Dimanche 28 Novembre

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“Don’t go breaking my heart“ est la chanson que l’on peut entendre au Café du Centre lorsque Kate arrive.

« Salut toi, comment vas ?

—Bien et toi ? T’es malade ?

—Heu non, pas que je sache. Pourquoi ?

—T’es à l’heure !

—Ah ah, très drôle ! Ça m’arrive parfois, c’est pour surprendre les gens, ils ne s’y attendent pas !

—Ah ça c’est sûr, personne ne s’y attend jamais.

—Sinon ça va mieux au travail ?

—Oh oui, depuis que Lucy a embauché la dernière serveuse, ça va beaucoup mieux ! Non parce qu’il est gentil Laurent, mais en arrivant tous les jours en retard, et de plus en plus tard, on galérait un peu en début de services. Là du coup ça va beaucoup mieux.

—Et elle est jolie ?

—La nouvelle ? Bien sûr, c’est LE critère de sélection.

—Avec toutes les jolies filles qui bossent avec toi, tu vas bien finir par en garder une pour toi.

—Elles sont jolies, mais elles ne m’intéressent pas, et puis de toute façon elles ont des mecs. Et toi, toujours rien ?

—Non, je ne fais pas de rencontre intéressante ces derniers temps…

—Même pas pour un soir ?

—Non, même pas. Je crois que j’ai pas envie de ça en ce moment. J’aimerais bien me poser…

—T’as des envies de mariage ?

—Houla, calme-toi ! Je veux juste dire rester quelque temps avec le même mec. J’ai jamais parlé de mariage ou d’enfant ! On n’en est pas là !

—Ah oui, tu m’as fait peur pendant un moment !

—Mais je ne rencontre pas de mecs avec qui je m’entende bien. Y’en a plein des mignons, mais le problème, c’est qu’ils n’ont rien dans la tête.

—En même temps, tu cherches en boîte, c’est pas vraiment le meilleur endroit !

—Non, c’est pas vrai, je cherche pas spécialement en boîte ! J’y vais pour m’amuser avec Estelle, et si je rencontre quelqu’un là-bas et bien tant mieux. Et puis de toute façon, où veux-tu que je fasse des rencontres ?

—Je sais pas, au travail, dans les clients ou les collègues ?

—Les clients sont tous mariés, et quand ils ne le sont pas, ils sont trop vieux ou trop moches. Quant aux collègues, laisse tomber, j’ai aucune affinité avec eux. Et sinon, Dao va bien ?

—Oui, elle va bien. Bon tu sais qu’elle a repris les cours en octobre, mais je peux pas dire qu’elle y aille souvent depuis novembre.

—Ah bon ? Pourquoi ?

—Disons que le matin, elle a un peu de mal à se lever, normal, vu l’heure à laquelle elle rentre la nuit…

—Mais elle a déjà raté son année à cause de ça, et elle continue ?

—Elle dit que de toute façon, le premier semestre, elle le maîtrise bien et que si elle a échoué aux exams, c’est surtout parce qu’elle avait fait n’importe quoi durant cette période, mais qu’elle n’était même pas obligée d’aller en cours du tout si elle voulait…

—Ouais, mais quand même, c’est pas une raison pour rester sur un mauvais rythme. Enfin bon, au moins elle prend plus de drogue.

—Puisque t’en parles, Laurent il en prend ?

—Pas que je sache, pourquoi ?

—Pour rien…

—Non pas pour rien. Si tu poses la question, c’est qu’il y a une raison.

—Non, c’est juste que parfois, j’ai l’impression qu’ils en prennent.

—C’est qui, “ils “ ?

—La bande de fêtards, Laurent, Lucy et Dao…

—Tu crois qu’ils en prennent ? Mais qu’est-ce qui te fait penser ça ?

—Des petits détails, ils reniflent souvent, vont aux toilettes à tour de rôle ou tous ensemble et qu’ils parlent vite sans attendre les réponses, un peu comme faisait Dao déjà à l’époque…

—Aïe ! J’espère que c’est pas ça et que tu te trompes.

—Oui j’espère aussi.

—Mais ça arrive souvent ?

—Non, je l’ai surtout remarqué lorsque je sors avec eux.

— Ah donc ils n’en prennent pas tous les jours !

—En fait je sais pas, moi je sors pas tous les soirs, mais eux si !

—Ça m’étonne de Laurent quand même, mais bon, s’ils n’en prennent que pour les sorties et qu’ils n’abusent pas sur les quantités, c’est pas trop grave non plus.

—Laurent et Lucy, je m’en fous, ils font ce qu’ils veulent, mais Dao, ça me fait chier ! Surtout que si je lui ai dit de venir chez moi, c’est parce qu’elle m’avait fait part de son envie d’arrêter et de ses problèmes financiers. Si elle en reprend, je le prendrais un peu comme une trahison. Surtout si elle ne vient pas m’en parler.

—Tu sais, ça doit pas être facile pour elle. Je pense pas que tu puisses arrêter comme ça du jour au lendemain.

—J’ai jamais dit que ça devait être facile, mais justement, je suis là pour l’aider. Sauf que je peux pas si elle m’en parle pas. Et puis, je suis quand même blasé, car j’étais censé l’éloigner de ça et le premier boulot que je lui trouve, les patrons en prennent avec elle !

—Mais même de t’en parler, ça doit pas être évident pour elle ! Je pense qu’elle ne doit pas avoir envie de te décevoir ! Et puis, le dire, ça serait l’admettre, et si elle est dans le déni, elle ne t’en parlera pas !

—Mais c’est en me le cachant qu’elle me déçoit encore plus ! Et puis le déni, le déni de quoi ? Elle ne peut quand-même pas nier qu’elle en prend lorsqu’elle est en train de sniffer !

—Le déni, ça peut être de minimiser le truc, se dire qu’elle n’en prend pas tant que ça, et qu’elle maîtrise le truc, qu’il est donc inutile de t’en parler, car elle n’a pas besoin d’aide.

—Ouais t’as peut-être raison, mais je fais quoi moi alors ?

—Rien, tu peux pas la forcer à t’en parler. Je t’aurais bien dit d’aller toi lui en parler, voir si elle nie ou au contraire si elle t’en parle, mais je te connais et tu le feras pas. Du coup, attends, et si tu vois que ça empire, t’auras pas d’autre choix que de prendre les devants et de lui en parler.

—Mouais, je vais attendre… J’espère quand même qu’elle dépense pas tout son argent là-dedans… »

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