Dimanche 12 Décembre

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Nico dormait tellement profondément qu’il n’a pas entendu Dao se lever pour aller travailler. En ouvrant les yeux, il ne se lève pas immédiatement et reste allongé le temps d’émerger un peu en fumant une cigarette. Une fois éteinte, il boit un café avant d’aller prendre une douche. En entrant dans la salle de bain, un objet sur le sol attire son attention, il se baisse pour le ramasser et se rend compte qu’il s’agit d’un petit sachet en plastique transparent contenant une poudre blanche. Il le dépose bien en évidence dans la chambre de Dao…

En arrivant au Café du Centre, Nico n’est pas d’humeur à sélectionner une chanson. Sa découverte dans la salle de bain l’a contrarié. Il s’installe directement à sa place et commande un kir en attendant Kate.

« Coucou toi !

—Salut ma belle.

—Alors ? T’as plein de trucs à me raconter ! Laurent t’as confirmé que Dao prend de la coke c’est ça ?

—Oui ! En fait, hier après le service de midi, on a discuté un peu. Il voulait que j’aille avec eux hier soir. Je lui ai répondu que j’étais fatigué et que je tiens moins l’alcool qu’eux, et je sais plus comment ça s’est passé exactement, mais il m’a proposé de la coke en me disant que c’était grâce à ça qu’ils tenaient bien le coup tous les trois.

—Ha bien voilà, t’en es sûr maintenant ! Et t’en as parlé à Dao ?

—Non pas encore, mais ce matin j’ai trouvé un sachet de coke dans la salle de bain. Elle a dû le faire tomber en se changeant, du coup je l’ai posé bien en vue dans sa chambre pour qu’elle comprenne que je l’ai vu.

—Tu penses qu’elle va t’en parler ?

—Cette fois-ci, si elle ne m’en parle pas, c’est moi qui aborderai le sujet.

—T’as l’air en colère !

—Non, pas en colère, un peu vexé peut-être. Je supposais qu’elle me mentait, maintenant j’en suis sûr. Par contre, Laurent m’a laissé entendre qu’elle en consomme moins que lui et Lucy.

—C’est toujours ça.

—Oui comme tu dis.

—Mais tu vas faire quoi après en avoir parlé avec elle ?

—C’est-à-dire ?

—Je sais pas, mais si elle te dit qu’elle ne veut pas arrêter ?

—Pas la moindre idée, je n’y ai pas vraiment réfléchi.

—C’est pas bon ça, parce que je te connais un peu et je sais que lorsque t’es comme ça, t’es fermé à toute conversation. Il suffit qu’elle dise quelque chose que tu prennes mal, et t’es capable de la foutre dehors même si c’est pas ce que tu souhaites.

—Mais non, je ne suis pas comme ça.

—Bien sûr que oui, t’es comme ça ! C’est pour ça que je te dis que tu devrais te préparer psychologiquement à toutes les possibilités, pour ne pas réagir sur un coup de sang… »

Dao vient de finir de travailler. En rentrant chez elle, elle se repose avant de devoir revenir au Diner pour la partie de poker dominicale. C’est après une bonne sieste qu’elle aperçoit le sachet laissé par Nico dans sa chambre à son intention. Elle ne réalise pas de suite que la présence de cette drogue à cet endroit est anormale. Elle la saisit machinalement et se prépare un trait. C’est après l’avoir aspiré qu’elle commence à se poser des questions. Ne se rappelant pas l’avoir mise elle-même à cette place, elle s’interroge sur sa provenance. Elle ne doute pas que ça lui appartienne, mais ne comprend pas pourquoi elle l’aurait déposée ici, à la vue de tous ceux qui pourraient entrer en ces lieux, alors qu’elle fait toujours bien attention à ce que sa cocaïne soit cachée. Elle en déduit que seul Nico avait pu le déposer ici. Mais où avait-il bien pu la trouver ? Et que va-t-il lui dire ? Elle espère qu’il ne lui en voudra pas trop. Elle cherche quel mensonge elle pourrait concevoir avant de se rétracter, se disant que cela ne servirait à rien de prendre Nico pour un idiot.

La partie de poker se finit plus tôt que d’habitude. Beaucoup de joueurs sont fatigués ou tout simplement pas concentrés sur leurs jeux, et Nico profite de cette situation pour se hisser à la première place. Il est vraiment content de son résultat et aimerait bien que ses adversaires aient plus souvent l’esprit préoccupé par d’autres choses que leurs cartes. Mais maintenant que la partie est terminée, il va devoir rentrer avec Dao et avoir une conversation au sujet du sachet de la salle de bain. Jusqu’à présent il avait pu la surseoir, mais elle semble imminente à présent, à moins qu’elle ne sorte avec les autres, ce qui lui ferait gagner encore un peu de temps…

Dao ne sait toujours pas si son ami lui en veut. Pendant le tournoi, il communique peu, se concentre sur la partie et sur les réactions de ses adversaires afin de déceler les bluffs hypothétiques. Parlant peu et son visage n’affichant aucune expression, elle est bien incapable de deviner l’humeur de celui-ci.

Fier de sa victoire, il ramasse ses gains avec ses affaires avant de se tourner vers sa colocataire pour lui demander ses intentions pour la suite de la soirée. Elle lui répond être fatiguée et vouloir rentrer se reposer…

En arrivant, Nico fait ce qu’il a à faire sans jamais adresser la parole à son amie. Dao décide de lancer la conversation :

« Nico, je peux te parler de ce que t’as trouvé ?

—Tu parles de la coke ? C’est à toi ?

—Je vais pas te mentir, oui c’est à moi.

—Tu m’avais pas dit que t’allais arrêter ?

—Si, j’ai dit que je voulais arrêter. J’y étais presque arrivée d’ailleurs. J’en prenais qu’une fois ou deux par semaine. Mais quand on a commencé à travailler avec Lucy et qu’elle m’en a proposé, j’ai pas su dire non… Par contre j’en prends moins qu’à l’époque de Steve, seulement le soir, parfois avant le service, mais jamais avant dix-huit heures.

—Pourquoi tu m’en n’as pas parlé ?

—Je sais pas… Et puis, tu ne m’as jamais posé la question non plus…

—Je te posais pas de question, car je me disais que t’avais peut-être pas envie d’en parler et que si tu voulais en parler, tu le ferais de toi-même ! Mais sinon, t’en es où toi avec ça ?

—Je pense que je contrôle le truc, mais j’en suis pas sûre. En fait jusqu’à la semaine dernière, j’en prenais jamais avant le service, j’en avais envie, mais j’arrivais à me contenir, mais lundi j’ai pas réussi… Dao commence à pleurer avant de poursuivre : Et depuis, j’en ai pris presque tous les soirs avant le service… J’ai peur de recommencer à en prendre dès le matin, surtout que c’est la première chose à laquelle je pense en me levant… Je veux pas que ça recommence.

—Mais t’arrives pas à dire non quand ils t’en proposent ?

—Non… J’y arrive pas… J’ai envie de dire non, mais avant que je m’en rende compte je dis oui…

—Et financièrement ?

—Pour le moment ça va, je touche pas à mon salaire, j’ai remboursé toutes mes dettes et je paie ma coke avec mes pourboires, mais j’en achète pas souvent…

—Mais je comprends pas, tu souhaites arrêter ?

—J’aimerais, mais j’y arrive pas ! J’ai cru avoir le contrôle, mais je me rends compte que petit à petit j’en prends de plus en plus…

—Si tu le veux je peux essayer de t’aider.

—Comment ?

—En te coupant les vivres. Tu me donnes ta carte bancaire, ton chéquier et tous tes pourboires et tu me laisses gérer ton argent. C’est pas la solution miracle, si tu en veux tu pourras toujours en trouver je le sais, mais déjà ça te limitera. Tu dois le dire à Laurent et Lucy aussi, et moins sortir avec eux. Tu veux qu’on essaie ?

—Oui… Je peux dormir avec toi cette nuit ? J’ai pas envie de dormir seule.

—Heu, oui…

—Merci. »

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