Dimanche 29 Août

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Ce matin, Nico se réveille très tôt, certainement dû au fait qu’il s’était également endormi très tôt. Il en profite pour approfondir le rangement et le nettoyage de son appartement, déjà très sommairement entrepris la veille. Il s’efforce de tout prévoir, en libérant de l’espace dans la penderie, dans les placards et les tiroirs, notamment dans la salle de bain, afin que Dao puisse avoir de la place pour tous ses produits d’entretien et de beauté. Il envisage d’acheter une seconde corbeille à linge sale, car il n’a pas envie que sa future colocataire lave ses caleçons usagés. Une fois la réorganisation faite, il hésite à téléphoner à Dao, il se ravise très vite se disant que si elle ne l’a pas encore appelée, c’est certainement parce qu’elle dort toujours. Il décide alors de composer le numéro de Benjamin :

« Allô ! Alors comment tu vas ? Je te réveille pas au moins ?

—Oh Nico ! T’es déjà réveillé ?

—Ouais, je suis matinal aujourd’hui, mais je t’ai pas réveillé dis-moi ?

—Non, non ! On s’est levé y a pas longtemps, mais on en est déjà au café. Alors ? Que me vaut ce coup de fil si tôt le matin ?

—Rien en particulier, je venais juste aux nouvelles, savoir comment ça c’est passé avec Doéna, mais apparemment bien, puisqu’elle semble être avec toi en ce moment.

—Ha oui, très bien même ! C’était trop drôle !

—Drôle ? Ah bon ?

—Le crois pas c’est pas vrai ! Nico reconnaît la voix de Doéna qui crie à proximité du téléphone. Attends je le lui explique. Nico, tu te souviens que je lui ai acheté une bague ?

—Oui.

—Eh bien, en fait, quand je lui ai offert, elle a cru à une demande en mariage !

—Ah merde ! T’as dû être mal non ?

—Non, j’ai éclaté de rire !

—Sérieux !?

—Bon, j’étais un peu gêné de sa méprise, surtout qu’elle avait l’air très contente, mais c’était plus fort que moi, j’ai pas pu retenir mes rires !

—Ah merde, elle a dû être déçue quand tu lui as dit que c’était pas ce qu’elle pensait !

—Non ça va, du coup c’est elle qui s’est sentie bête !

—Tu m’étonnes ! La pauvre, j’aurais pas aimé être sa place.

—Non, mais ça va, on en rigole déjà.

—Oui heureusement !

—Puisque je t’ai au tél., on se fait un resto tous les trois, ou quatre si t’invites Delphine, demain soir ? Putain si Delphine vient, ça sera notre première soirée couple.

—Heu, ouais pourquoi pas. Je te tiendrai au courant pour Delphine.

—Bon je te laisse, on a plein de trucs à faire. On doit récupérer toutes ses affaires et cette aprèm on va au musée… Ouais, no comment ! C’est pour lui faire plaisir !

—Excellent, je vois que vous repartez sur de nouvelles bases ! Le musée ça va encore, ça peut être sympa. Elle aurait pu choisir une activité pire que ça, genre une balade dans la forêt.

—Oh non, ça encore ça ne me dérangerait pas, non le pire pour moi ça serait un opéra en allemand !

—Oh OUI ! Le truc bien pourri qui dure longtemps et où tu comprends rien ! T’as raison, ça serait ça le pire !

—Mais là, même pas en rêve ! Bon allez, je te laisse, on se voit demain au boulot !

—Oki, bisous à tous les deux, à demain. »

Bon, il est en pleine reconstruction de son couple, je vais pas l’emmerder avec mes petits soucis. Elle fait quoi Dao ? Non, je ne vais pas l’appeler, ça ferait un peu trop le mec impatient, mais bon, j’aimerais bien savoir ce qu’elle fait. C’est chiant de se réveiller tôt quand on n’a rien à faire et personne à voir ! En plus y a jamais rien d’intéressant à la télé à cette heure-ci… La sonnerie de son portable le sort de ses songes. Ah Dao !

« Enfin tu m’appelles !

—Je savais pas que t’attendais mon appel, mais ça fait plaisir !

Merde, c’est Delphine ! Heu, oui, j’attendais ton appel, tu m’as même pas envoyé de messages hier !

—Eh bien, figure-toi que toi non plus !

—Mais c’est parce que je t’ai senti un peu énervée samedi matin, du coup j’ai préféré attendre que tu te calmes un peu. Ouah, ce que je mens bien ! Je m’impressionne moi-même ! J’y croirais presque même !

—Non, j’étais pas énervée, enfin si, peut-être un peu, mais t’aurais quand même pu m’envoyer un message… Bon, c’est pas grave, on ne va pas s’arrêter à des détails. Je me demandais ce que t’avais prévu aujourd’hui ? Si jamais t’as fini ton ménage…

—Aujourd’hui ? Vite trouve quelque chose ! Heu, je dois aider Benjamin et Doéna, elle réaménage, du coup je vais les aider à porter les cartons. Oui c’est bien ça, c’est crédible en plus. Et ce n’est que la moitié d’un mensonge, elle réaménage bien avec Benjamin et je dois bien aider à porter des cartons, c’est juste que ce ne sont pas ceux de Doéna.

—Toute la journée ?

—Non, juste cet aprèm, je dois les rejoindre à quatorze heures.

—Ah cool, on peut déjeuner ensemble, c’est moi qu’invite.

—Heu, oui, d’accord. Bon et bien reste plus qu’à espérer que Dao dorme longtemps du coup. Mais un déjeuner rapide par conséquent.

—Oui, oui, on dit rendez-vous vers onze heures trente, comme ça on profite un peu du soleil.

—OK, ça marche, à toute à l’heure alors.

—Bisous, à tout ! »

Je me demande si le mensonge est inné chez tout le monde ?

L’heure de son repas approche et il n’a toujours pas de nouvelle de Dao. Il règle son portable en mode silencieux pour éviter de se mettre dans une situation délicate, il ne souhaite pas que Dao l’appelle pendant qu’il mange avec Delphine.

Pendant le déjeuner, tout se passe bien, Delphine n’aborde pas le sujet Dao, ce qui arrange Nico. Ils discutent de tout et de rien, comme d’habitude, comme si rien n’avait changé pour Nico. Pourtant, même s’il le cache, il ressent une certaine honte. Il n’apprécie pas beaucoup la situation dans laquelle il s’est placé. En apparence, il semble détendu, mais au fond de lui, c’est tout le contraire. Il se demande comment il peut agir de la sorte. Il vient de trahir sa petite copine, et sa “maîtresse “ doit venir vivre chez lui dans quelques heures. À plusieurs reprises, il s’est dit qu’il devrait prendre son courage à deux mains et tout lui dire, mais il n’en a jamais trouvé la force. Il se sent lâche, prisonnier de son mensonge. Il ignore quand il sera libéré de cette condamnation qu’il s’est autoaffligée. Pourtant, il est bel et bien le seul à pouvoir se délivrer de cette tromperie et donc, le seul décisionnaire de la durée de sa peine. Quoi qu’il en soit, face à Delphine, il ne laisse rien transparaître de ses tourments.

L’heure du rendez-vous fictif de Nico approchant, Delphine demande l’addition qu’elle règle sans attendre. Nico la remercie avant de la quitter et regagne sa voiture. Une fois à l’intérieur, il sort vite son téléphone de sa poche afin de contrôler s’il a des appels en absence. L’écran n’en affiche pas, en revanche, il a un SMS non lu. L’expéditrice n’est autre que Dao, qui lui fait savoir qu’elle est réveillée et quasi prête pour la délocalisation. Nico s’empresse de lui téléphoner afin de mettre au point les détails de l’organisation, puis il la rejoint. À son arrivée, l’accueil de son amie le surprend quelque peu : le jeune homme ne s’attendait pas à ce qu’elle lui fasse la bise comme elle l’a toujours fait, comme s’il ne s’était jamais rien passé entre eux, ou que cela n’avait aucune importance, mais surtout aucune incidence. Nico est partagé entre le soulagement et la déception. Soulagé qu’en fin de compte, elle ne devienne pas sa “maîtresse “, ce qui lui évitera certains mensonges pour le futur. Déçu que Dao ne semble pas accorder d’importance à cette nuit qu’ils ont partagée.

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