Chapitre V – Là où saigne la chair
Le seigneur de calcaire importun s’avance dans le sanctuaire.
Autour de lui, les toxines s’épanchent en volutes nauséabondes et cadavériques.
Il ne parle pas. Il transperce.
La lame d’os s’enfonce dans la chair du dernier prêtre de Nekhara Prime.
Le sang jaillit, vif, sacré, et éclabousse le sarcophage.
Comme guidé par une mémoire ancienne,
le liquide s’insinue dans les encoches du couvercle,
circule à travers les rainures,
remonte en lignes géométriques jusqu’au sommet du caisson.
Setsh s'écroule sur le sarcophage.
Son souffle tremble et ses lèvres effleurent le masque d'or.
« J’ai tenu… Par foi en toi. Par amour. »
Le métal vivant de l’envahisseur frémit à nouveau, prêt à frapper.
Mais il est déjà trop tard.
Les glyphes oubliés s’embrasent, un à un.
Le sol vibre comme une peau de tambour battue par l’attente.
Les cocons canopes éclatent à l’unisson, dans un craquement d’outre-tombe.
Le dernier anneau de stase cède d'un claquement sec, irrévocable.
Les câbles cryogéniques explosent dans une gerbe de lumière.
Le sarcophage expire un souffle brûlant d’or terni et de poussière.
Un parfum de santal pur —
effaçant celui, putride, du profanateur.
À l’intérieur,
une inspiration.
Puis un battement.
Lourd. Profond. Inéluctable.
Une silhouette floue se redresse.
Ses contours brûlent dans l’obscurité.
Le masque d’or se fissure.
Les câbles corrodés se détachent.
Lentement, une paupière s’ouvre. Absolue.
Deux yeux d’or, incandescents, s’ouvrent sur le monde.
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