Chapitre IV – Là où brûle le silence
Elle ne rêve pas.
Elle se souvient.
De la chaleur d’un fleuve large et vivant.
De la caresse du soleil, de la douceur du vent.
Des temples pleins d’encens et de joie.
Du peuple qui levait les yeux vers elle — non par peur, mais par foi.
Elle était leur muraille. Leur feu.
Leur dernier recours face aux ténèbres.
On l’appelait quand tout vacillait.
Elle surgissait. Et rien ne survivait.
Puis vinrent le silence. Le doute. Les regards voilés.
« On peut se débrouiller sans toi.
Tu es devenue trop puissante.
Laisse-nous faire. »
Hatchepsout, la dernière reine à comprendre.
À vouloir protéger. Retarder l’inévitable.
Mais elle est morte. Et la peur a repris sa place sur le trône.
Alors ils l’ont scellé.
Gelée.
Enfermée.
Pas pour l’oublier.
Pour ne plus avoir à se tourner vers elle.
Elle n’a pas dormi.
Elle s’est contenue.
Depuis des millénaires, elle brûle sous l’or et la pierre.
Elle pleure sans larmes, hurle sans voix.
Souvenirs et songes éveillés s'entre-mêlent,
des rêves sans paix.
Elle ne revient pas pour être adorée.
Elle revient pour qu’on se souvienne qui elle est.
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