1.4

2 minutes de lecture

Le parcours dans la jungle du jardin est toute une histoire, mais Raymond connaît le secteur depuis sa plus tendre enfance. Il mène donc sa troupe à la victoire.  C'est-à-dire au sommet du perron de marbre. Il cherche ses clés, se perdant en jurons parce qu'il n'est pas fichu de se rappeler de la planque. Fatalement, René commence à marquer son mécontentement par quelques commentaires acides. Faut dire que celui-ci ne brille pas par sa patience. C'est donc à Conardus, qui attendait sagement sans rien dire, de faire appel à ses compétences pour ouvrir la baraque.

Celui-ci pianote sur le clavier lumineux accroché à son avant-bras, et une fraction de seconde plus tard, la porte grince et s'entrouvre. Un méchant fumet de poubelles oubliées envahit les narines des arrivants, mais ça ne semble pas les choquer outre-mesure. Ils entrent.
Quand les lumières inondent le salon, Raymond soupire d'aise : il est enfin chez lui. Peu importe le désordre total, peu importe les moisissures qui constellent les assiettes oubliées quelques semaines auparavant. Il est revenu dans son domaine, son territoire, son fief.
Les deux autres, plutôt soucieux de se poser sur quelque chose de souple et confortable, prennent d'assaut le vieux convertible en ruine qui sommeille près de la cheminée. Les ressorts grincent de surprise mais c'est sans importance : l'essentiel est de se reposer un instant.
Raymond inspecte sa maison, redécouvre avec ravissement ses meubles, les vieux cadres qui trônent sur un antique vaisselier hérité de sa mère. Lui aussi finit par poser son cul dans un fauteuil. Il en râle de plaisir, presque.
A vrai dire, ils auraient pu en profiter pour quelques heures de sommeil, attendre que se lève le soleil, que les oiseaux se chargent de les réveiller, seulement Raymond a une soudaine envie de café. Alors, il se lève d'un bond et fonce dans la cuisine. L'évier déborde de vaisselle, les chaises sont renversées, les placards sont grands ouverts. D'abord surpris, il se souvient...
Les images se mélangent un peu. Etait-ce en raison de sa première rencontre avec Conardus, ou de ses derniers exploits casanovesques avec Agathe ? Il n'est plus très sûr, mais il sourit de malice quand même.
Rapidement, il allume la cuisinière, une vieille machine à charbon, remplit une casserole d'eau et laisse au Temps celui requis pour que les choses se fassent (Hé bé...si vous comprenez celle-là, je vous donne un bon point !)
Son retour à la maison ne serait pas totalement heureux s'il ne prenait pas son premier café dans sa vieille tasse jaune pisse. Inquiet sans savoir pourquoi, il sonde du regard les placards ouverts, se demandant s'il la retrouvera dans ce bordel indescriptible (et que je ne décrirai donc pas)

  • Où est-elle ? se demande-t-il sans la trouver.

L'instant est grave. Sans sa tasse, Raymond est perdu !

  • Au fond du placard de gauche, sur l'étagère du haut, grommelle Conardus, du fond du salon.

Et c'est exact !
Raymond marmonne un merci soulagé puis nettoie d'un revers de manche la table de la cuisine. Tout tombe au sol, bien sûr, mais il s'en tamponne royalement les flancs.
Sa tasse...! Quelques minutes plus tard, les mains serrées autour de celle-ci, il revient se poser dans son fauteuil. La vie peut maintenant reprendre son cours.
Sauf que...

  • Dis-donc, Raymond ? fait soudain René. Tu nous offrirais pas un p'tit gorgeon avant qu'on aille au pieu ?

L'interpellé tourne doucement la tête vers son pote.

  • Mouais...pourquoi pas ?

Et c'est parti...



Annotations

Vous aimez lire Frédéric Leblog ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0