot de reproducteur. Je ne veux pas t'entendre.

Je m'approche. Solène est en pleurs et en colère. Elle soulève la couette. Elle est allongée sur le lit et tourne la tête pour ne pas me voir. Solène pleure. Elle est avec un pyjama court, si belle et si triste. Elle ne veut pas, mais se force. Je m'assois à côté d'elle et tente de la caresser. Elle ferme les yeux et se retient de crier. Je la dégoûte. Je ne peux pas. Je n'en ai pas envie. Elle non plus. Je ne peux pas. Je n'y arriverais pas. La pensée de la toucher après les coups reçus, après les punitions me révulse. J'ai envie de vomir à l'idée de la forcer.

— NON, je ne peux pas.

Je sors de la chambre, nu comme un ver et vais me coucher sur le canapé.

— REVIENS ! C'EST UN ORDRE ! TU DOIS M'OBÉIR ! TU ... DOIS LE FAIRE ! C'EST TON DEVOIR DE REPRODUCTEUR !

Elle arrive furieuse dans le salon, en continuant de m'engueuler tout en pleurant. Elle soulève son haut et découvre son ventre. Solène attrape ma main pour me forcer à la toucher. Sa grimace de dégoût fait retomber le peu d'intérêt de mon entrejambe. Je serre les dents et lui murmure d'un ton enragé :

— J'ai dit NON ! Tant que je subirais des coups, je ne te toucherais pas. Préviens ta chère maman que tu vas la décevoir. Je ne te ferais pas d'enfant. Je ne lui donnerais pas de petite fille. Je ne deviendrais pas le géniteur d'une future sorcière comme elle.

— SI! Tu le feras. Tu m'obéiras. Sinon, je ... Je te punirais.

Solène me gifle et éclate en sanglots. Son ton n'est guère convaincant. Elle touche son bracelet comme pour me lancer une décharge. Je lui fais face et reste immobile. Elle appuie. Je reçois une décharge légère. Je ne bouge pas. Je reçois une décharge plus forte. Je serre les dents et reste immobile.

Solène panique, court dans la chambre et s'enferme. Elle programme des décharges régulières toute la nuit, douloureuses mais supportables, deux minutes toutes les heures. Je ne cède pas de la nuit. Elle s'enferme dans son bureau le lendemain matin, me laisse seul dans le salon sans nourriture toute la journée. Elle a beau être passé rapidement, j'ai vu qu'elle a pleuré toute la nuit et n'a pas dormi non plus.

Nous ne nous parlons pas pendant une semaine. Elle me jette de la nourriture sur le plancher et refuse de me regarder. J'ai lu ses mails. J'avais raison. Elle ne veut pas de l'acte de procréation. Elle se force pour ne pas décevoir sa mère. Ce n'est pas moi qui la dégoûte, mais l'acte en lui-même, la situation. Elle commence à noter sur un calendrier les jours de ses règles, les jours où elle est féconde ou pas.

Lors de sa semaine féconde, elle me tanne et me punit pour que j'accomplisse mon devoir. Je refuse toujours. Je subis des petites décharges, jamais le fouet ou la canne, jamais de grosses décharges. Les autres jours, elle me laisse tranquille. Elle ne fait que pleurer. Tout le temps.

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