Samedi 28 Août 2/3
En finissant ces mots, des perles se forment aux coins de ses yeux. Elle jette sa cigarette toujours fumante dans le cendrier et se tourne vers Nico. Dans la semi-obscurité de la pièce, il ne peut pas voir que le visage de Dao est une nouvelle fois envahi par des ruissellements de chagrin. Elle s’empare de la main de son ami qu’elle cajole de la pointe de ses doigts tout en plaçant une de ses jambes par-dessus les siennes.
« Tu ne dis rien ? lui demande-t-elle à voix basse.
—Difficile de réagir… Je ne sais pas vraiment quoi dire… Mise à part que c’est un gros connard… Tu l’aimes ?
—Je sais pas, je ne pense pas…
—Tu vas faire quoi ? Je veux dire, tu le quittes ou pas ?
—Oui !… J’ai pas le choix de toute façon !
—Et pour la drogue ?
—J’arrête tout !! C’est bon là, j’en peux plus ! Faut que j’arrête mes conneries !
—Tu penses y arriver ?
—Eh bien, puisque je ne suis plus avec Steve, oui je devrais y arriver !
—T’y arriveras pas seule !
—J’ai pas le choix, je suis seule…
—Si tu as le choix !
—J’aimerais partir, partir loin ! Loin de cette merde ! Ne plus voir personne ! Ne plus voir Steve ! M’enfuir en Thaïlande ou au Cambodge ! Découvrir mes pays d’origine !... Mais j’ai plus une thune…
—Si t’as besoin, tu sais que tu peux compter sur moi ! Y’a deux choses à régler, ta dépendance et tes dettes ! Moi je te propose une chose, tu viens t’installer ici !
—Non, mais je vais pas m’installer ici !
—Écoute-moi, en venant vivre ici, ça te permettra d’une part, de toujours avoir quelqu’un avec toi quand ça ira mal et que tu auras envie de reprendre de la coke, et d’autre part d’économiser un loyer !
—Non je veux pas t’emmerder avec mes problèmes !
—C’est moi qui te le propose ! Et puis, ça sert à ça les amis ! Mais y’a une condition ! Faut que tu sois bien sûre de vouloir arrêter et que tout soit fini avec l’autre connard de manipulateur !
—Oui.
—OK, alors dès demain, tu prends des affaires et tu viens là !
—Mais…
— Y’a pas de “mais “, je te demande pas ton avis, tu viens là et c’est tout !
—Oui chef… souffle-t-elle ironiquement à voix basse »
Le silence s’installe. Gagné par la fatigue, ni l’un ni l’autre n’osent rompre se calme apaisant. Seul le faible bruit des voitures dans la rue parvient à leurs oreilles. Dao, en manque d’affection, se rapproche de Nico afin de le serrer dans ses bras. Le jeune homme se laisse faire et l’étreint à son tour. Il sent la poitrine de Dao s’écraser contre son torse. Son entrecuisse, qui s’était apaisé depuis que la jeune fille avait changé de position, réagit à nouveau ! Plaquée contre lui de tout son corps, elle ne peut ignorer l’excitation qu’elle suscite à son bienfaiteur. Elle n’est pas choquée de constater l’effet grandissant qu’elle provoque en lui, et sans réfléchir, de manière tout à fait naturelle, à la grande surprise de Nico, elle approche ses lèvres des siennes et l’embrasse langoureusement. Un désir soudain et inexpliqué s’est emparé d’elle. Le jeune homme, pris de court par les événements, se laisse faire… Les caresses de Dao sont si douces… Elle retire ses vêtements, puis le sien, seules entraves à leur union qui semble inéluctable à présent. Elle passe une jambe par-dessus son confident et se place à califourchon sur lui. Il peut sentir la partie la plus intime de Dao effleurer la sienne. La lumière de l’aube filtrée par ses volets fermés lui dévoile toute la magnificence de ce corps dénudé posté au-dessus de lui ! Elle s’allonge à présent sur lui et reprend ce tendre baiser interrompu par la mise à nue de leur anatomie, la peau de tout leur être entre en contact. Elle ondule délicatement son bassin de haut en bas de sorte que leurs instruments du plaisir se malaxent plaisamment. Les mains de ce dernier explorent ce terrain inconnu, il les passe sur toute l’étendue de son dos sans jamais omettre la partie la plus charnue située au plus bas. Elle est si douce… C’est la première fois qu’il touche en intégralité un corps autre que celui de Delphine. Dao est bien plus agréable au toucher au goût de Nico, tout est ferme chez elle ! Bien sûr il trouvait aussi que le corps de Delphine était doux, mais avant, il n’avait pas vraiment de point de comparaissons. N’arrivant plus à contenir son exaltation, il la renverse lentement, elle se retrouve sur le dos. Il commence par lui titiller le lobe de l’oreille, puis glisse sa langue dans sa nuque, tout en descendant, il arrive jusqu’à sa poitrine où il s’attarde plus longuement. Nico, stimulé par les réactions de Dao, continue son exploration passionnée. Ses lèvres parcourent chaque centimètre de sa poitrine. Elle, loin d’être indifférente à ce qui se passe, lui caresse le dos, par moment, elle contracte violemment ses doigts donnant lieu à des marques de griffure ! Nico dévalant toujours de plus en plus bas, se retrouve bientôt aux portes du fruit défendu qu’il n’hésite pas une seule seconde à goûter. Il se délecte de l'intimité de Dao, explorant chaque recoin avec une passion dévorante. Les ongles de Dao s’attaquent à présent au cuir chevelu du garçon ; excitée au plus haut point, elle maintient la tête de celui-ci en place, ses cuisses se referment sur son visage ! Prisonnier dans cet étau, il poursuit sa dégustation. Plus la jeune fille manifeste son plaisir, et plus l’excitation de Nico s’accroît ! Il est impératif pour lui d’aller visiter ce paradis interdit sans plus tarder ! Au même instant, Dao le saisit par les cheveux et le remonte jusqu’à sa bouche, elle l’embrasse fougueusement puis appuie de toutes ses forces sur son bassin pour qu’il la pénètre enfin !... Leurs ébats amoureux font grimper la température de la pièce, bientôt leurs corps bouillonnent de plaisirs. L’extase en atteint presque son paroxysme. Au zénith de son stimulus, Nico tente de contenir son éruption qu’il sait imminente, hélas il n’y parvient pas… Dans un ultime effort, il offre un dernier gémissement à sa partenaire avant de se laisser retomber sur elle. Légèrement essoufflé et la peau moite, il se roule mollement sur le côté, une main posée sur son ventre et l’autre sur le jardin d’amour de sa douce… Sans dire mot, la belle se laisse envahir par le sommeil, abandonnant Nico seul, seul avec lui-même.
MAIS QU’EST-CE QUE JE VIENS DE FAIRE !? Je suis stupide ou quoi ? Je suis vraiment un connard ! En fait, je ne vaux pas mieux que les autres ! Moi qui étais TANT fier de ma virginité ! Qui voulait attendre l’amour ! Qui voulait attendre Kate… Et qu’ai-je fait ? J’ai offert mon pucelage à une inconnue ! Au lieu d’écouter mon cœur, j’ai préféré me laisser guider par mes pulsions sexuelles ! L’inconnue étant devenue ma petite copine, enfin, deux jours par semaine, je n’avais qu’une chose à faire ÊTRE FIDÈLE ! Ce n’est pourtant pas compliqué d’être fidèle ! C’est même simple ! On est avec une personne, on l’aime et on ne va pas voir ailleurs ! C’est tout ! Si on souhaite aller voir ailleurs c’est qu’on l’aime pas vraiment, donc on se quitte, mais SANS tromper putain ! Et le pire dans tout ça, c’est que j’ai profité d’une fille, d’une amie, de ma petite sœur, alors qu’elle est dans une passe difficile, perdue et fragile ! MAIS COMMENT AI-JE PU ME COMPORTER DE LA SORTE ? Et maintenant je fais quoi ? Qu’est-ce qui va se passer ? Je quitte Delphine ? Je me mets en couple avec Dao ? En a-t-elle seulement envie ? Bien sûr que non ! Je suis persuadé qu’elle regrette déjà ! En plus, juste quand je lui dis de venir vivre avec moi… Mais quel con je fais ! Je ne vais pas lui dire qu’en fait il vaudrait mieux qu’elle reste chez elle et l’abandonner juste après avoir profité d’elle ! Il attrape son paquet de cigarettes et s’en allume une. Sans s’en rendre compte, il repose sa main libre sur la cuisse de Dao qu’il caresse avec tendresse. Putain, mais pourquoi j’ai fait ça ? La vie n’est pas aussi simple que je ne le pensais, il faut avoir vécu pour comprendre ! J’essayais de comprendre sans juger, avant même d’avoir vécu, c’était bête de ma part ! Je commence à comprendre un peu mieux Doéna quand elle dit toujours aimer Benjamin alors qu’elle a couché avec Samir… C’est étrange quand même, les deux filles avec qui j’ai couché, et bien les deux c’était à un moment où elles allaient mal, qu’elles avaient besoin d’un soutien ! Et moi, au lieu de leur apporter ce soutien, et bien je profite de la situation ! Je suis vraiment un connard ! Au même titre que Steve… Enfin non, un peu moins quand même… Bon, pour ma défense, je dirai qu’à chaque fois c’était elles qui commençaient, mais à aucun moment j’ai tenté de les stopper ! Nico sent un mouvement sous sa paume, il la retire immédiatement de l’entrecuisse de Dao qui, toujours endormie, se rapproche de lui. Elle pose sa tête sur son épaule, un sein contre son torse, une main sur ses pectoraux, et places sa jambe à cheval sur les siennes. Son pubis encore humide entre en contact avec la cuisse du jeune homme. La cause de tous ses tourments s’agite à nouveau… Nico éteint sa clope afin de libérer sa main qu’il dépose sur le dos de sa protégée. De l’autre main, il lui cajole doucement la joue. Qu’elle est belle ! Je suis sûr qu’il ne s’agit pas juste d’une attirance physique, j’éprouve des sentiments pour elle… Tiens ça aussi c’est étrange, je disais la même chose de Delphine ! En fait, je tombe amoureux des filles avec qui je fais l’amour si je comprends bien… Sauf Kate, elle je l’aime sans jamais avoir fait quoi que ce soit avec elle… Mais… ? En gros j’aime trois filles ? C’est impossible, je dois faire erreur ! À mon avis, je confonds “amour “ avec autre chose ! Avec “désir “ peut-être… Alors Kate, je l’aime ou je la désire ? Non Kate, je l’aime ! Et Delphine ? En y réfléchissant bien, ni l’un ni l’autre, je l’ai désirée, j’ai cru l’aimer, mais à cet instant précis, elle ne me manque pas… Je ne suis pas pressé de la revoir… À dire vrai, j’aurais presque préféré que Dao soit ma première ! D’ailleurs elle doit penser l’être, je ne lui ai jamais dit pour Delphine et moi… En plus, mes performances de ce soir n’ont pas été des meilleures… Assez brèves j’avoue ! Mais j’étais tellement excité ! Je ferai mieux la prochaine fois… HE HO ! STOP ! Y’aura pas de prochaine fois ! La sonnerie de son téléphone retentissant dans le salon attire son attention, mais il hésite à se lever. Soucieux de ne pas réveiller sa belle, il préfère laisser son répondeur s’occuper de la suite plutôt que de la réveiller. Qui ça peut bien être ? Il est quelle heure ? Il tend son bras et saisit le portable de Dao. Seize appels en absence et neuf SMS !!! Je l’ai même pas entendu sonner… Elle a dû le mettre en silencieux… Sept heures quarante-deux, j’espère que ça n’était pas le travail qui m’a téléphoné. Il repose le mobile de Dao sans lire ses textos ou même regarder qui avait cherché à la joindre. Perdu dans ses pensées, il ne tarde pas à s’endormir à son tour…
Après seulement quelques heures d’assoupissements, le réveil de Dao les extirpe de leurs doux rêves, bien trop tôt au goût de Nico…
« Oh putain il est quelle heure ? s’exclame Dao en sursaut !
—Je sais pas, pour quelle heure t’as réglé ton alarme ?
—Heu… Dix heures !
—Il doit être dix heures alors…
—Putain faut que je rentre chez moi !
—Ah… Donc faut que je me lève ?
—Oui ça serait cool, j’ai pas ma voiture. en finissant sa phrase, elle dépose un baiser sur la joue de Nico qui est resté allongé les yeux fermés.
—Sinon y a une autre solution, moi je reste là, à dormir, je te laisse les doubles de ma voiture et de chez moi, et tu fais ta vie…
—Mais faut que je récupère ma voiture !
—On la récupère demain, ou ce soir après ton taf…
—Non allez, viens avec moi s’il te plaît ! J’ai pas envie d’y aller seule ! elle dépose à nouveau un baiser sur sa joue, mais en lui caressant l’entrejambe cette fois-ci. L’effet escompté ne tarde pas à se produire.
—Comment te dire non plus longtemps ?
—T’es un amour ! Allez hop, je vais prendre une douche ! dit-elle en se levant.
—OK… »
J’aurais peut-être dû dire non un peu plus longtemps histoire de voir jusqu’où elle serait allée… Oh Putain, faut que j’arrête mes conneries ! On dirait pas qu’elle regrette en tout cas, au contraire même ! Putain je fais quoi moi maintenant ? Je lui ai rien dit pour Delphine ! Je suis dans la merde ! Je sais pas quoi faire… Nico se lève difficilement et va se faire un café. Il prend sa tasse, récupère ses cigarettes dans ce qui semble être devenu la chambre de Dao, et s’installe sur son clic-clac, face à la télévision. Il s’allume une clope en mettant une chaîne musicale au hasard, puis empoigne son téléphone qu’il avait laissé en charge. L’écran affiche deux appels manqués, tous les deux de Delphine. Merde, c’était elle tout à l’heure ! Elle n’a pas laissé de message… Je la rappelle ? Bin ouais il le faut !
« Allô ? Je ne te réveille pas ?
—T’es où ?
—Chez moi. Houla, elle a l’air en colère.
—Pourquoi t’es parti ?
—Je suis allé chercher Dao, elle allait pas bien du tout, elle était en pleur !
—Elle a pas de voiture celle-là ?
—Si si, mais elle ne l’avait pas prise…
—Et son mec, comment il s’appelle déjà l’autre camé ? Enfin bref, il avait pas pris sa caisse lui non plus ?
—En fait, c’est un peu à cause de lui qu’elle pleurait…
—Ha… Et pourquoi t’es pas revenu ?
—En fait, après l’avoir déposée, j’ai pas voulu te réveiller en rentrant, t’avais pas l’air de bonne humeur après son coup de fil, j’ai préféré te laisser dormir ! Et voilà, je suis un menteur maintenant en plus d’être infidèle ! Bravo à moi ! En même temps, ça va souvent de pair, on est rarement l’un sans l’autre…
—Donc tu vas venir maintenant ?
—Heu, en fait, j’ai pas mal de trucs à faire… Entre le ménage, les courses et le repassage que j’ai en retard, je pense que je vais rester à la maison. Eh oui, pourquoi s’arrêter sur UN seul mensonge ?
—Ah… Bon… On se voit vendredi prochain alors.
—Oui bien sûr, comme d’hab. ! Bisous à vendredi alors !
—Ouais, bisous à vendredi, on s’appelle. Delphine raccroche aussi sec.
—À qui tu parles ? crie Dao de la salle de bain.
—Personne, c’est la télé ! Pourquoi se contenter de mentir à une seule personne quand on peut le faire à plusieurs ? »
Après quelques minutes, elle sort enfin, nue, une serviette sur la tête pour seul vêtement. Nico, surpris dans un premier temps, la voit enfin en intégrabilité dans son plus simple appareil à la lumière du jour. Il ne peut s’empêcher de la contempler et de s’émerveiller face à sa vénusté.
« Au lieu de me regarder comme si j’étais une déesse, même si je sais que je suis très belle, t’aurais pas des fringues pour moi ?
—En fait, si tu cherches bien, dans ton lit, ou pas très loin, tu devrais trouver le boxer que je t’ai filé hier, mais que t’as pas utilisé.
—Oui… On va dire que c’est un début… Sinon je pensais à un pantalon et pourquoi pas un T-shirt ? Juste histoire de pas sortir à poil.
—Ouais, je vais essayer de te trouver ça…
—Bien aimable à toi. »
Après lui avoir donné les habits saisis par le plus grand des hasards parmi sa pile de linge, Nico retourne à sa place, sur le canapé face à la télévision.
« T’as pas un sèche-cheveux ?
—Réfléchi à ce que tu viens de demander et peut-être que tu vas trouver la réponse, j’ai bien dit “peut-être “…
—C’est pas parce que t’as les cheveux courts que forcément t’as pas de sèche-cheveux !
—C’est vrai, pas forcément… J’aurais pu en acheter un, pour décongeler mon freezeur par exemple, mais non, je l’ai pas fait.
—Et sinon, tu portes un dentier ?
—Heu, non.
—Donc tu dois bien avoir une brosse à dents pour moi !
—Ah ah ah ! Oui, j’ai ça dans la réserve, ouvre le tiroir du milieu, tu trouveras aussi des cotons-tiges… J’anticipe ta prochaine question, au cas où… »
Quelques minutes plus tard, elle revient avec ses nouveaux vêtements.
« Non, mais t’es sérieux là ? Nico se retourne vers Dao et éclate de rire. Elle porte son Baggy noir qu’il a rarement porté, cadeau reçu il y a quelques années déjà, avec un haut blanc échancré et très serré, autre cadeau reçu à une époque où la “Tecktonik “ était à la mode.
—Désolé, mais c’est tout ce que j’ai trouvé dans mon armoire !
—Putain, j’ai l’air d’un clown !
—D’un clown sexy ! Non, mais honnêtement, les deux te vont bien !
—Ouais c’est ça, ils me vont bien, mon cul oui !
—Non sérieux, individuellement, ils te vont bien.
—Ouais c’est ça, fout toi de ma gueule !
—Non, mais sérieux, sans blague, les deux te vont, mais pas en même temps.
—Ouais c’est bon arrête, t’y arriveras pas. Heureusement que c’est juste pour quelques minutes. On y va ?
—Heu, en fait je suis pas prêt moi !
—Tu veux mes fringues ?
—Heu non, c’est bon, je pense que vais pouvoir trouver quelque chose d’autre, et puis ça te vas si bien !
—Bon allez, bouge-toi ! »
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