Mardi 05 Octobre
« On y est enfin ! C’est l’opening ! Je vais pas vous mentir, je suis un peu stressé. J’espère que vous l’êtes moins que moi, sinon ça risque d’être une catastrophe ! Pour éviter que ça ne soit la pagaille, je n’ai pas communiqué sur la date d’ouverture. Histoire qu’on se met d’abord en place. On fera l’opening officiel le mois prochain. Vous avez donc un mois pour vous familiariser avec les lieux, les menus, les plats, l’organisation, la clientèle et bien sûr, vos nouveaux collègues de travail. Durant ces trente jours, je serai très tolérant, et surtout, je serai à votre écoute ! Si jamais vous décelez, ou rencontrez une problématique quelconque, venez de suite m’en parler à moi ou ma wife afin qu’on réfléchisse ensemble à une solution. Sinon, j’espère que vous êtes tous prêts, que chacun sait ce qu’il a à faire. Je me fais pas trop de souci pour ça, à part un ou deux, je vous connais déjà tous, il ne devrait pas y avoir de surprises. So, si personne n’a de question, que tout le monde se mette en tenue et en place, on ouvre les portes dans trente minutes. »
Voilà, le jour J est arrivé et Laurent ouvre son premier restaurant. Il est angoissé et enthousiaste en même temps. Il croit en son concept, mais surtout, il veut prouver à son père que lui aussi il peut réussir. Qu’il est capable de gérer un établissement seul, sans aucune aide. Les uniformes prévus pour les hommes sont tout simplement des tenues de croupiers, mais pour les filles, il en est tout autre. Elles portent de petits shorts très courts et moulants, accompagnés d’un petit top laissant leurs ventres à découvert et optimisant la taille de leurs poitrines, pour le plus grand plaisir de ces messieurs. Pour les uniformes des serveuses, il s’est inspiré des restaurants Hooters aux États-Unis, où le critère principal de recrutement est avant tout la plastique des filles, avant même leurs compétences professionnelles. Laurent est conscient que cette tenue n’a aucun lien direct avec le poker, et au début il ne souhaitait pas les habiller de la sorte. L’idée vient de sa petite copine, Lucile, à qui donne souvent le surnom de “ma wife “. Ayant souvent voyagé aux États-Unis, elle connaît bien les Hooters, et sait très bien que leurs succès reposent en grande partie sur l’apparence physique attrayante de leur personnel féminin et leurs tenues provocantes. Pour convaincre Laurent, elle a argumenté en disant que le nom de son restaurant étant Vegas‘s Diner et non Poker’s Diner, l’idée n’était pas complètement en contradiction avec le concept. Laurent craignait la réaction du personnel féminin lorsqu’il leur présenterait les vêtements dans lesquels elles devraient travailler. Lucile lui a répondu que lorsqu’elles verront que même la patronne porte cette tenue, elles comprendront qu’il s’agit bien d’une stratégie commerciale et non pas d’une fantaisie d’un patron qui souhaiterait juste se rincer l’œil. Après, libre à elles d’accepter ou d’aller travailler ailleurs. De plus, étant le premier restaurant de ce genre dans la région, Lucile lui garantit que les gens allaient en parler, et rien de mieux que le bouche-à-oreille comme publicité. Bien sûr, l’idée ne séduira pas tout le monde, mais ceux qui pourraient être intéressés entendront vite parler de lui. En tant qu’homme, l’idée lui plaisait dès le départ, mais en tant que patron, il avait peur de choquer certains clients, une crainte que Lucile a réussi à apaiser. Face aux arguments de sa copine, Laurent a finalement cédé.
Lors de l’entrevue avec Dao, contrairement à celle avec Nico, Lucile était présente. En tant que femme du patron, elle tenait à s’impliquer dans les diverses étapes précédant l’ouverture, notamment dans le recrutement du personnel féminin. Dès qu’elle a vu Dao, la première pensée qui lui traversa l’esprit était la mise en valeur de sa poitrine. Si Lucile apporte beaucoup d’importance à cette partie du corps, ce n’est pas seulement pour des raisons professionnelles. Elle a toujours observé les décolletés de la gent féminine, on peut dire que ça l’obsède depuis son adolescence. Dans sa classe, elle fit partie des dernières à avoir eu besoin de porter des soutiens-gorges, et encore, il s’agissait de bonnet A, ce qui lui a valu le surnom de “planche à pain “ jusqu’à la fin de ses années lycée. Complexée par sa petite poitrine, elle économisa pendant plusieurs saisons afin de se payer une chirurgie esthétique et passa d’un seul coup du simple bonnet A au bonnet C. Depuis ce jour, plus personne ne l’a appelée “planche à pain “. Physiquement, Dao correspond parfaitement à ce qu’elle recherchait : une jeune fille avec un joli visage et une belle poitrine qui sera grandement mise en valeur par l’uniforme prévu. Lucile ne discuta même pas avec Laurent et recruta Dao. Laurent, conquis par l’apparence de sa nouvelle employée, ne s’opposa pas à son embauche.
Les filles sont les premières à sortir du vestiaire en tenue de travail. Laurent est ravi du résultat, il n’a qu’une envie, faire l’amour à sa copine dans cet uniforme. Il attend avec impatience la fin de la journée pour réaliser son nouveau fantasme. Lorsque Nico et Bertrand sortent à leur tour, l’effet n’est pas le même. Ils ont beau être séduisants dans leurs accoutrements, ils sont loin d’être aussi attirants que les filles. Lucile prend Dao par la main et l’entraîne sur la terrasse afin que tous les passants puissent les voir et du même coup, remarquent le nouveau restaurant qui vient d’ouvrir dans le quartier. L’effet escompté ne tarde pas à se produire, et très vite la cuisine reçoit ses premières commandes.
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