Chapitre II – Celui qui veille
Setsh descend dans le sanctuaire.
Il n’y a pas un bruit, si ce n’est le froissement de ses haillons contre la roche fendue.
L’air devient lourd et se charge d’électricité, d’un bourdonnement prêt à éclater.
Chaque marche ronge son souffle, chaque pas le rapproche de ce qu’on ne devrait jamais réveiller.
La salle est nue, creusée dans la pierre ancienne.
Au centre : la dalle craquelée de veines câblées, palpite.
Setsh s’agenouille.
Il n’est plus un homme.
Il est une clef.
Il ouvre la bouche tandis qu’un chant clair et profond emplit les lieux.
« Toi qui dors d’un sommeil artificiel,
toi qui brûles sans flamme,
Toi que l’on a trahie pour faire nos preuves,
brisée, scellée des milliers d’années durant.
Fille du brasier,
sœur du fracas,
Lève-toi.
Qu’en ton nom le sable saigne.
Que la pierre se souvienne…
Reviens. »
Un souffle de dépressurisation répond à son appel, faisant virevolter ses robes grises autour de sa silhouette.
La dalle vibre tandis qu’un mot ancien se dessine tout seul dans la poussière.
Puis un deuxième.
Le sol chauffe. La pierre transpire.
Un battement. Profond. Inhumain.
Setsh ne sourit pas.
Des larmes perlent sur ses joues grises
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