17. Les doutes de l'attraction

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Maxime

— Tom, tu peux aller ouvrir la porte ? C'est Mamie qui arrive pour le dîner, sûrement. Merci, bonhomme !

Je suis en train de finir de préparer les crêpes aux côtés de Miléna qui a déjà commencé la vaisselle. Nous avons fait la pâte ensemble et le moment s'est vite transformé en bataille de farine, le meilleur moyen d'oublier toutes les révélations que nous nous sommes faites plus tôt dans l'après-midi. Je retourne ma crêpe dans la poêle puis la sors et la pose sur la pile déjà conséquente. Avant de lancer la suivante, je m’approche de la jolie brune à mes côtés, passe mon doigt sous l'eau qu'elle utilise pour nettoyer les bols et essuie la trace de farine sur sa joue.

— Voilà, c'est plus présentable. Par contre, pour la trace de ma main sur tes fesses, je ne peux rien y faire. Il va peut-être falloir songer à tout enlever.

Je sais que je joue avec le feu, que je peine à résister à la tentation mais je ne parviens pas à faire autrement. La jolie Arménienne m'attire et j'ai envie de profiter de sa présence le temps qu'elle est avec nous.

— Lave-toi les mains la prochaine fois, ça évitera les traces, rit-elle en me donnant un coup de hanche pour m’éloigner de l’évier.

— Ça veut dire que si elles sont propres, je peux recommencer ?

Je lui souris et lui montre mes mains toutes propres, mon regard tourné vers son joli fessier.

— Ça veut dire… Que c’est plutôt agréable. Même si c’est clairement une bêtise. Évite juste de laisser des preuves de tes bêtises, me dit-elle en jetant un œil à sa fesse. Tu as encore de la farine dans les cheveux, tu sais…

J'imagine bien, vu comment elle s'est jetée sur moi pour se défendre de mon attaque à la farine. Alors que je vais répondre, je croise le regard réprobateur de ma mère à l'entrée de la cuisine et me fige instantanément avec le même sentiment que j'avais quand, petit garçon, je me faisais disputer.

— Oh, bonjour Maman. Tu tombes bien, j'ai presque fini de faire les crêpes !

— Bonjour à vous deux… Les enfants m’ont dit que vous prépariez le repas, oui. Besoin d’aide ? Pour le ménage, peut-être ? dit-elle en m’observant.

— Non, tout va bien. On gère comme des pros, tous les deux. Juste un petit accident avec la farine, mais tu sais comme je peux être maladroit parfois.

— Oui, j’en ai souvenir, sourit-elle tendrement. Ma vaisselle en a souvent pâti, d’ailleurs. Je pensais que tu gérais, maintenant, mais vu ce que je vois, il semble qu’il faille que tu restes concentré.

— Promis, je suis très concentré sur ma tâche, indiqué-je en essayant de rester sérieux alors que Miléna capte mon regard sur son postérieur.

— D’ailleurs, peut-être que tu devrais faire les dernières crêpes pour que l’on passe à table, non ? me demande-t-elle en passant sa main mouillée sur sa fesse pour essayer d’enlever la trace. Je vais aller m’entraîner à mettre la table avec Tom.

Je la regarde s'éloigner de moi avant de me remettre à la cuisson des dernières crêpes. Ma mère se rapproche de moi et me regarde de manière insistante sans prononcer une parole.

— Quoi ? J'ai encore de la farine dans les cheveux ?

— Oui, et le regard d’un ado en chaleur, d’ailleurs. A quoi tu joues ?

— Je ne joue à rien, voyons. Je profite un peu de la vie. Il est temps, non ?

— Je ne dis pas le contraire, Maxou. Elle est jolie, elle semble gentille, mais n’oublie pas qu’elle ne vient pas d’ici. Et que ce n’est pas très éthique de profiter de sa faiblesse.

— Je ne profite pas d’elle, Maman. Et justement, c’est peut-être ce dont j’ai besoin, ce petit parfum d’ailleurs pour me sortir de ce triste quotidien. Tu sais qu’elle en a peut-être pour un an de démarches pour être acceptée en France ? C’est fou, non ? En tous cas, je ne suis plus en âge de me faire juger.

— Je m’inquiète juste pour toi, mon Petit. Et si elle ne s’intéressait à toi que pour obtenir des papiers, hein ?

— Elle n’est pas comme ça, ne dis pas de bêtise. Et puis, pour l’instant, il n’y a rien eu entre nous. Le plaisir des yeux, ça n’a jamais fait de mal à personne.

— Elle n’est pas comme ça ? Maxime, tu la connais depuis à peine une semaine, enfin ! Tu ne connais rien de cette femme, fais attention à toi, c’est tout. Je crois qu’avoir le cœur brisé une fois est suffisant, non ?

Elle n’a pas tout à fait tort, en fait, et je préfère me consacrer aux dernières crêpes plutôt que de lui répondre. C’est vrai que je ne connais pas vraiment Miléna, même si j’ai l’impression, après les révélations qu’elle m’a faites, de mieux la cerner. Peut-être qu’elle est en train de me manipuler maintenant qu’elle a réalisé comment ce serait compliqué de rester en France. Peut-être qu’elle pense que je suis super riche vu que j’ai un château et qu’elle en veut à cet argent que j’adorerais avoir ? Elle a quand même été capable de traverser une grande partie de l’Europe et d’échapper à un gang de mafieux, ça montre qu’elle est intelligente et pleine de ressources.

Lorsque ma mère et moi rejoignons la table, je suis agréablement surpris de voir Tom en train de parler librement avec notre invitée. Une fourchette à la main, je crois qu’il est en train de lui raconter l’histoire de cet ustensile et de lui expliquer les raisons du nombre de fourches. De la voir ainsi, naturelle, en train de passer du temps avec mes enfants, j’ai du mal à faire le parallèle avec l’être profiteur que ma mère imagine. Est-il possible que je me trompe autant sur sa personnalité ? Que mes sens et mon instinct soient autant dans l’erreur ? Le repas se passe en tous cas dans une ambiance très chaleureuse. On n’est pas à la chandeleur, mais c’est comme si Miléna avait toujours fait partie de la famille et je doute encore plus de ce qu’a pu me dire ma mère.

— Allez, les enfants, au lit ! Mamie va vous border et éteindre la lumière pendant que Miléna et moi nous rangeons la cuisine et faisons la vaisselle.

— Déjà ? soupire Lili en se levant alors que Tom est déjà debout. C’est nul d’être des enfants.

— Profitez-en, l’enfance, c’est l’innocence et le plaisir avant tout, sourit Miléna. Vous aurez tout le temps de devoir prendre des décisions et d’avoir des responsabilités…

Les deux viennent me faire un bisou que je leur rends avec amour. Lili me surprend en allant se précipiter dans les bras de Miléna pour lui faire aussi un câlin avant de monter rejoindre son frère qui se montre beaucoup moins démonstratif avec l’étrangère qui s’est invitée dans notre vie. Mais même lui n’est pas dans le rejet total comme à son habitude, et c’est vraiment surprenant.

Lorsque ma mère nous quitte, Miléna est en train de finir de frotter la table. Adossé contre le chambranle de la porte, je la regarde faire, pris dans des pensées qui alternent entre le sentiment de vraiment beaucoup l’apprécier et les questions qu’a soulevées ma mère.

— Ça te dit un petit tour autour du château pour profiter de cette belle soirée, avant que le soleil ne se couche ? Tu as assez travaillé pour aujourd’hui et une petite promenade nous fera du bien, non ?

— Si tu veux, oui. Mais tu sais que je dois connaître la cour par cœur ? Comme tu ne m’as rien donné à faire, c’est tout ce que j’ai trouvé pour m’occuper, ces derniers jours.

— Il va falloir que je te fasse visiter la Tour de l’horloge, alors, tu verras, la vue au coucher de soleil y est magnifique. Tu viens ? demandé-je en lui tendant la main alors qu’elle retire son tablier.

— Est-ce que c’est une bonne idée ? soupire-t-elle en glissant malgré tout sa main dans la mienne.

— Mais oui, c’est mon endroit préféré dans le domaine, celui qui est le plus marqué par l’histoire.

Nous sortons de la maison, main dans main, et sommes comme à l’accoutumée accueillis par les caquètements des canards que nous dérangeons et qui s’envolent vers l’eau des douves. La température est vraiment agréable et le soleil est encore haut au-dessus de l’horizon. Nous marchons en silence le long des douves et faisons le tour du bâtiment pour arriver sur le petit pont de bois qui permet de les traverser. Nous nous y arrêtons un instant pour contempler la vue. Miléna est vraiment proche de moi et elle pose ses bras sur les rambardes. J’ai envie de venir me coller derrière elle mais je résiste à la tentation et me contente de l’observer en train d’admirer la tour en pierres qui date du Moyen-âge.

— C’est une tour qui date du treizième siècle, tu sais. Elle a résisté à toutes les épreuves et Louis X, le Hutin, le roi de France, y a séjourné une nuit alors qu’il rendait visite à un de mes ancêtres. Tu veux aller voir où j’ai installé mon repaire ?

— Ton repaire ? Tu veux dire, une petite cachette ou tu viens quand tu as envie de tout lâcher et de partir ? Je te suis, oui…

J’opine en silence. Là, ce dont j’ai envie, ce n’est pas de la lâcher et de partir, mais bien de faire toutes les folies possibles dans le canapé de la petite pièce ronde. C’est fou comme mes pensées ne tournent qu’autour du désir que j’éprouve pour elle. Il faut vraiment que je me retienne, sinon elle va me prendre pour un gros pervers qui ne l’héberge que pour abuser sexuellement d’elle. Et je ne veux pas qu’elle prenne peur et se barre, pour se retrouver à la rue, en danger.

Je la précède dans le petit escalier en colimaçon et pénètre le premier dans mon petit salon privatif. Quand elle entre, elle pousse un petit cri de surprise et s’arrête un instant pour observer la vue offerte par les vitres de tous les côtés. Elle se dirige vers celles qui donnent sur la mer et pose son front contre la vitre pour admirer la vue.

— C’est pas mal, n’est-ce pas ?

Je n’arrive pas à résister à l’envie que j’ai de me coller derrière elle et je le fais en posant mes mains sur ses hanches et ma tête sur son épaule pour regarder aussi le spectacle magnifique offert par le soleil qui joue avec les quelques nuages, dans une sorte de dernier combat avant d’abdiquer pour la soirée et laisser la place à la nuit étoilée.

— C’est magique… Si proche de l’horreur des grillages de Calais et du camp, et pourtant on se croirait au Paradis, murmure-t-elle sans me repousser.

— Cette tour est vraiment magique, en plus. Le roi dont je t’ai parlé, Louis le Hutin, aurait laissé un gros trésor ici que personne n’a jamais trouvé. Le châtelain de l’époque l’aurait caché quelque part, mais on ne sait pas où. Moi, je crois que je vais arrêter les recherches. Je ne pense pas qu’il y ait un autre trésor que ta présence ici et la vue magnifique qui s’offre à nous.

— Tu as encore bu ? rit-elle. Tu dis des choses bizarres, ce soir… Je… Tu ne peux pas penser ce que tu dis, je m’impose chez vous, je vis à tes dépens depuis bientôt une semaine, c’est… Tout sauf un trésor, ça.

Elle se dégage alors de mon étreinte et se dirige sans un autre mot vers l’escalier. Je la regarde s’éloigner, un peu perdu quant à sa réponse. Elle ne m’a pas rejeté, mais me fait clairement comprendre que je me suis peut-être un peu trop emballé en me laissant aller à l’émotion du moment. J’hésite un instant à la retenir, mais les mots de ma mère me reviennent en tête. Si elle joue avec moi, elle le fait très bien et il faudrait que je sois plus vigilant. Mais tout mon corps, tout mon être me laissent penser que ce que je ressens pour elle est partagé. Le soleil se couche à l’horizon et j’essaie de me plonger totalement dans cette vision magnifique pour éviter de continuer à penser à tout ça. Demain arrivera assez tôt, ce soir, c’est le calme et la tranquillité de ce coucher de soleil dont je vais profiter.

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