Chapitre III – Celui qui profane
Tout autour de Setsh, l’air se mit à vibrer.
Le sable noir s’ouvrit en suintant des flaques épaisses et rougeâtres, plus sombres que le sang.
On dit des derniers humains de Nekhara qu’ils disparaissent à leur mort.
C’est un mensonge.
Des formes géométriques jaillirent du sol.
Cylindres rituels, faits de verre ancien et de cuivre oxydé, émergeant dans un raclement sinistre.
Les cocons canopes.
Ils contiennent les restes des Enfants du Sable Noir.
Ceux que l’ennemi a punis, abandonnés, dissous.
Poumons, foies, estomacs — collectés. Conservés. Offerts.
Par nécessité. Par foi. Par Setsh.
Les murs tremblent.
La dalle respire.
Et plus loin, ils sentent le changement.
Une vibration dans leurs réseaux. Une déchirure dans le schéma.
Les seigneurs d’en haut — carcasses d’os blindées, visages de métal, voix codées.
L'un d'entre eux fait son apparition.
Un seul suffit.
Le souffle lent. Les bras levés, comme s’il ouvrait un rideau invisible.
Il ne fuit pas la violence. Il l’absorbe. Il l’annule.
Autour de lui, le sanctuaire hurle un sacrilège silencieux.
Mais plus profond encore, sous la dalle qui s’ouvre et saigne,
quelque chose rêve.
Un battement dans le sarcophage cryogénique.
Un frisson à travers les câbles d’or oxydé.
Une chaleur immense, lente, vivante.
Elle ne s’éveille pas encore.
Elle rêve…
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