XII- De la prise de décision

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 Dans un élan, je décidais de passer la porte et de sortir. Dès que je mis le pieds dehors, un courant d'air m'enveloppa et me rafraichit totalement. Je me sentis un temps dans un nuage, tout à fait bien, tranquille et sans souci. Puis l'air s'en alla, me laissant reprendre la conduite de ma vie présente.

Lorsque j'étais de nouveau moi-même, je me suis rendu compte de ma situation. "Qu'est-ce que je fais maintenant ?" Je me suis tragiquement demandé puisque pour la première fois personne n'était autour de moi pour me dire quoi faire. Mon père préparait ses affaires pour partir, je voyais le Chevalier Rollon aller sur son cheval dans le village puis partir sur la route d'Elk et ma mère avait disparue.

J'ai regardé mon village, le village de Kern. J'ai regardé de loin ses habitants. Des personnes allant et venant que je connaissais à peine. Il y a une minute j'ai dit que je restais pour les défendre contre l'envahisseurs. Il est temps maintenant de me bouger pour ce faire. Et alors que je marchais en direction des maisons, je me suis demandé ce que ferai un Chevalier face au péril qui se présente. Un Chevalier normal, pas le Chevalier Rollon qui est particulier. J'ai alors ressassé toutes les représentations que pouvaient avoir un Chevalier pour moi : il est grand, beau et fort, cela ne m'aide pas présentement ; il défend la veuve et l'orphelin, c'est plus que certain mais il faudrait faire du cas par cas car je ne connais ni veuve ni orphelin personnellement ; il brave tous les dangers pour le Royaume et son Roi, c'est aussi une réalité mais je me suis dit que cela arrivera plus tard. Enfin j'ai entr'aperçu dans mon esprit l'image d'un Chevalier formant des recrues. Un Chevalier mener ses troupes face à une armée ennemie. Un Chevalier guidant le peuple entier vers la lumière.

Et cela a fait un choc dans ma tête. Je reviens d'une grande semaine d'entrainement intensif à l'art de la guerre. Un Sergent et un Capitaine avaient formés vingt enfants. Si chacun de ses vingt enfants formaient vingt personnes à leur tour, cela donnerait... hmm... le début d'une grande armée ! Je me suis ainsi décidé d'aller au village et d'entrainer les meilleurs hommes pendant les deux jours que nous avons. J'empruntais ainsi la direction du moulin au centre du village.


 J'ai retrouvé là-bas une activité qui me paraissait normal, certains paysans s’attelaient à mettre des sacs de blés dans l'entrepôt, d'autres portaient des caisses et comme midi approchait, je voyais des femmes suivis d’un ou deux enfants porter des provisions vers chez eux.

En vérité ces scènes communes m'ont rendu perplexe. J'allais mettre le chaos dans un ordre réglés. Même s'il était obligé parce que la menace avançait inexorablement, comment m'y prendre, par où commencer ? Est-ce que juste m'avancer vers un homme et lui dire "Je suis apprenti Chevalier, je suis ici pour te former à la guerre" suffira ? Après tout, c'est à tenter, je verrai bien ce qu'il se passe. Ainsi je m'avance vers l'un des paysans devant le moulin et je lui demande :

"Connais-tu vingt personnes du village, braves et fortes, que je formerai à la guerre ?

- Pourquoi c'la ? Me répondit-il bien trop rapidement, il n'était pas étonné par ma question.

- Parce que la guerre approche. Je suis apprenti Chevalier, je montre les galons sur mon épaule, et je voudrai former une défense contre l'envahisseur.

- Aaah ! T'es le p'tit apprenti de Rollon ! T'ombes à pic mon gaillard ! Y r'viennent. Dit-il en regardant au-dessus de moi. Alors je me retourne et je vois arriver vingt personnes qui se dirigent vers nous.

- Qui sont-.

- Tes recrues. L'Sir est passé avant toi et demander la chose. C'gars-là sont retournés chez eux pour prendre leurs affaires et les r'voilà."

Rollon avait tout préparer pour moi. Mais il me laissait à la charge vingt paysans des plus incommodes à priori. Deux d'entre eux faisaient deux fois ma taille, certains n'avaient pas le regard amical du tout et pour le reste je ne savais pas quoi penser. Je me retourne vers mon premier interlocuteur pour lui demander une dernière chose :

"Vous n'en faites pas partie ?

- Non, je range les affaires dans le bâtiment et demain après le midi j'mène ma famille à la ville, on quitte le village tant qu'y'a la guerre.

- Demain... d'accord."


 Je le salut et le quitte après cela. Je m'avance vers les volontaires et je me présente en parlant fort.

"Je m'appelle Arn ! Je vais vous former à la guerre ! Si vous voulez bien prendre une arme. Vous avez apporté quelque chose pour ça ? un bâton, une fourche, quelque ch.

- C'est qui c'ui-là ? Où est Rollon ? On va défendre l'village grâce à ce mecqueton ? me coupa l'un d'eux. Il était suivi d'acquiescement de ses camarades.

- Silence ! Je suis apprenti Chevalier ! J'ai appris l'art des armes au camp militaire de E.

- T'es fin comme une brindille. Les brindilles je les fauches par paquet de trente !" On renchérit sur mes paroles.

J'étais pris de court, je ne savais pas quoi faire. Et en même temps je me suis mis à les comprendre. J'étais un enfant de quinze ans. Face à eux j'étais un gamin fragile. Rien ne permettait de dire que j'étais compétent et que j'avais enduré un entrainement militaire.

Puis je me suis rappelé quelque chose. Le début de toute cette histoire. Raymond et sa bande et comment j'ai sauvé le village. Personne ne l'avait oublié, cela s'était déroulé il y a peu en plus ! J'ai dégainé mon épée et j'ai crié.

"Souvenez-vous de l'épée qui a occis Raymond ! Je l'ai tué pour sauver vos vies. Rappelez-vous !"

S'en est suivi quelques bruits d'admiration et une ou deux excuses timides dans ma direction. J'ai repris après :

"Je suis apprenti Chevalier, j'ai pour obligation de tout faire pour protéger vos vies et votre village. Mais je ne peux le faire seul, j'ai besoin de vous autant que vous avez besoin de moi. J'ai laissé un petit silence après cela et j'en ai profité pour regarder chacun des vingt personnes que j'avais en face de moi. La guerre approche à grands pas. Un combat difficile et décisif se déroulera dans les prochains jours. Vous devez être prêt à donner tout ce que vous avez pour vous, vos familles, votre terre et vos camarades... Je laissais une fois encore un petit silence. Jusqu'à, enfin. Prenez tout l'espace que vous avez entre moi et les premières maisons, mettre vous deux par deux, face à face ! Exécution !"

Ma parole ne souffrait aucune contestation, elle portait toute ma détermination puisque le petit discours que j'avais donné a autant convaincu les paysans qui se remuaient que moi. J'étais confiant.

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