VIII- Du début de l'expérience 2/2

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 J'ai suivi les autres jusqu'à la tente et même dedans. Peut-être, eux, savent-ils où ils vont, moi je découvre complétement. Après avoir récupéré une assiette d'un potage immonde en fronçant les sourcils, j'ai continué de suivre la file jusqu'à ce qu'elle se dissipe entre les tables à manger. A ce moment-là alors j'ai commencé à chercher où j'allais manger. A droite comme à gauche il n'y avait que des têtes inconnues. Personne ne parlait, seuls les sons incontournables du repas résonnait dans l'atmosphère. Les visages étaient fermés, les postures désagréables. Tout qui ne m'invitait pas à m'asseoir n'importe où. Mes yeux regardaient à droite et à gauche jusqu'au moment où j'ai aperçu cet ancien camarade de course de retardataires. Il était seul à sa table et il y avait un espace suffisant pour moi en face de lui. Je me suis alors dirigé vers lui.

Il n'a eu aucune réaction à mon arrivée et il n'a fait aucun geste dans ma direction. Je me suis néanmoins installé en sortant un faible "Salut". J'ai observé que certaines têtes autour de nous se sont retournées vers moi. J'ai alors gardé le silence tandis que je commençais à prendre mon pain pour manger le potage. Après quelques bouchées je me suis tenté à entamer une discussion :

"Moi c'est Arn, je viens.

- Chhht ! il me fit frénétiquement. Dans mon incompréhension de la situation, j'ai repris ce que je voulais dire un ton plus bas, croyant que c'était le volume qui dérangeait.

- Je viens d'un petit village pas loin d'ici. Et toi ?

- Je n'ai pas envie de parler maintenant."

Il me répondit aussi violement que la première fois. Cela mis fin à ma tentative. Le "maintenant" me laissa l'espoir qu'une discussion pourrait se faire un jour. Je ne voulais pas rester dans un silence... un silence comme si nous étions dans une situation dramatique.

Là je me suis demandé sérieusement si on l'était. J'ai repensé à ma venue, à Elk et à ses habitants qui semblaient vivre une horreur depuis quelques jours. Peut-être que la personne que j'avais en face de moi faisait partie de ces habitants. Il est venu ici, au camp militaire, pour apprendre à se défendre peut-être ? ou bien il a été forcé ? Un recrutement forcé, cela pourrait expliquer pourquoi mes camarades n'ont pas l'air de vouloir être ici mais subissent et font ce qui est demandé sans broncher. Qu'est-ce que je fais là-dedans moi, du coup ? Certes, j'ai été emmené par le chevalier sous la contrainte mais je n'ai pas l'impression de l'avoir refusé. J'aurai même la sensation que je l'ai souhaité. Ou bien a-t-il été gentil juste pour me faire croire cela ?


 Mais je n'avais pas envie sur l'instant de repartir dans des questionnements sans fin sur ma vie, ma situation et toutes ces choses. J'ai mis fin à ces élucubrations et je me suis recentré sur mon présent. A ce même instant, quelqu'un s'installa à côté de moi. J'ai tourné la tête vers lui et j'ai reconnu son visage, c'était le messager que j'avais vu en arrivant au camp. Il a donné une lettre au chevalier. Il fit un salut de la tête que je rendis.

"Alors ? Cette première journée ? enfin, demi-journée pour toi. Il me questionna avec une voix peu audible au-delà de nous et un sourire à moitié amusé.

- Pas facile... j'ai répondu dans un certain soupire et j'ai enchaîné : vous êtes un... messager ? qu'était-il écrit sur le papier que vous avez donné à... " dans un grand étonnement je me suis rendu compte que je ne connaissais pas le nom du chevalier.

Mon interlocuteur entra alors dans un rire relâché. Il a dû s'entendre dans toute la tente. Mais ce n'était pas ma préoccupation. Pourquoi ce rire ?

"Egal à lui-même le chevalier Rollon. Ce n'est pas la première fois qu'il emmène une nouvelle recrue en l'arrachant à sa famille, en lui changeant sa vie et son avenir sans jamais révéler son nom.

- Vous le faites à sa place, alors à quoi bon ? je me suis reprit très vite avec ce sarcasme cinglant.

- Aah ! De la discussion, ça fait plaisir. Tu es Arn toi, c'est ça ?

- Vous n'avez pas répondu à ma question.

- C'est vrai, c'est une volonté de ma part, je n'ai pas envie de parler de la guerre et des batailles dans lesquelles disparaissent beaucoup de chics types.

- Ce n'est pas pla guerre et la préparation aux batailles qui nous rassemblent ici ?

- Peut-être bien. Tu es bon, toi, mon petit."

Je n'avais plus rien à dire après cela. J'aurai pu avoir une rancœur pour l'expression "mon petit" qui pouvait m'ennuyer. Mais il y avait une part de vérité, j'étais bien jeune et le message, tout comme le Chef et le Sergent, étaient âgés possiblement d'une trentaine d'années. Je dirais alors que j'avais la moitié de leur âge. Cela pouvait excuser cette expression horripilante.


 Mon visage s'assombrissait ainsi à ces réflexions lorsque le message reparla :

" C'est loin d'être fini, c'est une chose certaine. dit-il dans un premier temps. Puis il m'indiqua en changeant complétement de sujet : Ta tente est la première à droite dans l'allée juste en sortant d'ici quand on se dirige vers... heu... le champ de tir.

- Merci"

Mille nouvelles questions m'arrivaient alors avec cette information. Mais je n'avais pas le temps de m'y attarder. Le Chef cria d'un coup.

"La soupe c'est fini ! On remballe le tout et le coucher c'est maintenant ! Exécution !"

Comme un seul homme, tout le monde fit selon les ordres. On se retrouverait tous le lendemain à six heures.

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