70. Du Vernis sur le Grand N'importe Quoi

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Miléna

Ce genre de réveil est juste le plus fabuleux possible. Douceur, tendresse, sensualité, amour et sexe. Que demander de plus ? Maxime est collé dans mon dos et sa main est glissée entre mes cuisses, stimulant avec délice chaque point névralgique de mon plaisir tandis que ma main est glissée entre nous pour lui rendre la pareille. L’excitation est déjà bien forte, en témoigne son sexe bandé dans ma main, et la moiteur de mon intimité qui n’est plus à prouver. Nos bouches se cherchent, se trouvent, et tout mon être profite de cet homme formidable aussi habile de ses mots que de ses doigts. L’entendre me murmurer à l’oreille combien je l’excite me fait partir rapidement. Je jouis sans pouvoir retenir mon gémissement presque plaintif, et j’ai à peine le temps de redescendre que je sens son sexe glisser entre mes cuisses. J’adore le sentir se caresser ainsi contre mon intimité, presque autant que j’adore lorsqu’il m’envahit d’une lente poussée. C’est tellement bon de sentir nos corps fusionner de la sorte !

Il commence à bien me connaître, il sait que je peux repartir rapidement dans les étoiles après un orgasme, et ne tarde pas à commencer ses allées et venues au creux de mon corps. C’est à la fois doux et intense, franc et mesuré. Je ne sais pas comment il arrive à me faire ressentir autant de choses en me faisant l’amour, mais ces moments sont toujours aussi puissants et me rappellent combien notre entente est forte, et pas seulement au niveau sexualité. Mais pour le moment, c’est tout ce qui importe : lui en moi et notre besoin viscéral de jouir ensemble. J’adore quand il enserre mon sein dans sa main en accélérant la cadence, comme je plane en l’entendant pousser ce petit son entre le gémissement et le grognement. Il est proche de la délivrance qui ne tarde plus. Tout mon corps est déjà en train de connaître son second orgasme matinal lorsque je le sens se déverser en moi. Y a-t-il plus agréable sensation que celle d’être comblée par l’homme qu’on aime de bon matin ? Je chercherais bien, mais mon cerveau est totalement embrumé. Malheureusement pour moi, je redescends vite sur terre lorsqu’on frappe bruyamment à la porte.

— Maxou ? Tu es réveillé ? Il est tard, tu vas être en retard au travail. Maxou !

Nous n’avons pas le temps de nous couvrir que la porte s’ouvre sur une Florence dont le visage perd toute couleur en nous voyant ainsi enlacés, totalement nus, le souffle court. C’est méchant, mais je rêverais d’avoir un appareil photo pour immortaliser sa tête, là, alors que son mari tire rapidement le drap sur nous. Malheureusement, je crois que le moment de tendresse est fini, je le sens tout tendu derrière moi et je ne parle plus du tout de son sexe encore niché en moi.

— Tu ne vois pas que tu déranges, Florence ? Qui t’a permis d’entrer dans ma chambre sans autorisation ? Et ne m’appelle plus Maxou, s’il te plaît. Pour toi, c’est Maxime et c’est tout.

— Je… Heu… Désolée, bafouille-t-elle en sortant, claquant la porte derrière elle.

Elle me ferait presque de la peine. C’est comme si elle venait de réaliser que ça ne servait à rien de s’acharner.

— Elle n’a pas tort, tu traînes au lit et il est tard, c’est fou ça, ris-je en nous désengageant pour l’enlacer.

— Je suis sûr que si on se débrouille bien, je peux encore passer cinq minutes à t’embrasser et à te caresser, ma Chérie.

— Je ne dis pas non, mais ce ne serait pas très sérieux quand même, dis-je alors que je sens déjà sa main parcourir mon dos.

— Mais tu sais que toi et moi, c’est du sérieux ? Et il n’y a rien de plus sérieux qu’un baiser avec la personne qu’on aime.

Ses lèvres s’emparent à nouveau des miennes avec une passion qui me fait fondre et qui me transporte. Cet homme est une vraie chaudière, un vrai volcan, un vrai nounours aussi, qui réclame ses câlins à chaque étreinte, m’attachant à lui chaque jour davantage.

— J’adore ces baisers sérieux. Vraiment beaucoup, tu sais ? Je crois que je ne pourrais plus m’en passer.

— Eh bien, ça tombe bien, je ne veux plus jamais m’en passer non plus, répond-il en se levant, me laissant apprécier la vision de son corps nu et séduisant à souhait.

Je l’observe déambuler dans sa chambre pour préparer ses affaires, et me lève lorsqu’il passe dans la salle de bain. J’enfile mon short et mon tee-shirt de nuit et souris en voyant la porte ouverte et mon châtelain en train de lisser sa barbe devant le miroir.

— Ça va, tu te plais ? lui demandé-je en me calant contre le bâti.

— Je suis le plus beau des châtelains, non ? Tu ne trouves pas ?

— Pour être tout à fait honnête, tu es le premier que je rencontre, mais… Tu es très beau, alors je n’en doute pas, oui, ris-je. Je te laisse te préparer alors, je vais m’occuper du petit déjeuner, je doute que ta femme soit très motivée à nous inclure dans les préparations, ce matin.

— Fais attention à ce qu’elle ne vienne pas passer sa jalousie sur toi, hein ?

— Je commence à avoir l’habitude.

C’est vrai, on ne peut pas dire qu’elle et moi nous entendions à merveille. Même la cordialité est en option entre nous. Elle me reproche de lui avoir volé son mari, incapable de se remettre en question. C’est quand même dingue qu’après trois années loin d’ici par sa faute, elle me colle sur le dos la procédure de divorce que Max a entamée.

— Oh, au fait, continué-je, c’est Maxime pour tout le monde ou je peux continuer à t’appeler Max ? J’ai un traitement de faveur ou je dois me contenter de Monsieur le châtelain ?

— Toi, tu peux tout te permettre, surtout quand tu me souris avec un sourire qui te rend aussi belle et désirable que ça, ma jolie Étrangère !

Je pouffe, satisfaite, et vais l’embrasser rapidement avant de descendre à la cuisine. Les enfants sont déjà habillés, Florence a dû gérer la préparation pour le centre aéré. On ne peut pas lui enlever le fait qu’elle essaie de reprendre sa place de mère, au moins. Cependant, Lili a l’air de bouder et réagit à peine lorsque je pose mes lèvres sur son front.

— Ça va, les enfants ?

— J’ai pas envie d’aller au centre aujourd’hui, bougonne la jolie mini-châtelaine. Papa a dit hier qu’il était d’accord pour que je reste ici si Maman et toi êtes d’accord, mais elle veut pas.

Je jette un œil à Florence qui boit son thé silencieusement en bout de table sans vraiment se préoccuper de l’envie de sa fille. Je n’ai aucun pouvoir de décision là-dessus, mais il me semble que Maxime a déjà dit que les enfants pouvaient rester ici s’ils le souhaitaient, puisqu’il y avait du monde au château, qu’il n’y avait pas d’obligation à aller au centre aéré.

— Pourquoi tu ne veux pas y aller ? Les activités aujourd’hui ne t’intéressent pas ? lui demandé-je alors que Max arrive dans la cuisine.

— Parce que l’on va passer la matinée à courir et que ça ne m’intéresse pas. Et puis, cet après-midi, ils vont préparer un carnaval, et franchement, je n’ai plus l’âge de me déguiser. Si je peux rester ici, au moins, je pourrai lire et profiter du parc du Château.

— C’est sympa de se déguiser, souris-je. Y a pas d’âge pour ça, mais je comprends que tu n’en aies pas envie.

— Si tu n’en as pas envie, n’y va pas, ma Puce. Maman et Miléna sont à la maison, de toute façon. Le centre aéré, c’est bien si ça vous plaît. Si ça ne vous intéresse pas, vous pouvez rester ici.

— Maman m’a dit que je devais y aller, qu’on faisait pas toujours ce qu’on voulait dans la vie, bougonne-t-elle.

— Ah, je vois. Et cette décision est ferme et définitive, Florence ? lui demande-t-il en s’installant entre ses deux enfants pour prendre son café.

— Si elle reste, je te préviens, je ne m’en occupe pas. On ne paie pas le centre aéré pour rien quand même, persifle-t-elle, visiblement toujours fâchée de nous avoir trouvés en train de nous aimer au vu du ton qu’elle emploie et du regard qu’elle nous lance.

Elle est quand même culottée, c’est fou. Quand est-ce qu’elle va remarquer que son comportement est totalement déconnant ?

— Eh bien, elle est grande et peut s’occuper d’elle toute seule, soupiré-je. Et si tu as besoin, tu sais que tu peux compter sur moi, Lili. On pourra se préparer un bon petit repas toutes les deux pour ce midi, et faire bronzette en lisant un livre au soleil. Le programme me tente bien, moi. A moins que tu ne veuilles faire de la peinture là-haut.

— Ah oui ? Donc, je peux rester ? Papa, tu me laisses rester avec Miléna ? lui demande-t-elle, les yeux brillants.

Il jette un œil à celle qui est toujours techniquement son épouse qui se contente d’un haussement d’épaules méprisant, puis vers moi qui lui souris.

— Oui, on fait comme ça. Mais tu as entendu ta mère, hein ? Il ne faut pas la déranger car elle va être très occupée à ne rien faire ! l’attaque-t-il, l’air de rien.

Elle ne lui répond même pas et ne le contredit pas, c’est dingue. En tous cas, si la température était bien élevée là-haut, elle s’est brusquement rafraîchie ici. Et le petit déjeuner se passe dans une ambiance plutôt pesante. Je n’ai même pas pensé à allumer la radio alors que c’était un jour de musique.

Quand Max part travailler, emmenant avec lui Tom qui va au centre, Florence a déjà disparu du paysage et Lili et moi nous retrouvons toutes les deux à faire la vaisselle. Cette fois, j’allume la musique, histoire de détendre l’atmosphère. L’adolescente n’est pas très bavarde, mais elle se détend petit à petit et nous finissons par chantonner toutes les deux.

— Tu veux aller lire après la vaisselle ? Ou on peut se préparer un gâteau pour le dessert et le goûter. Sinon… J’ai vu que tu avais quelques vernis à ongles, ça te dit une petite séance de manucure ?

— Ah oui ! Papa ne fait jamais ça avec moi ! Il pense que ça se met uniquement quand il y a un mariage ou une communion.

— Ah oui ? ris-je. Eh bien, on va lui montrer qu’on peut aussi faire ça à d’autres moments. Ça fait longtemps que je n’en ai pas mis, moi, ça me manque de me faire jolie. Tu vas les chercher ?

— J’y vais tout de suite ! On fait ça où ? Je… Je ne voudrais pas que Maman vienne nous déranger.

— Eh bien, on fait ça dans ma chambre alors. Je finis d’essuyer la vaisselle et j’arrive, d’accord ?

— Dépêche-toi, la vaisselle séchera bien toute seule de toute façon ! crie-t-elle alors qu’elle est déjà sortie dans le couloir..

Je souris en la voyant si enthousiaste, sans pouvoir m’empêcher d’être triste de l’entendre prononcer de tels mots. Une maman qui dérange… Peut-être que c’est normal, pour une ado, mais la situation n’est pas ordinaire, elle, et ça veut en dire long.

Je ne tarde pas à la rejoindre dans ma chambre, où elle a installé tous ses vernis sur la coiffeuse vide de tout produit de beauté. Elle semble bien concentrée pour choisir sa couleur.

— Tu le mets toute seule ou tu veux que je te le fasse ? lui demandé-je en récupérant la chaise dans le petit bureau pour m’asseoir à côté d’elle.

— Tu me le mets et moi je fais pareil pour toi. Il faut que tu choisisses lequel par contre.

— Ce sera du blanc pour moi, s’il vous plaît, Mademoiselle.

Je dépose mes mains sur le bureau et la vois sourire en attrapant le vernis. Tant pis si elle ne met pas de transparent avant, tant pis si ce n’est pas nickel, le moment est agréable même si elle est plutôt silencieuse. J’essaie de trouver des sujets qui la font partir, et nous papotons de temps à autres, mais Lili, toujours discrète, ne se livre pas beaucoup.

— Donc, tu es sûre que tu veux du rose ? C’est un peu… Cliché, c’est ça qu’on dit, non ? ris-je en ouvrant le petit pot.

— Oui, du rose, c’est trop joli. Et le mot, c’est bien cliché, mais on s’en fout, si ça me plaît, non ?

— Tu as bien raison, mais je suis contente que ce soit du rose pâle, quand même, gloussé-je en m’appliquant. Alors, maintenant que tu n’as plus besoin d’être concentrée pour ne pas me peindre les poignets, tu vas me dire ce qui ne va pas ?

— Pourquoi tu dis qu’il y a un truc qui ne va pas ? Je… C’est si visible que ça ?

— Je commence à bien te connaître, Lili. Je ne veux pas t’obliger à me parler, mais si tu as besoin, tu sais que tu peux compter sur moi, hein ?

— Tu dis rien à Papa, ça reste entre nous ? me demande-t-elle avec une envie si visible de me parler que j’en souris pour lui donner confiance.

— Je te promets de ne rien lui dire, sauf si c’est vraiment très grave et que je pense qu’il vaut mieux pour toi qu’il le sache. Ça te va ? lui demandé-je en espérant qu’elle se confie malgré tout.

— Non, ce n’est pas très grave, mais il est déjà en colère contre maman. S’il sait que je n’ai plus envie de la voir, il va encore être plus énervé. Tu sais que j’ai l’impression qu’elle est comme la belle-mère dans Cendrillon ? Tu connais, ça existe en Arménie ?

— Je crois que les Disney sont connus dans le monde entier, non ? Enfin, je connais, oui. Et… Je peux comprendre que tu penses ça. C’est compliqué, tout ça. Ta maman revient après être partie longtemps, vous avez vos habitudes et elle bouleverse un peu tout. Tu vois, il n’y a pas que Tom qui a du mal à s’adapter, souris-je, tentant la plaisanterie.

— Lui, on dirait que Maman n’est jamais partie. Et qu’elle ne fait pas juste semblant de s’occuper de nous pour essayer de convaincre Papa de retourner avec elle. Mais Papa s’en fout de ce qu’elle fait pour nous ou pas. Lui n’a pas changé envers nous et maintenant, il est avec toi. En plus, il sourit plus avec toi que quand il vivait avec Maman. Ça, Tom ne s’en souvient pas.
— Crois-moi, ton père ne s’en fiche pas de ce que ta mère fait ou pas pour vous… Enfin, je crois que ça ne change rien sur ce qu’il pense d’elle, mais savoir comment vous vivez tout ceci, ça, ça lui importe. Tom a retrouvé l’un de ses repères, c’est normal qu’il s’accroche, non ? Toi, tu es plus grande, tu as des souvenirs, et tu es plus capable que lui de voir certaines choses. Mais… Peu importe si c’est compliqué avec elle, je peux t’assurer qu’elle vous aime. Peut-être qu’elle n’arrive pas à vous le montrer comme il faut, cependant, ça se voit.

— Elle nous aime pas, on la dérange. Moi, tout ce que je veux, c’est qu’elle disparaisse à nouveau. Et qu’on redevienne comme avant. Parce que je la déteste !

Je grimace en l’entendant si vindicative, et me dis qu’elle doit garder tout ça depuis déjà tellement longtemps que ça n’arrange pas les choses. Que répondre à ça, honnêtement ? Qu’est-ce que je peux dire qui puisse la soulager, l’apaiser ? C’est juste impossible…

— Je… Tu as toujours ce que tu avais avant, Lili. Ton père est là, ton frère aussi. Et puis, comme avant, ça veut dire sans Casanova ? Tu sais que Papa a fait des démarches pour divorcer, ça prend du temps tout ça, mais il va tout faire pour que vous restiez ici, même quand ta mère devra partir…

— J’espère bien qu’on restera ici ! s’écrie-t-elle vivement. Mais il faudra quand même qu’on aille chez elle régulièrement… C’est nul, ça… Je préfèrerais rester avec toi, parce que tu me comprends. Tu fais plus la maman que ma maman, c’est du grand n’importe quoi, dit-elle, sonnant beaucoup plus mature que son âge.

— Tu devrais vraiment discuter de tout ça avec ton père, Lili, il saura te rassurer bien mieux que moi. Tu sais, s’il y a bien une chose dont je suis sûre, c’est qu’il ferait tout pour ton frère et toi, et qu’il se battra pour que vous soyez heureux.

— Papa, il doit déjà gérer Maman, ça suffit, je crois. Et maintenant que tu es au courant, c’est déjà plus facile à vivre. Si Maman m’énerve trop, je pourrai venir t’en parler, Miléna ? Cela ne te dérangera pas trop ?

— Bien sûr que tu peux venir m’en parler. De ça ou d’autre chose, n’importe quoi, je t’écouterai et je ferai de mon mieux pour t’aider. Et pour ton père, c’est lui qui doit prendre soin de toi, pas l’inverse. Ne t’inquiète pas pour lui, d’accord ?

— D’accord Miléna ! Regarde comme on est belles ! ajoute-t-elle en mettant ses doigts à côté des miens.

— C’est parfait, souris-je. Maintenant, je te propose un câlin en faisant attention à nos ongles, et puis une petite balade avec Casanova. Ça te va ?

— Oui ! répond-elle en se précipitant dans mes bras.

Je la serre contre moi et espère lui procurer un minimum de réconfort. L’objectif du jour sera donc d’éviter au maximum Florence et de lui changer les idées. Pas facile, tout ça.

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