Vendredi 02 Juillet

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Un mois s’est écoulé et Steve est toujours présent au sein de la brasserie. Nico et Benjamin ont averti tous leurs collègues des manipulations de ce dernier, et depuis ce jour là il y a une division entre Dao avec Steve d’un côté, et tous les autres de l’autre. L’ambiance n’est plus du tout la même ! Surtout depuis qu’un serveur a menacé Steve de le frapper s’il était pris en train de voler. Ce jour-là, Steve a nié en bloc et l’incident a failli dégénérer en bagarre. Dao, qui avait assisté à la scène, n’a pas pu retenir ses larmes. Quand Nico a tenté de la réconforter, elle l’a repoussé énergiquement ! Benjamin et Nico s’inquiètent pour elle, son comportement a changé, elle n’est plus la même. Elle arrive constamment les yeux rouges, et ils supposent que c’est parce qu’elle dort peu, passant ses soirées à réviser pour ses examens. Pourtant, elle ne semble pas fatiguée du tout, au contraire, elle déborde d’énergie. Parfois, elle semble avoir une baisse de régime, prend une petite pause cigarette et quelques instants plus tard, elle retrouve toute sa vitalité !

Personne ne lui a fait de reproche quant aux actions de son compagnon, mais elle a décidé de ne plus parler à quiconque tant qu’ils se ligueront contre son petit ami. Ses examens ont débuté il y a deux semaines et sont terminés depuis deux jours, mais personne ne sait comment ils se sont déroulés et tous aimeraient le savoir, car malgré tout, Dao reste leur amie, qu’elle le veuille ou non. Ils espèrent en apprendre davantage aujourd’hui.

Lorsqu’elle arrive, en retard comme à son accoutumé, tous les regards se tournent vers elle ! Ils essaient de deviner, d’après l’expression de son visage, si elle semble contente ou au contraire déçue. Sa frimousse ne laisse transparaître aucune émotion, il est impossible de savoir si elle est dépitée ou satisfaite. Cependant, ses yeux restent rouges, ce qui suggère une certaine fatigue.

« Si elle continue comme ça, je crains le pire ! ne peut s’empêcher de lancer Patrick à voix haute sans vraiment s’adresser à quelqu’un en particulier.

—Qu’est-ce que tu veux dire par là ? lui demande Benjamin, qui semble être le seul à l’avoir entendu.

—T’as pas remarqué ?

—Remarquer quoi ?

—Tu sais, ça fait vingt-quatre ans que je fais ce métier, j’ai pas toujours travaillé dans un centre commercial ! J’ai longtemps bossé dans le milieu de la nuit, et c’est des choses que j’ai appris à reconnaître !

—Mais de quoi tu parles ?

—Je parle de ses yeux rouges ! C’est pas de la fatigue normale. Quand même, ne me dis pas que t’as pas vu ? Regarde son comportement, ses fluctuations d'énergie, ses pauses cigarettes et pipi... Ça ressemble à quelqu'un qui essaie de compenser quelque chose, qui cherche un stimulant pour tenir le coup.

—C’est quoi d’après toi ?

—Tu ne vois pas qu’elle se drogue !?

—Mais arrête tes conneries !! Elle se drogue pas Dao !

—Continue de le croire si ça peut te faire plaisir, mais je suis certain qu’elle prend de la coke !

—Arrête tes conneries, tu crois ?

—J’en suis sûr ! Et je suis sûr que l’autre aussi ! D’ailleurs, ça m’étonnerait pas que ça soit l’autre qu’il l’ait initiée ! À mon avis, elle découvre le truc et elle ne sait pas encore comment bien gérer, et du coup, elle en prend beaucoup trop ! L’autre doit être plus expérimenté, c’est pour ça que ça se voit moins sur lui !

—Oh putain, si c’est ça, ça craint ! »

Benjamin reste choqué par les déclarations de Patrick. Il paraît si sûr de lui ! Mais comment Dao en est arrivée là, à prendre de la drogue ? Pourtant elle ne semblait pas attirée par ça dans le passé. Le trio avait souvent abordé le sujet, ils avaient chacun fait leurs expériences avec du cannabis. Dao et Benjamin avouèrent même avoir testé des drogues de synthèses telles que l’ecstasy. Seul Benjamin avait essayé les champignons hallucinogènes. Mais c’était des expériences uniques, poussées par la seule curiosité d’en connaître les effets. Le trio était en accord sur un point, jamais ils ne toucheraient à des drogues dures comme la cocaïne ou bien l’héroïne. Surtout, qu’à en croire Patrick, il ne s’agirait pas d’une simple prise occasionnelle, mais bel et bien d’une consommation régulière. Benjamin se hâte de répéter à Nico les conclusions de Patrick. Nico en reste aphasique. Il a du mal à y croire. Comment Dao aurait-elle pu changer à ce point en si peu de temps ? Il se demande même s’il n’a pas une part de responsabilité dans tout cela. S’il n’avait pas rompu le dialogue avec elle, peut-être qu’elle se serait confiée et il aurait pu la remettre sur le bon chemin. Mais maintenant, la vraie question est de savoir si elle veut de l’aide. On ne peut pas aider une personne qui n’a pas la volonté de l’être. En partant de ce principe, les deux amis décident de renouer le contact avec Dao, afin qu’elle sache qu’elle peut compter sur eux si elle en ressent le besoin. Ils attendent qu’elle fasse appel à eux quand elle sera prête.

En rentrant chez Delphine, comme il le fait désormais tous les week-ends, Nico partage les révélations de la journée :

« Dao qui prend de la drogue ! J’hallucine là ! Je suis sûr que c’est à cause de ce connard !

—Mais vous ne vous en êtes pas aperçus plus tôt ?

—En fait non ! C’est Patrick qui l’a vu et l’a dit à Benji !

—Quand même ça craint ! Surtout que d’après ce que tu m’as dit, vous étiez proches avant ! Vous êtes sûrs que c’est depuis qu’elle est avec Steve qu’elle en prend ?

—Ah ça, oui on en est sûrs ! Plus que sûrs même !

—Et alors vous comptez faire quoi ?

—C’est notre amie ! On va pas la laisser tomber sous prétexte qu’elle a fait un mauvais choix à un moment donné !

—Je suis d’accord, mais si elle ne veut pas d’aide, vous ne pourrez pas la forcer !

—Hélas non. Mais faut qu’on fasse en sorte d’être présent pour elle lorsqu’elle se rendra compte qu’elle a besoin d’aide ! Pour ça, faut qu’on rétablisse le dialogue entre nous ! Bon ça risque d’être long ! Tout à l’heure je lui ai demandé comment se sont passés ses exams, elle m’a répondu que ça ne me regardait pas…

—Oui comme tu dis, ça risque de prendre un certain temps… Et sinon, tu lui as dit à Benjamin pour mercredi ?

—Non…

—Tu vas lui dire ?

—Il le faut.

—Tu attends quoi ?

—Le bon moment…

—Je ne pense pas qu’il y ait un bon moment pour ça !

—Je sais, mais je sais pas comment lui dire…

—Dis-lui ! Tout simplement. Tu serais à sa place, tu voudrais savoir toi aussi non ?

—Oui bien sûr… Mais j’ai peur de lui dire, j’ai peur de sa réaction…

—Pourtant faudra bien ! Et plus tu attendras, plus ce sera difficile. »

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