24. Mais où est Vadim ? — Tristan

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« Cause I'm about to break down, I'm searching for a way out

I'm a liar, I'm a cheater, I'm a non-believer, I'm a popular, popular monster

Parce que je suis sur le point de m’effondrer, à chercher le moyen de m’en sortir

Je suis un menteur, je suis un tricheur, je suis un non-croyant, je suis populaire, un monstre populaire

Falling In Reverse - Popular Monster

Vendredi 18 décembre 2020

Je me suis jeté à corps perdu dans ce projet de fête, une bonne solution pour occuper ma tête. Tant de choses à préparer et à gérer que je n’ai presque plus le temps de penser.

Parfait !

Mon sourire en toc face aux gens. Ceux qui sont contents de me voir. Ceux qui me félicitent, je cherche encore pourquoi. Ceux qui me tapent sur l’épaule, la mine contrite : “Je comprends ce que tu traverses”. Ceux qui m’admirent… S’ils savaient ce qui se cache à l’intérieur… Malgré tout ce noir en moi, je me sens à ma place ici : sous la lumière, dans l’effervescence des préparatifs. Parfois pendant quelques minutes, j’arrive à être fier de ce que je fais.

Depuis la tentative ratée de mercredi, Mei m’évite poliment. Et depuis mon pétage de plombs au bar, Ambre me regarde différemment. Je ne peux pas leur en vouloir. J’ai essayé de croire que rien ne changerait. C’est impossible. Je me demande ce qu’elles se sont dit. Qu’est-ce qu’elles pensent de moi à présent ?

Non, tu ne veux pas savoir.

Même Yiza se comporte bizarrement, il est distant. Le seul sur lequel tout glisse c’est Hicham, imperturbable. Il est toujours souriant, comme moi, sauf que lui ne se force pas.

Je pensais être sorti du trou. Axel, Mei et Ambre ont réussi à me faire croire que tout irait bien, mais je sombre de nouveau. Ils n’y sont pour rien, tout est de ma faute. J’ai l’impression de marcher au bord d’un gouffre dont je ne vois pas le fond. Je devrais peut-être arrêter de lutter et juste me laisser glisser. Ça serait tellement plus simple pour tout le monde.

Pour arranger le tout, la nuit dernière, j’ai de nouveau rêvé de Vadim. J’ai beau essayer, je n’arrive pas à l’oublier. Le pire, c’est que j’ai conscience de l’absurdité de cette obsession. Il n’est pas disponible. Je ne l’ai vu que quelques fois, je ne connais rien de lui, et pourtant, il me hante. Même les pilules magiques de Roman n’arrivent pas à effacer le visage de Vadim de mon esprit.

Est-ce que tu veux vraiment l’oublier ?

Sa présence, même fictive, me fait du bien. Je suis tellement perdu.

***

La soirée s’est super bien passée ! Tout le monde a assuré grave ! J’ai eu un petit coup de stress quand Ambre et son groupe sont passés sur scène, et j’ai surtout été très étonné qu’ils puissent jouer jusqu’au bout ! Les lycéens, les profs, les parents d’élèves m’ont félicité ! Enfin… les parents des autres, car les miens ne sont pas venus. Mais c’est pas grave, c’était fort et c’était beau. J’ai pu apporter de la joie à tout le monde et j’en suis fier ! On a fini de tout ranger et on s’accorde un peu de réconfort ! C’est mérité !

— Yiiiza, viens ! Erika a ramené une super bouteille ! viens goûter !

Elle cache la bouteille dans son dos en riant. J’agite mes bras en direction d’Yiza, mais il me jette un regard noir. Je me lève et le pointe du doigt en gloussant.

— Hey mec, tu crois vraiment me faire peur. T’as oublié avec qui je traine ! T’es trop un petit joueur à côté d’Ambre ! C’est une tueuse en regard noir !

D’ailleurs je me demande où sont Mei et Ambre. Elles me manquent. Yiza me fait un doigt d’honneur et s’éclipse sous les ricanements d’Erika.

— Laisse tomber, il est jaloux comme un pou.

— Jaloux de quoi ?

— T’es vraiment beaucoup plus mignon quand t’es bourré, me dit-elle en m’étudiant.

— Je suis du tout pas bourré !

Elle rit, je fais de même et bascule en arrière sur le gros tapis de gym sur lequel on est affalé. Une main apparait au-dessus de moi, en suivant le bras des yeux, je découvre la tête de Léo.

Lui, je l’aime pas !

— Vous avez l’air de bien vous amuser ici, dit-il la main toujours tendue.

Je m’efforce de me relever seul, même si je dois m’y reprendre à plusieurs reprises.

— Oui ! On s’amuse très très bien ! affirmè-je, et sans toi !

Il ne m’écoute absolument pas, s’assoit à côté d’Erika et prend la précieuse bouteille d’aquavit. Cette fois, je suis debout et je contourne le tapis d’un pas déterminé. Tout tourne autour de moi, ce qui les fait beaucoup rire. Je pose ma main sur l’épaule d’Erika pour maintenir mon équilibre. Je prends une grande respiration, un air sérieux et j’agite mon doigt sur le nez de Léo qui me fixe, hilare.

— J’ai dit : NON !

Il s’arrête aussitôt. À mon tour de rire. Connard ! Une délicieuse sensation se déverse en moi.

Tu as le contrôle, tu peux faire de lui ce que tu veux, tout ce que tu veux.

Léo ne bouge plus, la bouteille à la main, ses yeux ancrés aux miens, même si je tangue un peu.

— Tu redonnes la bouteille à Erika, je t’interdis d’y toucher !

Il s’exécute sous le regard incrédule de son amie.

— Maintenant, tu te mets à genoux pour demander pardon pour ce que tu as fait à Mei ! Jamais tu n’aurais tu n’aurais dû la toucher, tu n’as même pas le droit de la regarder !

Léo est aussi blanc qu’un linge, son petit sourire à la con a bel et bien disparu. Pour mon plus grand plaisir, le voici à mes genoux à me supplier de lui pardonner. J’ai envie de l’écraser comme le cafard qu’il est. Je sursaute en sentant les doigts d’Erika qui caressent mon bras.

— De plus en plus intéressant, souffle-t-elle. Comment tu fais ça ?

Elle aussi, elle peut être à toi, tu peux en faire ce que tu veux. Tous !

Cette petite voix, je la connais si bien.

— MARA ! hurlè-je. Je ne suis pas comme toi ! JAMAIS

Je dois fuir. Malgré l’alcool et la drogue qui coulent dans mon sang, j’arrive à quitter le gymnase. Dans la cour, un petit groupe de fumeurs brave le froid. Il est là, comme à son habitude, il se tient à l’écart. Il me regarde.

Vadim, j’arrive !

J’essaye de courir vers lui, mais mes membres en décident autrement. Je me retrouve allongé sur le sol.

Je devrais peut-être rester là. Il va me voir, il va venir me sauver.

Des bras m’entourent pour me remettre sur pieds. Je ris et cherche ses lèvres.

— Putain Tristan ! Arrête tes conneries !

Je reconnais Yiza, le visage fermé.

— Mais où est Vadim ?

— Qui ça ?

— Va-di-me, tu peux pas le louper, il est beau comme la nuit.

Yiza lève les yeux au ciel.

— Super… Tu veux que j’aille chercher Ambre ? Ou Mei ?

— Non, faut pas les embêter ! Ambre est fâchée. Et Mei, elle veut plus de moi depuis qu’on s’est embrassé…

— Je la comprends… Tu pues vraiment de la gueule. Tu t’es encore mis la tête à l’envers et tu fais n’importe quoi. C’est pour ça que tu branches Erika ?

— Tu as raison, je suis nul…

Je fonds en larmes. Yiza soupire de nouveau et me prend dans ses bras.

— J’aime bien les calins ! Tu veux des bisous ?

Je pose mes lèvres dans son cou.

— Non, arrête ! Pas de bisous ! Et calme-toi, d’accord ?

— Faut que je retrouve Vadim. Il est le seul à pouvoir comprendre un putain de monstre comme moi.

— Merde… Tristan… tu sais que tu fais vraiment chier. Et là, je suis fâché ! J’ai pas envie d’être sympa avec toi !

De nouveau les larmes coulent, Yiza jure, tout en me gardant contre lui.

— T’es gelé, tu vas attraper la mort, on rentre.

— Non, je dois le retrouver ! je sais qu’il est là, il se cache pour me faire une surprise ! Mais je sais pas si j’aime les surprises…

— Ah non, putain ! Te remets pas à chialer.... Bordel…

Il me tend un paquet de mouchoirs, j’en sors trois et me mouche péniblement avant de lui jeter un nouveau regard, désespéré.

— Mais tu l’as vu ?

— Tu fais chier. Ok je vais t’aider. Mais j’ai besoin de savoir un truc : il se passe quoi avec Erika ?

— Rien du tout ! On a juste rigolé et un peu bu.

— Tu promets ?

— Promis ! juré…

— AH non ! Crache pas !! Merde Tristan, t’es dégeu ! Mes chaussures !

— Alors… tu dois m’aider à trouver Vadim ! C’est facile ! Il est beau, ténébreux, asiatique, sexy…

— Tu parles du mec qui s’était pointé à ma soirée avec une bouteille de Cointreau ? Et dont tu matais le cul ?

Je souris tout ému par ce doux souvenir.

— Oui, ça c’est mon Vadim ! Tu l’as vu ?

— Non, pas ce soir. Mais…

— Mais quoi ? Dis-moi !

Il fait une drôle de tête. Je ne sais pas si c’est à cause des chaussures ou s’il sait quelque chose. Je m’écroule à moitié sur lui. Il a l’air énervé contre moi, et je ne sais même pas pourquoi. Il grimace, je vois bien qu’il ne veut pas me répondre. J’attrape son visage entre mes mains et plonge mon regard dans le sien.

J’ai les moyens de le faire parler !

— Tu sais quelque chose !! Dis-moi où est Vadim.

Il ouvre de grands yeux, happé par les miens.

— Je l’ai pas vu aujourd’hui, la dernière fois, c’était à la fête d’Halloween. Et il avait l’air bien occupé avec ta sœur !

***

Ils sont tous là, autour de moi. Le roi de la fête. Ils me veulent et se pressent autour de moi, mais je mène la danse.

— Reculez ! Qu’est ce que vous croyez, je ne suis pas un garçon facile ! Je n’embrasse pas n’importe qui ! Il faut mériter ce baiser, il faut me mériter !

Les cris de protestation s’élèvent. Je ricane. Erika et Hicham se font face, prêts à se battre pour moi. Ils me veulent. Lorsqu’ils se jettent l’un contre l’autre, Mei entre dans la danse. Elle n’a pas renoncé à moi. Mon cœur se remet à battre. Les coups pleuvent, les corps volent, les cris résonnent. La bouche d’Erika s’écrase sur la mienne. Yiza se jette sur nous en criant : “Enfoiré”. Mais Erika l’envoie au sol d’un seul geste de la main.

Je me sens désiré, je me sens grand et puissant ! Ambre est là aussi, pour moi ! Elle me gueule dessus. Je crois qu’elle est un peu fâchée, mais je m’en fous. Je lui souris, un vrai sourire cette fois. Elles sont toujours là pour moi, elles m’aiment encore !

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