Le duel

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Le soleil se leva doucement sur le petit village de Shinisekaïyes, répandant sa lumière dorée sur les maisons en rondins de bois, chacune d'entre elles alignée en cercles irréguliers autour de la place centrale. Les toits de chaume brillaient sous la rosée matinale, et les champs qui entouraient le village s'étendaient à perte de vue, leurs sillons soigneusement tracés par les agriculteurs locaux. Au centre de la place, une fontaine en pierre vieillie par le temps murmurait doucement, son eau limpide scintillant sous les premiers rayons du soleil. De petits chemins de terre et de cailloux serpentaient entre les maisons, témoins muets du passage des villageois et des aventuriers de passage.

Dans l'une des maisons de ce village tranquille, un homme nommé Garanos se leva. Ses cheveux noirs, denses comme l'obsidienne, tombaient sur ses épaules, contrastant avec sa peau bronzée par les années passées sous le soleil. Musclé et athlétique, il revêtit une tenue simple, en lin et cuir, avant de sortir de chez lui. Garanos était connu de tous comme le tenancier de la taverne locale, un lieu de rendez-vous pour les habitants et les aventuriers qui traversaient cette contrée isolée.

Il quitta sa maison en bois et se dirigea vers le marché, où les marchands déballaient leurs marchandises sous les premières lueurs du jour. Les étals colorés regorgeaient de produits frais, de tissus, et d'objets divers, créant un tableau vivant et animé. Garanos s'arrêta devant un marchand vêtu de jaune, un homme trapu avec une barbe poivre et sel, qui l'accueillit d'un sourire en coin.

"Alors, comment se portent les affaires ce matin ?" demanda Garanos, sa voix résonnant chaleureusement dans l'air frais du matin.

"Ma foi, plutôt bien," répondit le marchand en jaune en haussant les épaules. "Et toi, Garanos, elle a du succès ta p'tite taverne ?"

"Oui, avec le nombre de nouveaux aventuriers qui passent, tout se passe à merveille," répondit Garanos avec un sourire fier. "Bref, combien tu pourrais me payer pour ça ?"

Il tendit une sorte de manche d'épée rouillée, vestige d'une vieille arme trouvée lors d'une fouille récente. Le marchand, jetant un coup d'œil rapide à l'objet, haussa les sourcils avant de déclarer sèchement : "En visibilité, et là je t'ai vu. Maintenant dégage et arrête de me donner de la merde..."

Un peu amer, Garanos s'éloigna en marmonnant, frustré de n'avoir rien pu tirer de cette vieille relique. Tandis qu'il traversait la place, réfléchissant à ce qu'il pourrait bien faire de cette épée inutile, un son profond et retentissant déchira soudain l'air. Le son d'une corne de guerre.

Le village entier sembla retenir son souffle tandis qu'un bataillon de soldats lourdement armés faisait irruption sur la place. Leurs armures brillaient, éclatantes sous le soleil montant, et leurs pas résonnaient sinistrement sur les pavés de pierre. À leur tête se trouvait un homme impressionnant, grand et imposant, ses cheveux argentés tombant en cascade sur ses épaules. Ses yeux d'un bleu glacial parcouraient la scène avec une froide intensité, et son visage ne laissait transparaître aucune émotion.

S'arrêtant au centre de la place, il dégaina une épée, son acier brillant captant la lumière du soleil naissant. "Habitants de ce village," déclara-t-il d'une voix ferme et autoritaire, qui résonna dans tout le village, "je suis le général Macar de l'Ordre de l'Aigle d'Argent. Nous sommes venus pour prendre possession de ces terres. L'âge d'or touche à sa fin, en témoignent certains signes. Rendez-vous, et aucun mal ne vous sera fait. En échange, vous bénéficierez de la grandeur de notre royaume."

Les villageois, jusque-là figés par la peur, commencèrent à murmurer entre eux, l'angoisse grandissant dans leurs cœurs. Certains envisageaient déjà la fuite, tandis que d'autres cherchaient du regard un soutien, un espoir. Mais avant que la panique ne prenne totalement le dessus, Garanos, les poings serrés, s'avança courageusement vers le général, l'étincelle de la rébellion brillant dans ses yeux.

"Et toi, le golmon aux cheveux argentés !" cria-t-il avec défi. "Je te provoque en duel, un contre un. Si je gagne, tu te casses, d'accord ?"

Un des soldats du bataillon, visiblement plus prudent, se pencha vers Macar pour murmurer quelque chose, mais le général l'interrompit d'un geste brusque de la main. Un sourire imperceptible se dessina sur ses lèvres fines avant qu'il ne réponde : "Très bien, étranger. Mais si je gagne, en plus du village, tu seras obligé de rejoindre mon bataillon. Cela te va-t-il ?"

Garanos, déterminé, acquiesça sans hésiter. Il n'avait pas peur de risquer sa vie pour son village. Tandis que le forgeron du village, terrifié mais respectueux, lui tendait une épée, Garanos sentait son cœur battre à tout rompre. Il savait que ses chances étaient minces face à un guerrier de la stature de Macar, mais il ne pouvait pas rester inactif.

Le silence se fit alors que les deux hommes se mettaient en position, se jaugeant du regard. Les yeux calmes et calculateurs de Macar contrastaient avec le regard ardent et déterminé de Garanos. Ce dernier serra la garde de son épée, prêt à tout donner dans ce combat pour la survie de son village. Il prit une profonde inspiration avant de lancer une charge rapide, son épée décrivant une arc fulgurant vers Macar.

Mais le général bloqua chaque coup avec une aisance déconcertante, son épée tournoyant avec une précision chirurgicale. Garanos attaqua encore et encore, mais chacun de ses coups fut paré ou détourné, jusqu'à ce qu'il soit désarmé d'un geste habile et précis. L'épée de Macar vola de ses mains et atterrit quelques mètres plus loin, tandis que l'épée du général s'arrêta à quelques centimètres de son cou.

"Alors ?" murmura Macar, le regard toujours aussi impénétrable.

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