09. L'hospitalité du Châtelain rêveur

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Maxime

La porte de ma chambre s’ouvre alors que je pensais l’avoir fermée. Mais j’ai dû oublier car c’est Miléna qui entre, vêtue d’une petite nuisette noire qui ne cache presque rien. J’essaie de me relever dans mon lit pour lui demander ce qu’elle fait là, mais c’est comme si une force surnaturelle me retenait allongé alors qu’elle s’approche de moi. Ses beaux yeux bleus clairs se posent sur mon corps que je découvre nu, comme si mon pyjama était resté sous la couette qu’elle retire doucement, dévoilant mon érection devant son visage gourmand. Je suis comme tétanisé sur mon lit, surpris de son incursion dans ma chambre et surtout de l’envie que je devine en elle de profiter de ce moment. Toujours silencieuse, ses doigts s’emparent de mon érection et je les sens me caresser et, à chaque mouvement, j’ai l’impression que je deviens plus tendu. J’ai une folle envie de la sentir s’empaler sur moi mais, toujours sous l’effet de la surprise, je ne parviens pas à vebaliser mes pensées. Miléna me regarde et se lèche les lèvres d’une façon si sensuelle que ma verge tressaute entre ses doigts.

Elle sent que je ne vais pas résister longtemps à son traitement et se débarrasse de sa nuisette avant de se positionner juste au dessus de ma tête, ses genoux de chaque côté de moi. Je parviens enfin à lever les bras mais au moment où ma langue s’insère entre ses lèvres intimes et que mes doigts se posent sur la douce peau de ses fesses, un coup de tonnerre retentit. Un bruit lancinant se fait entendre et j’ai l’impression que le roulement de tambour continue encore et encore. J’ouvre un œil et éteins mon réveil. Fini le roulement de tambour, disparue la jolie naïade qui allait m’inonder de son plaisir… Tout ça n’était qu’un rêve ! Mais pour être sûr, je vais quand même vérifier la porte de ma chambre qui est bien fermée à clef et je vais me recoucher quelques instants.

C’était quoi ce rêve ? Je fantasme vraiment sur notre invitée ? Cette étrangère est-elle vraiment si excitante ? C’est vrai que la vision de ses jambes hier lorsque je lui ai amené son plateau m’a bien plu, que j’ai été distrait par son magnifique regard lors de notre discussion hier au soir… Mais de là à me réveiller tout excité et prêt à jouir pour cette femme que je connais à peine, c’est fou. Non mais, sérieusement, pourquoi est-ce que j’éprouve le besoin de continuer à me caresser ainsi en pensant à elle ? Je crois que ça fait vraiment trop longtemps que je n’ai pas eu de femme dans mon lit, et j’empoigne ma hampe tendue en imaginant la suite de mon rêve. Alors que je sens l’orgasme arriver, je me précipite sous la douche et jouis en imaginant Miléna cambrée en train de gémir sous mes assauts. Le plaisir est intense, même si je reste frustré que ce ne soient que mes doigts et pas le corps de ma voisine d’étage qui recueillent ma semence. Et le pire, c’est que malgré la douche que je prends juste après, je suis toujours aussi excité.

Avant d’aller réveiller les enfants, j’appelle le Père Yves pour l’informer du désir de Miléna de partir du Château.

— Allo ! Bonjour, Père Yves, je ne vous réveille pas ?

— Bonjour Maxime. Non, vous ne me réveillez pas. Un souci ? Que me vaut votre appel ?

— Eh bien, je reviens vers vous pour savoir si vous avez trouvé une solution pour Miléna. Vous vous souvenez que vous m’avez collé dans les pattes une réfugiée arménienne, au moins ? demandé-je, un sourire dans ma voix.

— Bien sûr que je m’en souviens. Elle vous cause déjà des soucis ? Elle avait l’air calme et gentille… Je cherche, mais c’est compliqué, vous imaginez bien.

— Non, elle ne me pose pas de soucis à moi, mais mes enfants ont du mal à accepter sa présence. Et elle l’a ressenti, bien entendu, et donc elle veut partir d’ici ce matin. Je ne serais pas surpris si elle débarquait à l’église dans la matinée pour vous demander de l’héberger à nouveau.

— Oh… Eh bien… Qu’est-ce que vous en pensez, vous ? Si vous ne souhaitez pas la garder, je ne pourrai rien faire pour elle. La pauvre devra aller avec les autres dans un des bidonvilles de la jungle.

— Je vais essayer de lui parler, alors… Mais elle avait l’air décidé à partir, hier soir. Je vous tiens au courant. Bonne journée.

A peine ai-je raccroché que la vision de mon rêve me revient en mémoire et je me fais violence pour la faire sortir de mon cerveau avant d’aller frapper à la porte de la suite de mes enfants. Je réveille d’abord Tom qui a juste besoin que je lui dise bonjour pour être tout de suite actif. Aujourd’hui encore, ses premiers mots me prennent par surprise.

— Est-ce que tu crois que les germes peuvent disparaître si on les pulvérise avec un laser à ultrasons ?

— Je n’en sais strictement rien, Tom. Ce que je sais, c’est qu’il faut te dépêcher de te préparer car c’est moi qui vous amène à l’école aujourd’hui. Et je ne veux pas être en retard, d’accord, Petit Génie ?

— D’accord, Papa. Tu pourras m’acheter un livre sur les germes ? Ou alors, je pourrai aller sur Internet pour regarder si je me prépare suffisamment vite ?

— On va faire ça oui, tu regarderas sur le net. Je vais aller réveiller ta soeur, moi.

Je file dans la petite chambre d’Emilie et je m’assois sur son lit pour la secouer gentiment.

— Allez, Lili, c’est l’heure de te lever. Fini de paresser ! On dirait que tu hibernes, là.

Contrairement à son frère, il lui faut du temps pour émerger et à force de petites poussées, de petits bisous, elle daigne enfin ouvrir légèrement les yeux avant de les refermer immédiatement.

— Allez, debout là dedans ! Je n’ai pas que ça à faire de te réveiller, Princesse !

— C’est nul le matin, Papa… Et t’es le pire réveil au monde, marmonne-t-elle en remontant la couette sur elle, comme tous les matins.

— Le pire ? Mais non, le pire, c’est ça.

Je me penche sur elle et lui fait des chatouilles et des bisous jusqu’à ce qu’elle me repousse en riant.

— Arrête ! Non, arrête, c’est pas drôle, s’esclaffe-t-elle en se recroquevillant au coin du lit. C’est bon, je me lève.

— Allez, dépêche-toi, je suis sûr que ton frère a déjà résolu la moitié des problèmes de la Terre.

Je lui fais un dernier bisou et rejoins mon fils dans la cuisine. Il est effectivement déjà en train de regarder des sites avec des photos assez horribles sur sa tablette. L’idée des germes continue de lui tourner dans la tête. Quand Lili nous rejoint, je profite du moment pour leur parler à tous les deux.

— Eh, les jeunes, il faudrait que vous soyez plus cools avec Miléna, quand même. Au moins, le temps qu’elle est parmi nous. Là, à cause de vous, elle veut repartir tout de suite et risque de se retrouver à la rue, ce n’est pas ce que vous voulez quand même ?

— Elle a pris le fauteuil de Maman cette nuit, Papa, se renfrogne ma fille, l’air contrarié.

— Ta mère, ça fait combien de temps qu’elle n’a plus donné de nouvelles, hein ? Et s’asseoir quelque part n’est pas un crime. On devrait peut-être d’ailleurs changer de place à chaque repas, non ?

— Ah non ! s’écrie Tom en me fusillant du regard. Certainement pas ! Tu vois, je te l’avais dit que ce serait le bazar avec elle !

— Je savais que ça allait te faire réagir, ça, c’était une blague. Franchement, si on lui donne quelques règles, ça devrait le faire, non ? Si vous étiez à sa place, vous feriez quoi ? Vous iriez dormir dehors, dans le froid et sous la pluie ?

— Ben non, mais je ferais pas n’importe quoi chez les gens qui me laissent dormir chez eux, marmonne Emilie en touillant ses céréales.

Mes enfants sont vraiment durs avec les étrangers et les invités, je trouve. Peut-être que je les ai mal habitués avec tout ce temps passé sans recevoir personne ici au Château. Ou peut-être qu’ils ont les gênes de leur mère et qu’il va falloir que je fasse un effort de ce côté là pour les rendre un peu plus empathiques.

— Et si on met les règles de manière claire, ça vous dirait de faire un effort avec elle ?

— Pourquoi tu veux pas qu’elle reparte, Papa ? me demande Tom. On n’est pas bien, tous les trois ? Si Maman elle rentre, elle ne va pas aimer voir une autre femme à la maison.

— Parce que je pense qu’aider les autres, c’est aussi important que de travailler et que ça fait partie de la vie. Si on ne vit que pour soi, on n’est plus tout à fait humain. Tu sais que c’est ça qui nous sépare de beaucoup d’animaux ? Seuls les plus intelligents sont capables de s’occuper de leurs congénères qui ont des soucis. Tu devrais réfléchir à ça. Et pour ta mère, je crois qu’après tout ce temps, il y a de grandes chances pour qu’on ne la revoie jamais. Il va falloir vous y habituer, tous les deux.

— Dis pas ça, Papa, tu n’en sais rien, soupire Lili en se levant. J’ai plus faim, je vais me préparer. Et si Miléna veut rester, qu’elle laisse le fauteuil de Maman, c’est tout.

— Oui, c’est ça, allez vous préparer. On part dans quinze minutes maximum. Et lavez-vous les dents !

— Et pas mon tabouret, ni ma chaise non plus. Ou mes affaires, ajoute Tom en se levant lui aussi. Sinon, elle est gentille, je crois, Miléna. Non ?

— Oui, je crois qu’elle l’est. Mais on ne le saura peut-être jamais si elle repart tout de suite.

Quand on parle du loup, justement, là voilà qui descend, son sac à la main. Je la regarde et essaie de rester sobre, sans montrer ma tristesse de la voir ainsi nous quitter.

— Bonjour Miléna. Vous êtes vraiment décidée à partir ? C’est dommage, j’en parlais aux enfants, justement. Et si vous faites attention à leurs petites manies, ils seraient ravis que vous restiez.

Je sais que j’enjolive un peu la réalité, mais je n’ai vraiment aucune envie que cette pauvre femme se retrouve à la rue. Et tant pis pour les images que j’ai en tête alors qu’elle m’adresse le même sourire qu’elle avait dans mon rêve.

— Bonjour à vous trois. Vous êtes un vilain menteur, Maxime, ou… Comment on dit quand on en rajoute ? Bref, je ne veux pas déranger, c’est gentil de vouloir continuer à m’accueillir chez vous, mais je vous l’ai dit hier soir, je ne veux pas que vos enfants soient malheureux à cause de moi.

— J’ai appelé le prêtre et il dit qu’il n’y a pas de solution pour vous. Si vous partez, vous allez vous retrouver à la rue, et je ne veux pas que cela arrive. Vous êtes peut-être courageuse, mais ici, au moins, vous êtes au chaud. Et… ça me fait du bien d’avoir de la compagnie aussi, vous savez. Si vous ne restez pas pour vous, faites-le pour moi, peut-être.

Je ne sais pas d’où sort cette idée, si c’est le rêve qui me perturbe encore un peu, mais en tous cas, je l’ai dit et elle lève les sourcils en me regardant, perplexe.

— Vous avez appelé le père Yves pour vous plaindre de moi ? me demande-t-elle finalement en me faisant un clin d’œil. Vous êtes vraiment sûr que je peux rester ? Je vous assure que si vous préférez que je parte, je le ferai et je ne vous en voudrai même pas.

— Mais non, voyons, je l’ai appelé pour essayer de vous trouver une solution, mais il n’a rien à vous proposer. Restez donc ici encore quelques jours, le temps que l’on vous trouve un hébergement. Il y a de la place ici, le Château est grand. Au pire, vous nous évitez si vous nous trouvez insupportables, mais restez. S’il vous plaît, plaidé-je, en espérant la convaincre.

— Je… D’accord, je vous remercie. J’espère ne pas rester ici trop longtemps, quand même. Bien que ce soit très beau et très confortable, sourit-elle. Et je vous assure que vous ne semblez pas si insupportables que ça.

— Bien, je vous invite à ranger votre sac dans votre chambre alors et à prendre un bon petit déjeuner pendant que je dépose les enfants à l’école. Je n’ai pas trouvé de nounou pour eux, ce soir, je serai donc de retour avec eux pas trop tard après l’école. J’espère que nous pourrons passer un peu de temps ensemble et voir comment on pourrait vous aider à trouver une solution d’hébergement.

— Je vais faire ça, oui. Encore merci, et bonne journée à vous.

Je la suis des yeux alors qu’elle remonte lentement l’escalier. Je n’ai pas réussi à percer ce que son attitude et son regard cachaient. Je me demande si je ne me suis pas montré trop insistant pour qu’elle reste et si elle ne va pas mal interpréter mes propos. J’espère qu’elle ne va pas avoir peur et s’enfuir pendant que je serai au travail. Je m’interroge aussi sur l’attitude de mes enfants et je ne sais pas si je fais bien de leur imposer cette présence qui, visiblement, les dérange plus que je ne l’aurais cru. Il n’y a qu’une chose dont je suis sûr alors que je démarre ma voiture, c’est qu’elle a un joli petit cul. C’est déjà ça, non ?

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